Une vision sensationnaliste et individualiste de la corruption

La Commission Charbonneau a-t-elle un plan de match ?

L'enquête semble ménager les libéraux de Charest

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Commission Charbonneau et financement illégal des partis politiques

Il nous semble que la Commission Charbonneau présente un tableau chaotique et anecdotique de la corruption au Québec. Elle délaisse une perspective historique et une analyse stratégique des acteurs sociaux pour adopter une vision synchronique basée sur une série d’histoires individuelles sur la collusion. Ce regard s’attache donc aux individus sans les inscrire dans un système bien rodé. Plus déroutant encore, nous ne retrouvons pas une sorte d’étapisme dans la formulation de la preuve.La Commission et sa vision sensationnaliste et individualiste de la corruption.
Cette approche peut plaire aux médias dont le but immédiat est de faire du sensationnalisme en créant de fausses vedettes mais elle n’aide pas à comprendre ce système qui va au-delà des individus.
Pourquoi avoir fait témoigner d’abord Lino Zambito avant Michel Lalonde, l’un des chefs d’orchestre de ces combines ? Il aurait été plus logique, surtout lorsque l’on veut décrire une toile d’araignée de la corruption de faire témoigner Michel Lalonde et par la suite de convoquer les entrepreneurs en construction, les firmes d’ingénierie, les petits et haut-fonctionnaires et les politiciens (où sont-ils?) pour corroborer les dires de ce personnage central. Il y a la Corruption mais surtout il y a des corruptions qui touchent des régions (Montréal, Rive-Sud, Rive-Nord, etc) et des institutions gouvernementales et privées (Conseil exécutif de la Ville de Montréal, Ministère Québécois des Transports (MQT), Union Montréal, Génius, etc).
Prenons par exemple le cas de Lino Zambito. La Commission passe sous silence un événement tragique qui le concerne directement et en fait un repentant sympathique qui deviendra une vedette médiatique. Zambito a exprimé aucun regret suite à la mort d’un de ses ouvriers sur un chantier d’Infrabec.
En 2006, Infrabec décroche un contrat pour la construction du pont en treillis Sophie-Majeau sous la direction MQT, décret 748-2006. Ce pont va remplacer le vieux pont de Terrebonne sur la route 125, entre Terrebonne et Laval. Le coût initial du projet était de 13,3 millions $. Ce pont est ou ouvrage complexe puisqu’il se fait au-dessus des eaux vives de la rivière l’Assomption. L’inexpérience d’Infrabec dans ce type d’ouvrage est connue par le MQT.
Le 18 mars 2007, un ouvrier d’Infrabec (Frédéric Jean : 33 ans) bascule avec sa pelle et meurt noyé, au moment de retirer le batardeau sur la rive sud. Pourquoi le MTQ, dont les exigences devraient être très élevées, a donné à Infrabec et Lino Zambito le contrat de maître d’œuvre pour un ouvrage difficile au-dessus de l’eau pour lequel il n’avait pas d’expérience ?
En mars 2010, la juge Nathalie Duperron-Roy de la Cour du Québec condamne Infrabec à payer des amendes au montant de 17 000 $ suite à la mort accidentelle de Frédéric Jean. Elle juge que l’accident aurait pu être évité. Elle ajoute que la compagnie Infrabec avait déjà commis 30 infractions à l’encontre de la Loi sur la santé et sécurité au travail entre 1998 et 2007, et que ces écarts sont incompatibles pour une compagnie qui effectue des travaux complexes et d’envergure.
Cette digression a pour objectif de démontrer que la personnalisation de la collusion n’apporte pas beaucoup d’éclairage sur les causes de la collusion. Il faut resituer toutes ces personnes impliquées à l’intérieur d’un système complexe d’organisations intimement liées. Globalement, nous questionnons l’approche de la Commission pour appréhender la corruption dans l’octroi de contrats publics.
Pourquoi la Commission passe-t-elle d’un témoin à l’autre sans prendre le temps de nous donner son plan général ? Il en résulte un sentiment que tout est corrompu, sentiment largement partagé par la population. Or c’est faux. La Commission se doit d’enquêter de façon beaucoup plus systématique car, actuellement, elle ne joue pas un rôle d’éducation des citoyens, qui doit être aussi dans les objectifs qu’elle doit rencontrer. Certes l’enquête doit être au cœur de ses préoccupations mais le message va mieux passer si elle adopte une vision plus rigoureuse.
Nous mentionnerons deux exemples de cette absence de perspective historique et d’audace dans son analyse de la corruption.
Depuis quelques semaines, tout à tour, les grandes compagnies d’ingénierie (BPR, Génius, SNC Lavalin, Dessau, etc.) viennent avouer à la Commission l’utilisation de prête-noms pour financer généreusement le Parti Libéral du Québec (PLQ) et dans une moindre mesure le Parti Québécois (PQ) dans les années 2007 et 2008. Or il s’avère qu’en août 2010, trois compagnies du Groupe Axor ont plaidé coupable d'avoir fait usage, en 2008, de prête-noms afin de faire des dons aux trois principaux partis politiques du Québec. Globalement, le PLQ a reçu 70 % de ces contributions illégales.
