La bataille des Plaines d'Abraham et l'exactitude historique

Tribune libre

Si Horst Dresler (anglo québécois vivant à Woodstock au Vermont) et son «Quebec Historical Corps» tiennent absolument à recréer hors Québec cet épisode afin d’ébaudir les badauds anglophiles et anglophones tant américains que britanniques il lui faudra, et Monsieur Konrad Sioui grand chef de la communauté Wendake dans la région de Québec a tout à fait raison de le souligner, de convier la centaine d’Amérindiens qui combattirent avec les Français-Canadiens lors de cette bataille.
Et toujours pour plus d’exactitude, coté anglais cette fois-ci, il lui faudra également faire participer ces « Rangers », commandés par un certain Robert Rogers, ou Rodgers une centaine d’hommes sans foi ni loi, sortes de paillards extrêmement violents qui tuèrent violèrent et scalpèrent les habitants des deux rives du Saint-Laurent avec une telle rage que même les Britanniques les trouvèrent cruels, un officier anglais alla jusqu’à dirent d’eux qu’ils se comportèrent comme «des chiens galeux, lâches et méprisables».
Soulignons enfin, que les Forces Armées Canadiennes viennent de mettre sur pied aux Îles-de-la-Madeleine, un corps de réservistes, la plus grande patrouille de «Rangers» du Canada, 34 Madelinots (une quarantaine de postulants sont sur une liste d’attente) qui ne connaissent sûrement pas leur histoire. Il me semble que l’Armée canadienne aurait pu nommer différemment ce corps de volontaires ne serait-ce que par respect pour leur origine française.


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3 commentaires

  • Rodrigue Guimont Répondre

    17 février 2009

    Merci Messieurs Naud et Boivin pour vos précisions sur le sujet. C’est un fait, nos ancêtres doivent beaucoup aux alliances amérindiennes.
    Les Amérindiens alliées des Français subirent le même sort qu’eux après la victoire des Britanniques, pire peut-être. On pourrait épiloguer longtemps sur le jeu des alliances de par et d’autres et sur les séquelles de ceux ci-sur ceux-là... même aujourd’hui.
    Quant aux « Rangers », j’ai peine à croire qu’une unité des Forces Armées Canadiennes portent encore fièrement leur nom, c’est encore plus incompréhensible s’ils sont d’origine franco-canadienne.

