La bombe à retardement a éclaté

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La politique américaine dévie l'opinion publique de l'affaire Ouellette

Philippe Couillard est en quelque sorte chanceux, car les médias québécois ont pratiquement donné toute la place au processus de nomination d’un juge à la Cour suprême des États-Unis, jeudi.


Si l’attention avait été davantage dirigée sur le chef libéral et sa volonté d’esquiver à tout prix le dossier Guy Ouellette, les dégâts auraient pu être graves à quelques jours du vote.


Car le dossier Ouellette ramène à la surface certaines liaisons dangereuses du PLQ ; mais aussi les problèmes de leadership de Philippe Couillard.


Liaisons dangereuses


Jeudi matin, en Beauce, M. Couillard a répété une ligne de presse jovialiste une dizaine de fois en espérant que les reporters passent à un autre sujet : «J’étais très content l’autre jour à Laval de voir M. Ouellette animer une foule de 800 personnes, demander la réélection du gouvernement libéral.» M. Couillard avait l’air mal à l’aise de jouer aussi grossièrement la trappe.


Le vrai sujet? La «déloyauté», voire la «traîtrise» (mots utilisés par des membres du caucus rouge) alléguée de M. Ouellette. Un chef peut-il tolérer dans ses rangs un membre qui divulgue de l’information à des partis d’opposition afin de nuire à certains de ses personnages de l’ombre les plus choyés – Pietro Perrino – d’une époque honnie : l’ère Charest.


Le geste allégué ramène à l’avant-scène un clivage dans le caucus rouge. Perrino, c’est la filière du ministre des Ressources naturelles Pierre Moreau. Or, il y a une inimitié profonde entre ce dernier et Ouellette remontant à l’époque où Moreau était chef de cabinet du ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis, alors que Guy Ouellette en était l’adjoint parlementaire.


Le cas Ouellette, c’est aussi l’enquête Mâchurer dont l’UPAC soupçonne l’ex-policier d’avoir divulgué des informations fondamentales. Affaire ultra-complexe encore en suspens.


Ouellette injoignable!


M. Couillard refusa net d’aborder les faits, jeudi. Croit-il son candidat, qui a affirmé au Bureau d’enquête ne se souvenir de rien? Pour éviter d’en discuter, le chef libéral a prétendu jeudi matin n’avoir pu joindre son député pour en parler, lui, le chef du parti et premier ministre par surcroît!


En début d’après-midi, M. Couillard a refusé de répondre aux questions des journalistes, fonçant même dans une mêlée devant lui. Étrange, car plus tôt, il avait reproché à François Legault de consacrer peu de temps aux médias.


On comprend qu’à trois jours d’un vote qui s’annonce serré, le chef libéral ne peut tout simplement pas renvoyer son candidat d’une circonscription cruciale de Laval.


En mai, il aurait voulu «faire le ménage», raconte des sources, mais Ouellette avait trop d’appuis au caucus et, homme de renseignements, savait beaucoup de choses.


Au cabinet, on a conseillé au chef Couillard de signer le bulletin de candidature de l’ex-policier. C’était accepter d’avoir dans l’équipe une bombe à retardement et espérer qu’elle n’éclate pas avant le 1er octobre...