La Cour du Québec a imposé des amendes de près de 88 000 $ au groupe Axor. Le Direcreur général des Élections du Québec (DGÉQ) blanchissait aussi toutes les autres employés venant de BPR, SNC Lavalin, et Cima +. À la lumière des révélations de SNC-Lavalin, BPR, etc., il est clair, en 2007 et 2008, qu’un système de prête-noms existait sur une grande échelle sur le plan provincial.
Des questions se posent. Y-a-t-il eu collusion entre les grandes firmes d’ingénierie pour faire porter le chapeau à une plus petite firme (Axor) en lui demandant de plaider coupable à 40 infractions (prête-noms) et d’accepter de payer des amendes d’une valeur de plus de 88 000 $ et par conséquent de régler le contentieux entre le DGÉQ et les autres grandes firmes ? Y-a-t-il eu collusion entre les firmes d’ingénierie pour dédommager la firme Axor pour son geste de plaider coupable à des infractions ? Pourquoi la Commission Charbonneau ne pose-t-elle ces questions alors qu’elle a réussi à faire témoigner plusieurs présidents directeurs généraux dont les affirmations sous serment vont dans le sens d’une utilisation déterminante des prête-noms et qu’elle enquête sur la collusion ?
Un autre exemple de cette incapacité à faire des liens, c’est l’histoire des fausses factures de Dessau et et des factures de Genivar. D’une part, la Commission traite les deux compagnies séparément. Or Genivar et Dessau ont eu des factures de la compagnie Commerce Al-Shark. Dans le cas de Dessau, la Commission mentionne que la firme a fait de fausses factures avec Commerce Al-Shark pour un montant de plus de 880 000 $ entre mai 2005 et avril 2007. Quant à Genivar, en fouillant dans les documents de la Commission, nous constatons que cette firme avait des factures de Commerce Al-Shark d’un montant de 75 000 $ en septembre 2005.
D’autre part, les personnes associées à cette compagnie Commerce Al-Shark, sont Charles Ghorayeb et Jim Crockett, deux militants très actifs au sein du Parti libéral du Canada (PLC) dans la circonscription fédérale de Châteauguay-St-Constant. Charles Ghorayeb a été président de l’association libérale fédérale de la circonscription et s’est même présenté comme candidat du PLC à l’élection de janvier 2006.
Notons ici, que le PLC, en 2006, était encore secoué par le scandale des commandites et le rapport Gomery. Pendant que Paul Martin affirmait que son parti avait fait son examen de conscience et que de telles pratiques n’existaient au sein de son parti, il avait un candidat, Charles Ghorayeb, dont nous apprenons, maintenant qu’il a été mêlé à de fausses factures de Dessau et de factures de Genivar entre 2005 et 2007.
Plus globalement, nous ressentons un malaise lorsque la Commission fait l’analyse du financement des partis municipaux et provinciaux. Il n’y a aucune perspective historique dans son approche. Souvent, la Commission évite de faire des liens entre des éléments qui pourraient nous éclairer. Par exemple, sur le plan provincial, nous savons que le PLQ est le parti qui va profiter le plus du financement par l’utilisation de prête-noms entre 2003 et 2008.
Globalement, par rapport aux autres partis, le PLQ va monopoliser 70 % de ce mode de financement. Pourquoi ne pas divulguer cette évidence ? Pourquoi ménager le PLQ en le situant sur le même plan que les autres partis ? En outre, toujours dans cette veine : pourquoi la firme d’ingénierie Cima + est-elle la seule firme d’ingénierie importante mêlée au financement par les prête-noms à ne pas avoir encore comparu devant la Commission ?
Nous nous rappelons que le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, avait révélé que cette firme avait contribué au PLQ pour une somme de plus de 170 000 $ en 2008 et que le directeur de campagne de Jean Charest en 2007 et 2008, était André Couturier, ingénieur et vice-président exécutif de cette compagnie. Cima + reçoit-elle un traitement de faveur vu ses relations très étroites avec l’ancien premier ministre ? Selon le député Khadir, Cima + avait été la compagnie d’ingénierie la plus généreuse en 2008 pour le PLQ; par conséquent, il donc très étonnant que cette firme n’a pas été appelée à témoigner devant la Commission.
Sur le plan municipal, prenons l’exemple du parti Union Montréal qui est au pouvoir depuis 2001 à Montréal. La Commission n’adopte pas, là aussi, une perspective historique. Or ce parti et son chef, Gérald Tremblay, sont issus du PLQ. Ce dernier a été député et ministre du PLQ entre 1989 et 1996. Union Montréal a été créé en 2001 avec l’objectif de prendre le pouvoir en combattant la vision de l’ancien maire Bourque, une île, une ville. Depuis le tout début, ce parti a été financé principalement par les mêmes souscripteurs qui contribuent au PLQ. La Commission traite du financement d’Union Montréal comme un élément (un silo) coupé du contexte politique général.
