Ainsi, après avoir annoncé en grande pompe le début d’une révolution numérique au Québec, le ministre Éric Caire a dû appuyer sur le frein, car la création de l’un des principaux projets (le guichet Accès UniQc) a été jugée trop coûteuse.
Êtes-vous surpris ?
Moi pas.
UN ÉLÉPHANT À TROIS BOSSES
Comme Le Journal l’a amplement démontré ces dernières années avec ses reportages sur « le bordel informatique » (une expression créée de toutes pièces par nos journalistes qui fait maintenant partie du langage populaire au Québec), chaque fois que le gouvernement a tenté de lancer un gros projet informatique, il s’est planté.
Ça devait coûter 200 millions, ça en coûte un milliard.
Ça devait être prêt en trois ans, ce n’est toujours pas fini après 10 ans.
Etc., etc.
Vous connaissez la chanson : tu leur demandes de dessiner un chat, ils te montrent un éléphant avec trois bosses.
C’est bien simple, si j’avais un beau-frère fonctionnaire, je ne le laisserais pas brancher la console PS4 de mon fils, car j’aurais trop peur que la douche parte chaque fois que j’appuie sur ON.
Et là, parce que la CAQ a pris le pouvoir, ça serait différent ?
Les spécialistes de l’informatique du gouvernement seraient soudainement capables d’accoucher de projets ultra complexes dans les échéances et les budgets prévus ?
C’est rêver en couleurs.
J’ai l’impression que le ministre Caire est trop enthousiaste et qu’il a mis la charrue devant les bœufs.
PROMESSE NON TENUE
Que disaient monsieur Caire et la CAQ lorsqu’ils étaient dans l’opposition ?
Qu’on devait mettre sur pied une commission d’enquête sur les technologies de l’information, afin de savoir pourquoi le gouvernement se plantait chaque fois qu’il voulait brancher un fil dans un ordinateur.
Tout d’abord, identifier les problèmes – pourquoi c’est le bordel ? Qu’est-ce qui cause le bordel ? Comment éviter le bordel ?
Et ensuite, aller de l’avant avec de nouveaux projets.
Brosser un portrait de la situation avant de dépenser un sou de plus.
Malheureusement, François Legault a jeté l’idée d’une commission aux poubelles dès qu’il s’est assis sur le siège du conducteur.
Comme si son arrivée seule réglerait tous les problèmes.
Or, tu as beau changer de chauffeur, si ton auto est un vieux tacot, tu vas prendre le champ.
Avant de prendre la route et de filer de nouveau à vive allure sur « l’autoroute de l’information », comme on disait dans les années 1990 (quand on ne pouvait pas téléphoner et surfer sur internet en même temps), on devrait envoyer notre auto au garage et faire un « check-up » complet.
PILE OU FACE
Afin de s’assurer que nos valeureux fonctionnaires vont pouvoir relever le défi que leur a lancé le ministre Caire, on va les envoyer suivre des formations spéciales à l’Université Laval.
Qui nous dit qu’une fois formés, les employés de l’État n’en profiteront pas pour faire le saut au privé, où les salaires sont plus élevés ?
Personne ne peut le garantir. C’est une chance à prendre.
Un trente sous lancé dans les airs.
On va faire appel à leur sens du devoir...
Quelque chose me dit que ce n’est pas demain la veille que le bordel va être moins bordélique...