Quand on parle de centre moteur, de centre nerveux, un centre de gravité etc., on parle d’un principe premier autour duquel s’organisent tous les autres éléments d’un système, et sans lequel ce même système n’existerait pas. Il s’agit donc d’un organe principal par rapport auquel les autre fonctions vitales doivent s’enligner, et c’est grâce à cette hiérarchie structurelle qu’une forme unifiée peut apparaître et que l’organisme peut prendre vie. Ainsi en va-t-il de la Nation. Pour être vivante, la Nation doit avoir un cœur.

Voilà comment je comprends le concept de convergence culturelle, qui relève, à mon avis, de la logique la plus élémentaire. C’est le cas de le dire; un atome sans noyau n’existe pas, et il n’y a que les idéologues les plus obtus pour s’imaginer qu’on peut composer un ensemble à partir d’un ramassis de particules disparates considérées comme toutes égales et donc finalement comme autonomes les unes des autres.

Cela étant dit; décider qu’une Nation ne peut se concevoir sans qu’il y ait en son centre, une communauté culturelle déterminée, cela signifie que c’est sur cette entité que le focus doit être mis. Si une «culture de tradition française» doit être placée au centre de la définition du peuple québécois, il va falloir qu’on arrête de parler à mots couvert de l’identité à laquelle elle correspond, d’user de circonlocutions vaseuses (majorité, historique, francophone…) comme pour recouvrir d’un voile pudique la réalité obscène qu’elle représente. Car c’est elle, l’identité fondatrice, canadienne-française, qui devra être mise de l’avant, stimulée, définie, valorisée, développée, célébrée…

Pour l’instant, les Québécois «franco-souchiens» disposent encore d’un gouvernement ainsi que d’une communauté médiatique sur laquelle ils peuvent se projeter, ils ont donc l’impression d’occuper le premier plan de la société dans laquelle ils vivent. Oui ils s’agitent à la surface des choses, cependant, ils ont perdu la clé des ramifications profondes qui sous-tendent leur présence au monde. Ils ne semblent plus en mesure de comprendre que la richesse de la dimension anthropologique à laquelle ils appartiennent ne peut pas être reflétée par le dispositif qu’on veut leur imposer en guise de «culture de convergence» (deux-trois valeurs progressistes, deux-trois déclarations incantatoires). Aucune Nation ne peut prendre substance à partir d’un terreau aussi froid, aussi aride, aussi schématique.

Mais si nos élites, nos autorités, nos docteurs de la loi, décrètent que c’est le comble de l’inconvenance que de favoriser une sphère d’existence en particulier, parce que c’est elle qui incarne l’unité et la continuité de l’Histoire (et donc de l’expérience humaine) sur un territoire, qui, pour cette raison, est le sien…

Eh bien… C’est à la Fin de la Nation, ainsi que celle de la Culture que ces élites en appellent. Si on pouvait juste au moins le reconnaître…