De plus, la Commission ne semble pas consciente, avec ses nombreux arrêts, et son défilé, dans le désordre, d’entrepreneurs, de techniciens, de policiers-enquêteurs, d’ingénieurs et de hauts-fonctionnaires qu’elle nous trace le portrait d’un fouillis plutôt que d’un système élaboré, dans le temps et l’espace, pour recueillir la manne gouvernementale. Un témoin, larmes à l’œil vient nous raconter sa participation à cette collusion pour se voir remercier, de façon indécente, par la juge pour sa bonne participation et on passe au suivant. L’autre va tout nier et partir sous le regard courroucé de cette même juge.
En somme, la Commission choisit de juxtaposer des témoignages au lieu de nous donner un portrait systémique de cette corruption. Dans ce type de collusion, les individus sont interchangeables et n’expliquent pas la pérennité d’un tel système. Les personnes ne volent pas dans les airs, elles sont bien attachées à des institutions qui profitent toujours de la cupidité des gens.
Par exemple, la Commission fait mention de Martin D’Aoust, Paolo Catania, Joe Borsellino, Joey Piazza, Nick Androli et Michel Lalonde et nous donne les registres téléphoniques, dans les années 2000, entre Martin D’Aoust, Paolo Catania et Robert Marcil, entre Michel Lalonde et Bernard Trépanier, entre Michel Lalonde et Robert Marcil, entre Michel Lalonde et Joe Borsellino (Garnier), entre Joey Piazza et Nicolo Milioto, entre Rock Andreoli et Robert Marcil etc., sans souligner qu’ils ont été, à part Robert Marcil, Nicilo Milioto et Bernard Trépanier à différents moment des membres importants du conseil d’administration de l’Association Québécoise des Entrepreneurs en Infrastructure (AQEI) surtout entre 2005-2011.
La Commission a interrogé, de façon incisive, certains membres actuels ou antérieurs sans faire ressortir l’influence de l’AQEI dans le domaine des infrastructures et sa volonté de s’y faire une place importance à partir de 2005. Nous allons scruter plus à fond cette organisation d’entrepreneurs et son rôle dans les années 2000.
À partir de son site web et des documents tirés de ses archives, nous tenterons de comprendre sa stratégie d’occuper une place privilégiée dans ce domaine.
En 2013, AQEI compte environ 125 membres, c’est très peu lorsque nous la comparons à l’Association des Constructeurs de routes et de grands travaux du Québec (ACRGTQ), dont la Commission évalue le nombre de ses adhérents à 600. La cotisation annuelle de base exigée par l’ACRGTQ est d’environ 225 $, alors que l’AQEI demande une contribution annuelle d’environ 2 500 $. À première vue, l’AQEI nous apparaît comme un club sélect par rapport à l’ACRGTQ. D’autre part, cette dernière a réclamé d’avoir le rôle de participant, ce que le juge Charbonneau lui a accordé alors que l’AQEI n’a pas fait une telle requête.
Fondée en 1995, cette association portait, au départ, le nom d’Association Québécoise des Entrepreneurs en Égouts et en Aqueducs (AQEEA). François Lalande a été président du conseil d’administration entre 1998 et 2005. Éric Caron (Tremca/Armtec) le remplace entre 2005 et 2007. En 2005, l’association décide d’augmenter son membership. Elle passe alors de 34 membres à plus de 83 en avril 2007. Pour rencontrer son objectif, elle met en place un comité de recrutement composé de Joe Borsellino (Construction Garnier), Paolo Catania (Frank Catania et ass), Jean-Pierre Rivest (Excavations Roc-Sol), René Mergl (Nepcon), Marie-Josée St-Onge (AKT Formation, lié à Joe Borsellino), Rick Andreoli (Canbec Construction), Éric Caron (Tremca/Armtec) Luc Ouimet (Carrière Bernier) et Réjean Duguay (Frégeau B. et fils).
Elle crée aussi une autre catégorie de « membres affiliés » pour que toutes les entreprises d’un membre régulier ou associé puissent devenir membre moyennant le paiement d’une cotisation annuelle de 1 000 $. Toujours en 2005, elle entre dans la Coalition pour l’entretien et la réfection du réseau routier du Québec.
En 2007, elle met comme objectif prioritaire : poursuivre des démarches auprès du MQT pour enlever les « irritants » relativement à la préparation, la réalisation et l’administration des projets routiers. Elle veut aussi augmenter sa visibilité. Dans ses objectifs à moyen terme que nous retrouvons dans les archives de l’AQEEA (avril 2007), elle exprime sa volonté que toutes les entreprises d’excavation soient obligées d’être membres; ce qui lui permettra « d’imposer même certaines règles du jeu ».
Nous voyons cette idée se profiler d’exercer un contrôle sur le marché de l’excavation. L’association évalue que ses membres ont un chiffre d’affaires de plus d’un milliard $ en 2007. Avec l’annonce des intentions du gouvernement libéral d’investir plus de trois milliards $ à partir de 2007 jusqu’en 2012 dans les infrastructures, l’AQEEA veut devenir un des joueurs les plus importants.
