Lorsque la volonté y est tout peut être possible

La communauté des États Latinos américains et des Caraïbes

C'est maintenant chose faite

Tribune libre

CELAC

Il n’y a pas encore si longtemps l’Amérique latine et les Caraïbes étaient une terre de mission pour les Églises et les ONG à vocation « humanitaire ». Ils étaient la bonne conscience des pays développés à l’endroit de ce Tiers Monde retenu dans le sous-développement. Pour les oligarchies et les gouvernements des Etats-Unis, du Canada et de l’Europe, ils étaient l’arrière cour, riche en minerais, en produits agricoles de toute nature, en produits forestiers, en main d’œuvre bon marché. Ce qui était devenu l’enfer de la pauvreté pour des millions de personnes, était, pour les oligarchies nationales et les pays développés du nord, un véritable eldorado.
Tous ces pays, en dépit d’une première indépendance acquise par la force depuis 150 et 175 ans, demeuraient entièrement dominés tant dans la gestion de leurs institutions politiques, judiciaires et économiques que dans le contrôle de leurs richesses. L’injustice d’une pareille situation émergea progressivement dans la conscience de jeunes générations plus instruites et plus solidaires de leurs peuples. D’où les premiers regroupements révolutionnaires et les premières actions de révoltes contre ces gouvernements oligarchiques et ces régimes injustes.
Ce fut le début des soulèvements révolutionnaires qui marquèrent les générations des années 1950 et 1960 : entre autres, le « Front uni » en Colombie, les Tupamaros en Uruguay, le MIR au Chili. Le plus connu de ces soulèvements demeure celui de Cuba, sous la direction de Fidel Castro.
Batista, le dictateur d’alors, faisait régner la terreur sur les pauvres et les travailleurs. Ces derniers étaient mis au service d’oligarchies nationales et internationales qui disposaient, à volonté, des richesses du pays. Pendant ce temps les mafias de Chicago, de New York et de Miami s’en donnaient à coeur joie avec l’industrie du jeu, de la contrebande et de la corruption.
Après des années de luttes, de souffrance mais surtout de beaucoup de courage, les révolutionnaires sous la direction de Fidel Castro eurent raison de Batista et de son régime. En janvier 1959, le dictateur s’exilait à Miami, protégé par les forces de l’Empire. Une ère nouvelle s’ouvrait pour le Peuple cubain, mais cette première victoire était encore loin des objectifs visés. Les adversaires n’allaient pas facilement se résigner à leur défaite. Nous connaissons la suite de tous les obstacles mis en place par les Etats-Unis pour que cette révolution ne puisse jamais donner les résultats escomptés. Les 51 ans de blocus économique parlent par eux-mêmes.
Cette histoire qu’illustre la révolution cubaine se retrouve dans, à peu près tous les pays du Continent. À l’exception de Cuba et des sandinistes du Nicaragua, tous les mouvements révolutionnaires de l’époque ont été durement écrasés par les gouvernements ou les dictateurs en place. Ce fut alors le commencement de l’option démocratique comme voie pour conquérir le pouvoir et en modifier les orientations. Le premier à y parvenir fut Allende avec l’Unité populaire. Là encore nous connaissons son sort. Il fut renversé, en 1973, par un coup d’État militaire télécommandé de Washington. Il en fut de même en Argentine, avec le renversement du gouvernement de Perron, en 1976, par une junte militaire.
Ce ne sera qu’avec l’élection d’Hugo Chavez, au Venezuela, en 1998, qu’une nouvelle ère s’ouvre pour les peuples Latinos américains. À peine arrivé aux commandes du gouvernement, il fait voter une nouvelle constitution qui modifie les règles oligarchiques de la gouvernance et instaure des mécanismes de participation directe du peuple au pouvoir. Par son leadeurship il rayonne dans les instances régionales et fait découvrir une nouvelle manière de faire de la politique. Il sera suivi par l’Équateur qui élira un économiste d’avant-garde, en la personne de Raphael Correa, par le Nicaragua de Daniel Ortega, déjà gagné à la cause révolutionnaire, de la Bolivie avec Évo Morales, du Brésil avec Lula, par l’Argentine avec Kirchner et Cristina Fernandez, par l’Uruguay qui porta au pouvoir un ex évêque, adepte de la théologie de libération, Fernando Lugo, par l’Uruguay avec Jose Mujica , ex révolutionnaire Tupamaros, prisonnier de la dictature de Stroessner pendant plus de 20 ans et maintenant, à 75 ans, président de son pays. Les dernières élections au Pérou ont donné un signal vers ces nouvelles orientations en élisant Ollanta Humala, candidat de la gauche péruvienne. Inutile d’ajouter que dès les tous débuts, Cuba et particulièrement Fidel Castro, ont accompagné ces gouvernements progressistes.
La création du CELAC se présente comme un pas de plus dans cette marche à la conquête de la seconde indépendance, celle des peuples aux commandes de leurs institutions sociales, politiques, économiques et judiciaires. Ce nouvel espace, sans la présence des Etats-Unis et du Canada, permettra de débattre de leurs problèmes internes, d’en chercher les causes profondes et d’apporter, eux-mêmes, des solutions propres à leurs besoins et intérêts. Ces 33 États représentent près de 600 millions de personnes.
HUGO CHAVEZ a fait la démonstration, comme président de cette rencontre de fondation, d’un homme intelligent, ouvert à la diversité des opinions et soucieux de rejoindre le grand rêve de Bolivar, celui de la Grande Patrie, réunissant tous les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Je termine avec ce fait plutôt cocasse et qui en dit long sur cette volonté de faire de la place à toutes les tendance en vue de favoriser l’intégration la plus large possible. La procédure retenue pour l’intervalle entre cette rencontre et la prochaine prévoit que le Président sortant demeure associé au nouveau Président qui aura la responsabilité de la prochaine rencontre ainsi que de celui qui lui succèdera pour l’année suivante.
Cette procédure a pour effet de mettre ensemble, pour la prochaine années, Hugo Chavez, du Venezuela, Sébastian Pinera, du Chili et Raoul Castro, de Cuba. Les deux bêtes noires de Washington se retrouvent à la table de travail avec leur amphitryon préféré.
Un signe des temps qui marque un moment historique pour l’Amérique latine et les Caraïbes et que nos médias officiels semblent bouder. J’espère que ce petit exposé rappellera que cet évènement a vraiment eu lieu et qu’il s’est clôturé sur une note de succès.
Oscar Fortin
Québec, le 2 décembre 2011
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 décembre 2011

    Merci pour ce bel article.Cela fait évoluer
    notre pensée

  • Archives de Vigile Répondre

    4 décembre 2011

    M. Fortin,
    Enfin nous entendons parler de cette important partie du monde que nos scribouillards du Devoir, du Journal de Montréal, de Québec et, évidemment, de La Presse désinformatrice nous ont évidemment tu. Ça n’entrerait pas dans les vues de leurs maîtres à penser. Je parle et baragouine plusieurs langues mais malheureusement pas l’espagnol. Il doit être intéressant de suivre ce qui vient directement de là-bas. Pour ceux qui parlent et surtout comprennent la langue espagnole, ne ratez pas ce lien que M. Fortin a mis pour nous.
    Continuez à nous informer, peut-être les gens d’ici vont-ils réaliser qu’avant de se laisser engloutir par l’empire, il est possible de réagir pour contrer ce cancer, cette pourriture engluante made in USA et son sous fifre la Canada.
    Ivan Parent