Comprendre nos traditions

La bénédiction paternelle du jour de l'an

Pour rétablir l'harmonie dans la famille et la société

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Tribune libre

Le premier jour de l'année, la coutume voulait que la famille s'agenouille devant le père pour recevoir sa bénédiction. C'est facile de comprendre pourquoi cette tradition a été abandonnée. La symbolique est très forte. Elle crie «patriarchie», «inégalité», «domination» et tout ce qui est honni par nos sensibilités modernes. C'est humiliant de s'agenouiller devant quelqu'un, de reconnaître physiquement par notre posture que nous sommes son inférieur. L'homme moderne n'a pas de supérieur, il est son propre maître. Une société égalitaire ne peut pas admettre qu'une telle tradition perdure dans la famille, cellule de base de la société.


Reculons quelques jours et retournons à la fête de Noël. Nous fêtons «l'amour et le partage», dit-on. Ce sont les valeurs caractéristiques des Québécois, du moins c'est ce que l'on prétend. Mais quelle place y a-t-il pour l'amour, quand l'égalitarisme nous oblige malgré nous à manifester des égards pour notre prochain? Il n'a pas besoin de notre amour, puisqu'il a le droit d'être traité avec la même dignité que n'importe qui. Et comment peut-on appeler «partager» le fait de rendre à quelqu'un son dû? Ce que nous appelons «amour et partage» a été transformé en «fraternité et égalité», où le respect de chacun et la distribution égalitaire selon les besoins de chacun reposent au mieux sur un obscur impératif catégorique et au pire sur la crainte de violer des normes sociales. J'ai mentionné «fraternité et égalité», mais il ne faut pas oublier l'autre membre du trio : «la liberté». La liberté est cet état d'affranchissement qui permet à l'homme moderne d'être son propre maître, de ne jamais devoir s'humilier devant un supérieur et de ne jamais avoir besoin d'aimer un inférieur. En somme : l'orgueil et la suffisance. Est-ce que ce sont vraiment nos valeurs?


La bénédiction paternelle n'est pas une forme de domination, mais une expression d'amour. Le père, placé par la nature dans une position d'autorité, exprime le souhait que ses inférieurs soient comblés de biens. L'amour est mutuel : ses inférieurs, mettant de côté leur orgueil, reçoivent la bénédiction avec joie et reconnaissance. Dans la dimension religieuse de la bénédiction, même le père reconnaît qu'il est l'inférieur de quelqu'un et qu'il n'est qu'un maillon dans la chaîne de la hiérarchie. Si un maillon s'enorgueillit et décide de s'entrouvrir, la chaîne est brisée. Quand cette condition devient généralisée, nous finissons avec un ramassis de maillons éparpillés par terre, «affranchis» et isolés l'un de l'autre. C'est l'image de notre société égalitaire, où les enfants sont les égaux des parents, où l'on refuse d'écouter la voix de l'expérience et de la sagesse, où l'on valorise jusqu'au niveau politique le seul fait d'être jeune et inexpérimenté.


Pour le mouvement nationaliste, cet état de faits est dévastateur. Évacuez l'ordre fondé sur la hiérarchie naturelle, l'individu est affranchi et il n'a plus à travailler pour le bien commun. Le mouvement nationaliste avance aveuglément vers le but de l'indépendance sans vraiment savoir pourquoi et sans égard aux conséquences. Certains sont nationalistes par pur orgueil, par seul désir d'être maître chez nous, par ressentiment envers les Anglais et tous les autres «supérieurs» que les circonstances nous ont parfois imposés. Le mouvement s'éssoufle, on se trouve à prêcher dans le désert, parce que nos concitoyens ne se sentent pas interpellés, ils sont désolidarisés comme des maillons brisés, chacun son propre maître dans son propre petit monde. Nous avons besoin d'un nationalisme qui cherche d'abord le bien de notre nation. Le mouvement doit reposer sur un renouvellement des valeurs, un retour aux valeurs traditionnelles canadiennes-françaises où chacun prend place harmonieusement dans un ordre naturel orienté vers la poursuite du bien commun.


Ce jour de l'an, je vous invite à participer à ce renouvellement des moeurs en ravivant la tradition de la bénédiction paternelle dans vos familles.



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