En 2008, l’AQEEA change son nom, afin de mieux rendre compte de la diversité des membres qui la composent : entrepreneurs, ingénieurs, avocats, assureurs, etc. Toujours en 2008, l’AQEI accueille plus de 500 personnes et honore le maire Vaillancourt pour sa participation en tant que président, depuis 10 ans, de la Coalition pour le renouvellement des infrastructures. L’association est maintenant devenue un joueur incontournable dans ce domaine de la construction.
En 2009-2010, nous retrouvons sur le conseil d'administration de cet organisme, Jean-Pierre Rivest, président, Joe Borsellino vice-président, Paolo Catania, René Mergl, Marie-Josée St-Onge, Rick Andreoli et Éric Caron. Ceux-ci faisaient déjà partie du comité de recrutement de 2005. Les autres membres sont Martin d'Aoust - Construction F. Catania et ass., Franco Cappello - Excavations Super, Marc Émond - GNP, Éric Vallières- Roxboro Excavation, Sébastien Trahan - Maskimo Construction, Joey Piazza - TGA Montréal, David Hamel - Soleno, Michel Lalonde - Génius, Fernand Mathieu - Bertrand Mathieu Ltée, Richard Malboeuf- Location de clôtures Avant-garde/Arboit. David Hamel est le seul membre qui s’ajoute au conseil d’administration en place depuis 2007-2008. D’autres membres ne font que passer : Jasmin Lefebvre, avocat (De Granpré-Chait) et Jean Lavigne, assureur (HUB International).
Deux compagnies de construction vont posséder un poids important sur le conseil : Construction F. Catania et ass. de Paolo Catania et Construction Carnier de Joe Borsellino ont au moins 4 représentants sur l’exécutif. De plus René Mergl, Franco Cappello, Éric Vallières, Michel Lalonde, Sébastien Trahan, Marc Émond et Joey Piazza représentent des compagnies de construction et d’ingénierie importantes dans la région du grand Montréal. Madame Caroline Amireault est la directrice générale.
Remarquons aussi que Michel Lalonde était président en 2008-2009 et président ex-officio en 2009-2010 de l’Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ). En étant sur les deux conseils de l’AQEI et l’AICQ, il était le médiateur parfait entre les firmes d’ingénierie et les entrepreneurs en construction.
Le tournant pris par l’AQEI en 2005 s’avère être un bon pari car les membres de l’AQEI récolteront une bonne part des contrats octroyés par le MQT à partir de 2006.
En effet, selon le Rapport du Vérificateur général du Québec déposé à l’Assemblée nationale en décembre 2009, les membres de cette association ont obtenu plusieurs contrats du MQT. L’examen du vérificateur ne porte que sur trois régions administratives: Île de Montréal, Laval/ Mille-Îles et l’ouest de la Montérégie, pendant les années 2006-2008. Pour cette période, les membres de l’AQEI ont décroché une part élevée de contrats dans la grande région de Montréal. Sur l’Île de Montréal, le MQT a attribué la valeur de 17,8 millions $ de contrats à Construction Frank Catania et ass. (quatrième rang après Groupe Doncar/Giguère, Simard Beaudry Construction/Accurso et Demix Construction/Groupe Holcim).
Pour la région de l’ouest de la Montérégie, Roxboro Excavation/Théoret a reçu du MQT 15,7 millions $ (troisième rang après Sintra-Groupe Colas et Grandmond et fils.).
Finalement, Construction Garnier/Borsellino a reçu 10,8 millions $ du MQT, toujours pour la même période à Laval et Mille-Îles (quatrième rang après Groupe Doncar/Giguère, Simard Beaudry Construction/Accurso et Sintra/groupe Colas). Ainsi entre 2006-2008, les compagnies de construction membres de l’AQEI se retrouvent toujours dans les premiers rangs pour obtenir des contrats du MQT dans trois régions administratives (Île de Montréal, Laval et Mille-Îles et Ouest de Montérégie).
Selon les documents déposés à la Commission Charbonneau sur l’octroi de contrats par le MTQ à Construction Garnier et Génius, nous notons une différence marquée entre la période 1998-2005 et celle de 2006-2012. Nous assistons à une augmentation très élevée du nombre de contrats et des montants octroyés. Construction Garnier passe de 5 à 17 contrats et augmente leur valeur de 8 à plus de 124 millions $. Dans le cas de Génius, la situation est similaire quoique moins éclatante, la firme passe de 33 à 125 contrats et augmente leur valeur de 5,4 à 19,4 millions $.
En 2009, l’AQEI est reconnue comme lobbyiste au Québec (2009 : PO9- LE00367); représentant principalement les intérêts d’entrepreneurs en infrastructure.
En novembre, l’AQEI présentait un mémoire sur le Projet de loi 73 intitulé Loi prévoyant certaines mesures afin de lutter contre la criminalité dans l’industrie de la construction. Dans son mémoire, l’AQEI rappelle que son mandat premier est de promouvoir, défendre et protéger les intérêts de ses membres et l’industrie de la construction et de la rénovation des infrastructures.