  • Gaston Boivin Répondre

    16 février 2009

    Ces Rangers du major Robert Rogers, dont votre article fait état, sont l'un de 4 corps de troupes, que le "Corps historique du Québec"( organisme sans but lucratif prenant ses décisions à Woodstock, au Vermont) devaient, avec la complicité de la Commission des champs de bataille, personnifier à Québec, le 13 septembre 2009, lors de la reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham du 13 septembre 1759, puisqu'on devait y personnifier la compagnie du capitaine James Rogers(le frère de Robert),capitaine de l'une des 4 nouvelles compagnies des Rogers'Rangers(500 Rangers au total avec la milice provinciale) qui participèrent aux batailles de Port-Royal, de Louisbourg et de Québec.
    L'un des faits d'armes dont s'enorgueillirent le plus ces Rogers's Rangers fut ce raid, commandé par le général Amherst à Robert Rogers, sur un village Abénaqui du Québec. Il témoigne également de la grande violence de cette troupe: Parti le 14 septembre de Crown Point, New-York, Robet Rogers et ses Rangers attaquèrent le 3 octobre 1759, en les prenant par surprise, les habitants amérindiens du village alors connu sous le nom de "Saint-François"(désigné aussi alors sous le nom de "Mission Saint-Francis" et maintenant connu sous le nom de "Adonak"(Saint-François de Sales), dans la région située au confluent du St-Laurent et de la rivière Saint-Francois, au voisinage du Lac-Saint-Pierre, en en massacrant un très grand nombre, y détruisant entièrement le village ainsi que son église et en le détroussant de ses biens de valeur.
    Ce village était à prédominance abénaquis, ce qui en détermina la langue, mais on y retrouvait également des membres de d'autres nations, dont notamment des Algonguins, des Montagnais et des Micmacs du Canada. Il servait, à l'origine, de refuge pour les indiens Abénaquis et Pennacook chassés de leur terre de la Nouvelle-Angleterre ou malheureux en ces lieux. C'était l'un des plus vieux villages amérindiens au Canada, son existence remontant à 1683, où on l'installa d'abord aux chûtes de la Chaudière pour finalement le déplacer en 1700 à son site actuel, celui d'Onaka(Saint-François de Sales), (de Saint-François du Lac). Ils voulaient ainsi se venger des incursions belliqueuses qu'avaient l'habitude d'effectuer en Nouvelle-Angleterre les indiens de ce village avec leurs alliés canadiens et français.
    Rogers affirme que sa troupe y a tué 200 personnes et qu'il a fait prisonnier 20 femmes et enfants (5 enfants, savoir 2 garçons et 3 filles). Par ailleurs, l'historien Francis Parkman établi à une(1) perte de vie et 6 blessés, les dommages résultant aux Rangers directement de ce raid, et ceux lui résultant de sa retraite et de son retour à travers les bois vers les colonies américaines(ses embarcations ayant été découvertes et détruites), alors que pouchassés par les indiens et leurs alliés, dans un premier temps à 5 hommes de sa troupe ayant alors été capturés, à quoi il fallait ajouter dans un second temps 20 autres de ses hommes qui auraient été tués ou capturés. Selon une autre source, des 204 hommes que comptait, au départ sa troupe, ils n'en seraient revenus que 100.
    Rappelons l'ordre d'Amherst à Robert Rogers(En date du 13 septembre 1759)(ma traduction):
    "Vous patirez cette nuit, avec un détachement, tel qu'il vous l'a été ordonné hier, de 200 hommes, lequel vous prendrez sous votre commandement et vous vous rendrez dans la baie Missisiquoi. De là, vous procéderez de la manière la plus efficace pour infliger à l'ennemi la disgrâce et l'injure.
    "Rappelez-vous la barbarie commise par cet ennemi indien, qui n'a jamais manqué l'occasion, lorsqu'il en avait l'opportunité, de montrer sa cruauté légendaire à l'egard des sujets de sa Majesté. Prenez votre revange; mais rappelez-vous, malgré que vous puissiez avoir en mémoire que ces vilains ont sans scrupules tués par le passé femmes et enfants de tous âges, que mon ordre est à l'effet qu'ils ne soient faits aucun mal aux femmes et eaux enfants" (ma traduction)
    Voici une description résumée de ce massacre qui eut lieu entre 4 heures à 7 heures du matin, savoir sur une durée de 3heures (Ma traduction):
    "Avant l'attaque, les troupes avaient été disposées en 3 divisions de sorte que celle-ci se multiplie par trois et qu'elle vienne simultanément de toutes les directions. Tant et si bien que jamais une attaque ne fut faite avec tant de surprise et ne fut aussi propice à une si grande absence de résistance. Cette attaque s'est faite à la façon indienne, avec en mémoire l'injonction d'Amherst de prendre revange, en semant la mort et la destruction tout autour d'eux, tout en demeurant impitoyables. Malgré la noirceur partielle, il n'était guère possible de distinguer l'âge ou le sexe, les hommes , les femmes, les enfants étant généralement fauchés sans discrimination ou discernement avant qu'ils n'aient pu résister à la fureur de leurs terribles assaillants."
    "Plusieurs étant tués dans leurs demeures, d'autres, en tentant de fuir, étaient tirés ou frappés à la tête. Certains réussissaient à se rendre à la rivière mais ils étaient poursuivis et rattrapés par des Rangers excités qui les exterminaient.Quand la clarté du jour fut telle qu'elle permettait d'obtenir une image assez exacte de la scène du massacre, le tout apparut tout à fait horrible et, n'eût été des 600 scalpes que les indiens avaient affichés un peu partout dans leur village, suspendus dans les airs comme des trophés, les assaillants auraient sans doute succombé à la pitié, mais cette dernière vision accrue leur rage d'une vigueur additionnelle qui les éloigna de toute sympathie et ils continuèrent leur massacre sans discrimination, ni merci. La scène pris fin par l'incendie des demeures, dans lesquelles plusieurs indiens avaient trouvé refuge sans avoir pu y être découverts et qui y brûlèrent ainsi. À 7 heures du matin,, Robert Rogers inscrit dans son rapport:' À cette heure, nous avons tué 200 indiens et pris 20 femmes et enfants prisonniers"( Traduction du soussigné d'une partie du texte du Rev. Renry H. Saunderson, History of Charlestown, New-Hampshire, publié en 1876, (sujet: Major Robert Rogers, Revenge 1759)
    Il est fort proble que dans le décompte de 200 indiens tués par ses Rangers que Robert Rogers n'ait pas comptabilisé les indiens brûlés dans l'incendie de leurs demeures.
    À la fin de la guerre de sept ans( ici appelée en Amérique "The french and indian war"), la plupart des Rangers retournèrent à la vie civile. Cependant, à cette époque, en 1763, une unité de Rogers'Rangers fut formée dans le "80th Regiment of Foot", où se retrouvèrent la plupart de ceux qui n'avaient pas pris leur retraite.
    Curieux retour des choses, cette unité de Rangers du "80ième Regiment of Foot" fut pour ainsi dire presqu'entièrement décimée le 14 septembre 1763 lors de la bataille de "Devil's Hole", aussi appelée le "Massacre de Devil"s Hole": À cette date, entre Fort Schessler et Fort Niagara, à 4 milles des chûtes sur la rivière, à un endroit boisé formant un ravin profond de chaque côté, endroit fort propice pour une embuscade, appelé "Devil's Hole", 300 à 500 indiens sénèques, partisans de Pontiac et de sa rébellion contre l'autorité anglaise, attaquèrent en embuscade un convoi ferroviaire et massacrèrent 21 des 24 hommes constituant son escorte, 3 seulement réussissant à fuir.Informés par ces derniers, des renforts, qui provenaient du "80ième Regiment of Foot", se dirigèrent vers les lieux de l'attaque mais furent eux-mêmes pris en embuscade par ces indiens qui, selon, la version officielle, en massacrèrent 81 et en blessèrent 8, mais selon une autre source, la troupe entière de Rangers aurait été décimée.
    Juste retour des choses également pour le majort Robert Rogers, dont la fin de vie aurait été fort misérable. En effet, en raison d'un alcoolisme sans cesse croissant, sa vie se serait dégradée au point qu'il perdit presque tout: Femme, biens, et crédibilité. Il fut même accusé de trahison en 1767 et à ce titre amené, enchainé, à Montréal pour y subir un procès dont il fut acquitté, ayant pu bénificier de l'influence du général Amherst dont il était un ami. De fait, à première vue, cette accusation semble pour le moins loufoque et il est plus probable qu'elle résulte d'une vengeance de l'un de ses ennemis. Ce qui ne l'empêcha pas par ailleurs d'être ultérieurement emprisonné pour non paiement de dettes. Il mourut en Angleterre, dans l'anonymat le plus obscur, comme un quidam.
    N.B. 1)Texte rédigé après une recherche à sujets multiples sur Wikipedia. 2)Pour approfondir ce sujet, ce que je me promets de faire: Consulter: "White Devil- A True Story War, Savagery, and Vengeance in Colonial America", par Stephen Brumwell,(ISBNO-306-81389-0), Da Capo Books, 2005. (Ce livre contient une analyse historique du raid de saint-Francis et de la controverse qui y donna suite.)

