La constitution: une vraie affaire

30d9ad9be3f05784e44d9f9267526bda

« Nous sommes pris dans un pays qui nous est hostile, qui nous traite comme un groupe ethnique parmi d’autres et qui voit dans notre langue un résidu folklorique insignifiant. »

C’est entendu, les Québécois demeureront pour un temps encore dans le Canada.



On peut continuer à se battre pour l’indépendance tout en sachant que la victoire ne viendra pas à court terme. Mais constater l’embourbement actuel ne veut pas dire pour autant que le Canada fonctionne bien d’un point de vue québécois, comme l’oublie trop souvent François Legault.



Québec



Il nous faudra pour cela redécouvrir la question constitutionnelle. Au Québec, on a l’habitude de croire que la constitution est un bout de papier sans importance auquel il ne faudrait plus penser pour se consacrer aux vraies affaires. À tort.



Au Canada anglais, toutefois, la constitution est vue comme un texte sacré qu’on devrait vénérer d’autant qu’on trouve en son cœur la Charte des droits et libertés. On sait son importance.



Une constitution structure les rapports de pouvoir au sein d’un État. Et dans notre cas, elle délimite l’espace dont dispose le Québec pour faire ses propres choix avec son Assemblée nationale. En gros, c’est la constitution qui décide ce que nous avons le droit ou non de faire comme peuple. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est très contraignante. Mais nous nous sommes habitués à ses contraintes et nous ne les voyons plus.



Les Québécois ont beaucoup parlé ces dernières années de laïcité et d’accommodements raisonnables. Mais ce qu’on oublie, c’est que les Québécois peuvent bien dire ce qu’ils veulent et prendre les décisions qu’ils souhaitent, les tribunaux canadiens les invalideront très rapidement, justement au nom de la constitution.



De même, nous croyons que la langue française est bien défendue. En place depuis 1977, la loi 101 nous a sécurisés psychologiquement. Mais on a étrangement oublié qu’elle a été déconstruite morceau par morceau par les tribunaux canadiens, encore une fois au nom de la constitution. Il faudra lui redonner du tonus.



Mais les Québécois ne sont pas libres de décider des politiques nécessaires à leur survie linguistique. Ils doivent se soumettre à des règles extérieures qu’ils n’ont pas décidées.



On le sait, à moins qu’on ne l’ait oublié : le Québec n’a pas signé la constitution canadienne. Elle nous a été imposée de force en 1982. Certains diront : 1982, c’est très loin. Pourquoi se soucier du passé ? La réponse est simple : parce que cette constitution pèse toujours sur nous, et plus les années passent, plus ses effets sont puissants. Elle liquide ce qui reste du vieux Canada des deux nations et radicalise l’application du multiculturalisme.



1982



Longtemps, les nationalistes se disaient : pas besoin de s’en préoccuper, une fois l’indépendance faite, la constitution ne pèsera plus sur nous.



Les temps ont changé.



Nous sommes pris dans un pays qui nous est hostile, qui nous traite comme un groupe ethnique parmi d’autres et qui voit dans notre langue un résidu folklorique insignifiant.



Un jour, nous ferons la souveraineté. D’ici là, nous devrons défier la constitution qui nous étouffe. Mais pour cela, il faut d’abord en reconnaître l’importance. Pour confronter une tutelle, il faut la nommer.