L’Association dit appuyer le projet de loi mais elle affirme que le gouvernement doit éviter d’utiliser un canon pour tirer sur une mouche; elle se questionne aussi sur les raisons qui font que c’est seulement le domaine de la construction qui est visé. Elle mentionne que les avocats, les pharmaciens, les compagnies d’informatique, etc., par équité, devaient être touchés par les mêmes dispositions. Finalement, elle déplore que le projet de loi soit adopté à la « vitesse grand V ».
En 2010, l’AQEI compte environ 88 membres corporatifs dont plus de la moitié étaient des entrepreneurs en infrastructure. Les autres membres sont des fournisseurs de matériaux et d’équipements et des services connexes (assurances, avocats, etc.). Chaque membre régulier pait une cotisation annuelle moyenne de 2 500 $.
En 2010-2011, Marc Émond remplace à la présidence Jean-Pierre Rivest. Paolo Catania devient vice-président. Caroline Amireault, Hugues Généreux (Généreux Construction), Robert Phaneuf (Entreprises Michaudville), Jean-François Thériault (Entreprises C. R. Ménard) et Patrice Varin (MP2B) sont nommés suite au départ de Joe Borsellino (2010), Éric Vallières (2010), Sébastien Trahan (2010), Joey Piazza (2010) et Michel Lalonde (2010). Le départ de membres influents va se poursuivre en 2011-2012 : Richard Malboeuf (2011), Martin D’Aoust (2011), Paolo Catania (2012), René Mergl (2012), Rick Andreoli (2012), Joey V. Pileggi (2012), Franco Cappello (2012) et Éric Caron (2012).
Après une croissance très importante de son membership entre 2005 et 2007, l’AQEI se stabilise à environ 88 cotisants-membres pendant les trois années suivantes. En outre, la grande majorité des membres du conseil d’administration avant avril 2010 sont les mêmes que ceux qui étaient dans l’association en 2005. C’était une sorte de club réservé pour de gros entrepreneurs surtout de la grande région de Montréal par rapport aux 1 200 compagnies en construction d’infrastructures et aux 350 entrepreneurs de routes et autoroutes au Québec.
Sur le site web de l’AQEI, on nous présente le nouveau le conseil d’administration qui serait issu du troisième congrès tenu en avril 2012. En réalité, le conseil de 2012-13 était passablement différent que celui qu’on nous voyons maintenant sur le site. En effet, entre avril 2012 et janvier 2013, plusieurs membres importants ont quitté : Rick Andreoli de Canbec Construction, Joey V. Pileggi de Construction Garnier, Franco Cappello, de Excavations Super, Éric Caron, de Tremca/Armtec et Caroline Amireault, de l’AQEI.
Le conseil comptait 18 membres et tombe finalement à 13 au début de 2013, Suite au départ de 5 membres après avril 2012, le conseil doit coopter deux nouveaux membres : Martin Vézina, de Excavation Marcel Vézina et Steve Bastien, de Environnement routier NRJ. Ceux-ci viennent rejoindre le conseil déjà composé, en 2012.
Il comprend alors Marc Émond, (GNP) président, Hugues Généreux (Généreux Construction) vice-président, Fernand Mathieu (Bertrand Mathieu) secrétaire-trésorier, Éric Vallières (Roxboro Excavation) administrateur, David Hamel (Soleno) administrateur, Jean-Pierre Rivest (Excavations Roc-Sol) administrateur, Robert Phaneuf (Entreprises Michaudville) administrateur, Jean-François Guindon (Jobert) administrateur, Stéphane Lamothe (ADS-Hancor, Emco) administrateur, Serge Loublier (Solution Englobe) administrateur, Michel Bellerose (Action Construction Infrastructure ACI) administrateur, Patrice Varin (MP2B) administrateur et Marie-Josée St-Onge (AKT Formation) administratrice.
Ce jeu de chaises musicales entre 2010 et 2013 n’est sûrement étranger à la création de la Commission Charbonneau en octobre 2011 et au début de ses audiences en mai 2012 et aux enquêtes de l’UPAC, dans lesquelles, certains noms de compagnies de l’AQEI ont été mentionnés : Construction F. Catania et ass., Construction Garnier, Canbec Construction, Excavations Super, Tremca/Armtec, Génius, Nepcon, TGA Montréal et Location Clôtures Avant-Garde/Arboit.
En somme, sur les quatorze compagnies représentées sur le conseil en 2010, 9 entreprises faisaient l’objet d’enquêtes en 2012-2013. Par rapport à l’exécutif, de 2009-10, il reste, en 2013, 6 membres, dont Éric Vallières de Roxboro Excavation, Jean-Pierre Rivest de Excavation Roc-Sol, David Hamel de Soleno, Marc Émond de GNP, Fernand Mathieu de Bertrand Mathieu Ltée et Marie-Josée St-Onge de AKT Formation.
Cette instabilité au sein du conseil d’administration de l’AQEI, entre avril 2010 et 2013 est flagrante surtout si nous comparons cette période à celle antérieure, entre 2005 et mars 2010.
Il reste que pendant près de 5 ans, l’AQEI a gardé un conseil d’administration stable avec des joueurs importants sur la scène de la construction dans la région du grand Montréal Surtout entre 2008 et 2010, le conseil d’administration comptait des membres qui sont nommés quotidiennement à la Commission Charbonneau cœur de la collusion : Catania, Mergl, Borsellino, Andreoli, Lalonde, Piazza, Cappello et Caron dans le cadre d’une association dûment reconnu.