  • Archives de Vigile Répondre

    16 février 2009

    "Les Canadiens reprenaient courage. Et ils n’étaient pas seuls à espérer encore. À peine les Anglais signalés à l’entrée du Saint-Laurent, M. de Vaudreuil, aux commandants des postes du nord et de l’ouest avait expédié l’ordre de faire descendre au plus vite tous les guerriers des nations qu’ils pourraient décider à partir. L’appel avait été entendu. Effort suprême du monde sauvage. Pour la dernière fois, la Confédération des Pays d’en Haut, remua à la voix de la France !… Le 29 juin, il était 7 heures du soir, une rumeur courut dans la ville de Québec : les Outaouas arrivent… Et chacun de se hâter pour les voir défiler. Ils étaient 230 sauvages outaouas qui s’avançaient en bon ordre. À leur tête les conduisant, habillé comme eux, on se montrait leur interprète, M. Langlade, jeune homme de qualité — il avait 30 ans — et enseigne des troupes de la marine, mais élevé parmi les sauvages, à demi sauvage lui-même, fils d’une squaw outaoua. (…) Les Outaouas — presque tous les hommes valides de leurs diverses tribus — avaient suivi Langlade, ils avaient marché, canoté, ils avaient forcé les étapes.
    Rendus à Montréal, les Outaouas avaient été saluer M. de Rigaud, frère de M. de Vaudreuil. Ils lui avaient dit : « Mon père, nous avons entendu la parole de notre Père Ononthio [le gouverneur général]. Tout éloignés que nous sommes, elle est parvenue sous terre [secrètement] jusqu’à nous. Nous voilà arrivés pour faire sa volonté. Disposez de nous. » Et Rigaud à Vaudreuil les avait envoyés.
    Aux Outaouas avaient succédé d’autres sauvages. Sur leurs traces, les uns après les autres, étaient venus des Miamis, des Poutéouatamis — des sauvages les seuls qui n’eussent jamais trempé leurs mains dans le sang d’un Français — des Sauteux, des Têtes de Boule, des Folles Avoine et jusqu’à des Cris des lacs de la Pluie et des Bois. Par les chemins de Montréal à Québec, par le Saint-Laurent, avaient passé toutes les nations des Lacs et même les nations qui habitaient au delà des Lacs. En bref, à l’heure où se jouait la partie suprême, un millier de guerriers peaux-rouges se trouvèrent avoir rejoint les rangs des Français. » (Pages 282-283)
    Tité de: "Histoire du Canada français (1534-1763)", par Claude de Bonnault. (P.U.F.)- Colonies et Empires – Collection internationale de documentation coloniale. Paris, 1950, 348 p.