La bataille québécoise pour la commission unique débute

AMF - Québec inc. VS Toronto inc.

Stéphane Malhomme - C'est un véritable cri du cœur qu'a lancé aujourd'hui Jean St-Gelais, président de l'AMF, appelant la communauté financière québécoise à s'opposer à la délocalisation de l'autorité des marchés financiers, projet qu'il a qualifié de néfaste à long terme pour l'économie montréalaise.

"Déplacer un centre décisionnel, c'est déplacer des emplois qualifiés, une main d'œuvre spécialisée, et tout un réseau de décideurs," a-t-il déclaré au micro d'Argent aujourd'hui.
M. St-Gelais a exprimé que la création d'une commission des valeurs mobilières pancanadienne risque de concentrer le pouvoir décisionnel dans un grand centre et, du même coup, d'entraîner hors du Québec de nombreuses activités à haute valeur ajoutée. Prié d'estimer le nombre d'emplois concernés M. St-Gelais l'a estimé à près de 500, seulement pour les produits financiers dérivés.
"Nous ne pouvons laisser à d'autres le soin de définir les besoins du Québec en matière de réglementation et d'encadrement de notre secteur financier, a-t-il affirmé avec conviction. "En Ontario, on semble bien comprendre l'importance du régulateur comme facteur d'attraction de la place financière torontoise. Si cela est si important pour l'Ontario, pourquoi est-ce que ce le serait moins pour le Québec?", a-t-il ajouté.
Le gouvernement fédéral met sur la table un projet dont la conséquence serait de priver le Québec d'un levier de développement important et d'affaiblir la place financière montréalaise. Ce projet menace les entreprises de services professionnels qui gravitent autour de l'Autorité. "On parle souvent du rôle de policier de l'AMF mais on oublie souvent le travail de support et développement de l'industrie financière locale de l'AMF," a-t-il rappelé. Ce projet est également une menace aux centaines d'emplois hautement spécialisés dans le domaine des dérivés, une niche propre à la place financière montréalaise développée grâce au leadership exercé par l'Autorité.
Interrogé sur la possibilité de localiser le siège social de cette nouvelle agence à Montréal, M. St-Gelais a semblé circonspect, "Ce pourrait très bien être une coquille vide, un siège social sans pouvoir décisionnel, comme on a pu le voir auparavant," a-t-il commenté, rappelant que l'AMF injectait des dizaines de millions de dollars dans l'industrie financière locale, et générait des milliers d'emplois directs et indirects.
Interrogé sur l'intention du ministre fédéral des finances Jim Flaherty, de passer une législation le plus tôt possible, M. St-Gelais a déclaré: "Il faut élargir le débat au-delà des considérations politiques et constitutionnelles. C'est pourquoi je demande aujourd'hui votre engagement afin de rejeter le projet fédéral. Nous n'avons pas besoin d'une telle commission", a conclu Jean St-Gelais.
L'Autorité des marchés financiers est l'organisme de réglementation et d'encadrement du secteur financier du Québec.


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