Avant les années 2012, l’AQEI était formé de deux réseaux : le clan des entrepreneurs italiens situé surtout à Montréal et le clan des constructeurs francophones venant de plus en plus de l’extérieur de Montréal. Au départ, le premier groupe est le plus influent entre 2005 et 2011 : Construction Frank Catania avec Paolo Catania, Construction Garnier avec Joe Borsellino, Canbec Construction avec Rick Andreoli, Excavations Super avec Franco Cappello, TGA Montréal avec Joey Piazza.
Le deuxième groupe est formé principalement pat Doncar/ Soter de la famille Giguère, Construction Généreux de la famille Généreux, Jean-Pierre Rivest de Excavation Roc-Sol et Excavation Roxboro de la famille Théorêt. Les familles Giguère et Généreux et Jean-Pierre Rivest ont une participation commune dans une entreprise, Carrières BGR. De plus, Construction Soter de la famille Giguère est actionnaire avec Simard-Beaudry d’Accurso dans une usine d’asphalte, Asphalte Montréal-Nord.
Depuis 2012, l’AQEI, dont le nombre de membres réguliers et associés a augmenté à 125 compagnies, affirme qu’elle va se positionner davantage dans le domaine municipal. Sur son conseil d’administration, nous voyons poindre des compagnies dont les assises sont dans les régions. La montée de la famille Généreux et des entreprises telles Soleno, Michaudville et Jobert nous donnent un aperçu des changements mais dans la continuité avec les six compagnies qui sont apparues les années entre 2005 et 2010.
En 2013, tous les membres d’origine italienne ont quitté le conseil d’administration. Les derniers à le faire démissionneront quelques mois après leur élection en avril 2012. Il est évident que l’AQEI veut changer son image et que les règles du jeu qui existaient entre 2003 et 2011 ont été changées. Cette mutation se reflète aussi sur les contributions données au PLQ par les membres du conseil et les compagnies qu’ils représentent.
Lorsque nous additionnons les contributions au PLQ, des membres du conseil d’administration de l’AQEI, nous approchons les 141 000 $ entre 2003 et 2011.
La grande majorité des dons se situent entre 2003 et 2009. Si nous regardons les contributions des compagnies liées au conseil pendant la même période, c’est un montant de plus 500 000 $, surtout entre 2003 et 2009. L’AQEI a donc été très active dans le financement du PLQ surtout pendant les années d’élection : 2003, 2007 et 2008, Nous savons aussi en général que les Québécois d’origine italienne sont beaucoup plus portés à donner au PLQ qu’au PQ.
Dès la fin des années 90, Tony Tomassi (élu député de Lafontaine en 2003 et ministre en 2008) et Filomena Rotiroti (élue députée de Jeanne-Mance-Viger en 2008 et 2012) ont été, dans la communauté italienne, les principaux collecteurs de fonds. Tony Tomassi, dont la conjointe Clementina Teti-Tomassi est toujours conseillère municipale d’Union-Montréal dans l’arrondissement de Montréal-Nord, connaît très bien le monde de la construction et est un ami intime de Joe Borsellino de Construction Garnier.
Filomena Rotiroti, dont le père est un ancien conseiller municipal de ville d’Anjou et un ami de Luis Miranda, maire, sous l’étiquette d’Union Montréal de l’arrondissement d’Anjou jusqu’à tout récemment, était responsable, au sein du PLQ en 2007 de l’ouest du Québec (au moins 70 circonscriptions) et coordonnatrice en 2003 pour l’est de Montréal (11 circonscriptions).
Conclusion
Depuis 20012-13, l’AQEI a procédé à beaucoup de changements sur son conseil d’administration et tous les nouveaux membres ont très peu contribué, dans les années 2000, au financement des partis politiques provinciaux. Est-ce que ce phénomène amènera une nouvelle culture au sein de cet organisme ? Actuellement, la Commission Charbonneau a concentré son attention surtout dans le domaine municipal et arrive à une seule conclusion : collusion des entrepreneurs pour fermer le marché des infrastructures à Montréal.
Comment va-t-elle aborder, dans les prochains mois, les relations entre les compagnies d’ingénierie et les entrepreneurs en construction, le MQT et le financement des partis politiques provinciaux et principalement le PLQ entre 2003 et 2012 ? Qui viendront témoigner ? C’est, à ce moment que nous pourrons juger de l’indépendance réelle de cette Commission par rapport aux partis politiques provinciaux, aux corporations et au milieu des affaires.
D’autre part, la Commission devra répondre à une autre question. Comment le milieu de la construction et les partis politiques vont réagir et s’adapter à cette nouvelle donne ? Voilà ce que la Commission Charbonneau devra aussi regarder pour ne pas se retrouver dans une trentaine d’années avec un autre commission qui tentera de décrire les systèmes de collusion qui seront mis en place de 2012 à 2040. C’est aussi le rôle de la Commission de recommander des mécanismes plus efficaces pour assainir les mœurs politiques et mieux contrôler les entreprises dans un marché qui devra être plus ouvert.


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14 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juin 2014

    Ouf, beau travail. Rempli d'infos! la commission charbonneau devrait mettre Donato et Tony Tomassi comme témoins!
    oohhhh, les secrets dans l'arrondissement de Saint-Léonard! Le financement du PLQ de l'Est (mtl-nord, RDP, et st-Léonard) les réponses sont là!
    oublions pas l'ancien Député michel Bissonnette et son remplacant: filomena Rotiroti qui mène dans le même sens que leur Amis : famille Tomassi!

  • Jean Archambault Répondre

    23 avril 2013

    La procureure de la Commission devrait attaquer la crédibilité de Zamoino en le resituant ans son contexte et non à partir de documents. Entre 2009 et 2010, sa maison était surveillée par BCIA de Luigi Corretti. Ses employés disaient que Corretti ne demandait pas d'être payé par Zampino. Pourquoi ce service gratuit ? Luigi Corretti était ami avec Jacques Dupuis et avait obtenu un permis temporaire du bureau du ministre alors que la SQ refusait cette demande.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 avril 2013

    M.Archambeau , votre texte est tres bien écrit , sa surement demander un gros travail. Pour un ouvrier comme moi un texte aussi parlant est un luxe , cependant je dirais ceci , dans
    l état actuel des choses avec l utilisation du systeme parlementaire britanique , jamais sa n ira bien , comment voulez-vous que sa aille bien ? 0.00065 % de la population qui décident ou plutot nous dirige dans la direction qu ils veulent....Qui a nommé cette juge ? Les libéraux coupable de corruption ? P-t meme surement mais ce n est pas leurs plus grand crime , le génocide culturel en échange de meilleurs conditions de vie pour soit meme et sa famille est leur vrai crime qui est en relation directe avec la corruption , ils sont corrompus de part leurs raison d etre. Heureusement ce n est pas une chose tres présente chez le Québecois d etre traite a sa nation , mais l occupant a l oeil pour détecté les faibles....

  • Alain Maronani Répondre

    22 avril 2013

    Le 24 septembre 2010: le ministre de la Santé, Yves Bolduc annonce la construction d’un nouvel hôpital à Baie-Saint-Paul au coût de 120 millions de dollars (PLQ).
    Le 16 mai 2012: on annonce que la construction d’un nouvel hôpital à Baie-Saint-Paul s’accompagnera d’une facture de 260 millions de dollars (PLQ)
    Le 12 novembre 2012: le gouvernement péquiste, nouvellement élu, annonce que la construction d’un nouvel hôpital à Baie-Saint-Paul va coûter 320 millions de dollars (PQ)
    Le 20 avril 2013: Pauline Marois donne le feu vert à la construction du nouvel hôpital à Baie-Saint-Paul, un projet de 376 millions de dollars (PQ).
    Résultat de la compétition;
    PLQ + 140 millions de $ en 18 mois !!!
    PQ + 106 millions de $ en seulement 8 mois !!!
    PLQ moyenne d'augmentation par mois 7.7 millions
    PQ moyenne d'augmentation par mois 13.25 millions
    La PM rayonnait à l'annonce de ce projet, Jean Charrest aurait aussi rayonné..., parait-il bien ficelé.. et dans la même foulée a assuré que l'on allait faire la même chose bientôt a la Malbaie, les coffres de l'état débordent...
    Il faut reconstruire les 2 hopitaux à cause du risque sysmique !!??
    Risques sysmiques électoraux ?
    C'est quand le dernier tsunami a Baie St-Paul ? Vivons nous au Japon sans le savoir ?
    La commission Charbonneau a été créée le 19 octobre 2011 pour faire le ménage dans les contrats publics de l’industrie de la construction… Depuis la création de cette commission, le prix de l’hôpital de Baie-Saint-Paul a augmenté de 256 millions de dollars (+213%). Ceux qui pensaient que la commission Charbonneau allait se traduire par des économies et une réduction du fardeau fiscal des contribuables feraient mieux de ne pas retenir leur souffle…
    En même temps ailleurs, dans un soit disant pays du tiers-monde les gens construisent un hopital en 8 mois et font des chirurgies cardiaques pour 800 $....(en anglais)
    Evidemment pas de syndicats, pas d'entrepreneurs ou de firmes d'ingénieurs bien connectés...un hasard surement...
    http://www.businessinsider.com/inside-indias-no-frills-hospitals-where-heart-surgery-costs-just-800-2013-4

  • Archives de Vigile Répondre

    22 avril 2013

    Moi,ça me déçois énormément.Ils n'est jamais question du ministère des transport.Du parti libéral,qui était au pouvoir pendant ces années.
    Je trouve qu'ils perdent beaucoup de temps pour le prix qu'ils sont payés.
    Je crois aussi que ce sont les mêmes personnes qui collecte des fonds pour les libéraux plus quelques autres.
    Vont ils faire revenir ces mêmes personnes pour leurs poser des questions sur le provincial?Ça m'étonnerais.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2013

    Jeudi Zambino a parlé d'une collecte de fond dans une firme d'avocat et ça passé comme du beurre dans la pôele.
    Pas une question de personne.Ça passé inaperçu.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2013

    Après la Commission Bastarache, peut-on s'attendre à autres choses?

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2013

    Plusieurs firmes d'ingénierie ont obtenu des contrats à Hydro-Québec. Ces mêmes firmes témoignant à la commission Charbonneau. Croirons nous qu'elles ont été propre-propre-propre ?

  • Archives de Vigile Répondre

    5 avril 2013

    N'oublions jamais qu'une organisation n'est jamais plus solide que le plus faible de ses maillons. N'oublions jamais non plus le copinage malsain existant entre la politique et le judiciaire tel qu'il fut exposé devant la commission Bastarache à travers les post-it de Chantal Landry.
    La juge France Charbonneau doit son poste de magistrat a une nomination partisane effectuée par le gouvernement sous influence de Paul Martin, l'homme de main de Paul Desmarais comme tout le monde fut en mesure de le constater après avoir visionné 'Le bal des bouffons' tourné à Sagard. Or il appert que la juge Charbonneau s'est copieusement salie les mains dans un dossier controversé impliquant l'Ordre des Ingénieurs du Québec, au cœur de la controverse justifiant la mise en place d’une commission d’enquête.
    La suite : http://sco.lt/89PUor

  • Archives de Vigile Répondre

    4 avril 2013

    Bravo! Quel travail vous avez fait.
    Vous devriez envoyer votre document à la commissaire.
    Elle doit se rendre compte qu'on est pas dupe.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 avril 2013

    Ouf, que de liens et d'informations. Je crois personnellement que la démission de Dupuis, notre brillant personnage ayant aidé un mafiosi à se procurer un permis de port d'arme, enclenchait le processus de mettre un spécialiste de la magouille sur ce chantier :" couper tous les liens qui mettaient le parti libéral dans l'eau chaude". Aussi, la commission étant libérale, au départ, il est d'autant plus facile de nous offrir une vision fragmentée de la collusion et ainsi, cacher les relations politiques.
    je me rappelle un article qui mettait en avant que l'intégration de compagnies occidentales en Chine passait par les compagnies mafieuses de là-bas et que les dirigeants chinois s'en inquiétaient. Il est très complexe d'en établir les preuves, mais nous nous doutons, connaissant l'ampleur des sommes générées par les marchés illicites, que le blanchiment est un entrelacs très complexe qui se passe d'en haut jusqu'en bas et que le système "argent sale" agit aux plus hauts niveaux. Maintenant, ce qui étonne, c'est que des individus aient besoin de jouer dans les systèmes de retraite gérés par la Caisse de Dépôt pour encore s'approprier l'énergie des petits épargnants. J'en suis rendu à penser que pour certaines gens, voler les pauvres reste honnête dans un système capitaliste néo-libéral et que fréquenter les mafiosis est sale et de basse classe, surtout dangereux. Même si nous n'arrivons pas par la commission à faire les liens, nous savons que ces gens usent du même esprit retors. Les liens sont faits.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2013

    " Elle délaisse une perspective historique et une analyse stratégique des acteurs sociaux pour adopter une vision synchronique basée sur une série d’histoires individuelles sur la collusion. Ce regard s’attache donc aux individus sans les inscrire dans un système bien rodé"
    Et ce système bien rodé trouve ses origines dans le monde financier. Le politique n'a fait que suivre.
    N'est-ce pas Monsieur Charest qui, juste avant de rentrer en poste comme Premier sinistre, prit soin de faire une visite de courtoisie (3 jours) chez Sir Desmarais, question d'aller prendre la commande.
    Depuis ce temps, 40 milliards se sont volatisés de la Caisse de Dépôt.
    Pas d'enquête, ni du PLQ, ni du PQ.
    Couleur différente, même arnaque.
    En définitive, vous avez ici une magistrale manoeuvre pour cacher une autre corruption. Celle-là, tire racine de la base de nos institutions.
    Je peux voir d'ici les plus lâches d'entre vous, se cacher derrière des arguments fallacieux comme "on a pas de preuve, c'est de la conspiration".
    « Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême. » Henri Kissinger

  • Lise Pelletier Répondre

    3 avril 2013

    M.Archambeault,
    Quelle masse d'informations vous avez. Ça explique une partie de mon malaise à l'écoute de la Commission.
    Je suis surprise moi aussi par le manque de question sur des sujets précis lorsqu'un témoin de lui-même pointe vers des secteurs précis du secteur politique.
    Mme Charbonneau semble joué un rôle qui ne lui sied pas malgré son honnêteté. Tous ne sont pas doués pour devenir acteur ou actrice.
    Le mandat restreint que Jean Charest lui avait accordé, qui par la suite fût contesté, a-t-il vraiment été élargi ?
    Merci M.Archambault de votre contribution.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2013

    Pour faire court, il me semble que, ou le bat blesse est le politique. Je suis certaine que la commission ne peut s'attaquer aux politiciens, surtout en grande majorité des libéraux. Nous avons des petits bouts d'histoire mais pas toute l'histoire, de la responsabilité du parti libéral dans cette corruption.
    Concernant l'infiltration des mafieux dans l'appareil de l'État ceci est possible que dans la mesure ou ils se sont faits ouvrir la porte et on a permis qu'ils entrent. Alors que la population vote pour des gens sensés les représenter avec honnêteté et rigueur, ces payeurs de taxes se sont faits rouler par le parti libéral.
    Voilà ce que la population aimerait voir et entendre à la commission mais on se plait à le répéter au Québec les politiciens véreux se promènent avec leurs primes de départ et autres avantages et se foutent du peuple et de la justice, ils se sont votés des lois pour se protéger. Dans d'autres pays plusieurs seront en taule à l'heure qu'il est.
    La commission peut faire quoi? Pour aller encore plus loin si on gratte bien comme il faut toute cette arnaque est intimement liée à l'indépendance du Québec. C'est ce que ça coûte pour empêcher le Québec de se libérer du Canada.