L'UPAC surveillait Guy Ouellette depuis des semaines

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Une arrestation de trop. Il aurait suffi à l'UPAC de confronter Ouellette au rendez-vous fixé avec le téléphone de Despatie et d'aller ensuite préparer son dossier d'accusation





L’Unité permanente anticorruption avait pris le député libéral Guy Ouellette en filature depuis plusieurs semaines avant de l’arrêter mercredi, a appris notre Bureau d’enquête.


 


Les enquêteurs de l’UPAC cherchent depuis le printemps à colmater les fuites dans leur propre organisation et n’ont négligé aucun moyen d’enquête afin d’épingler le député de Chomedey.


Selon nos informations, le parlementaire a été épié dans ses moindres gestes au cours des dernières semaines. Les enquêteurs ont même pris des photos de lui en compagnie de l’ex-entrepreneur Lino Zambito, de l’homme d’affaires Luigi Corretti et de l’analyste et lanceuse d’alerte Annie Trudel.











Lino Zambito




Simon Clark/Agence QMI


Lino Zambito














Luigi Coretti




Simon Clark/Agence QMI


Luigi Coretti














Annie Trudel




JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL


Annie Trudel





Les enquêteurs seraient aussi en possession de ses registres téléphoniques des trois dernières années.


Guy Ouellette a finalement été arrêté mercredi après-midi, quelques heures seulement après que le domicile du policier Stéphane Bonhomme à Boucherville et celui de l’ex-policier Richard Despaties à Brossard eurent été perquisitionnés.


Ces deux personnes sont soupçonnées d’entrave à la justice et d’abus de confiance, a confirmé l’UPAC sans toutefois identifier les individus. Selon nos informations, ces perquisitions sont liées à l’enquête interne sur les fuites d’information au sein de l’organisation concernant l’enquête Mâchurer. Cette enquête vise l’ancien premier ministre Jean Charest et le collecteur de fonds libéral Marc Bibeau.


Plus de 24 heures après l’arrestation de M. Ouellette, aucune accusation n’a toutefois été déposée. L’UPAC a publié un communiqué jeudi matin dans lequel elle précise seulement que cette arrestation était nécessaire afin de « sécuriser des éléments de preuve ainsi que pour empêcher que les infractions se continuent ou se répètent ».


Ouellette a sa petite idée


Mais M. Ouellette croit avoir sa petite théorie quant aux raisons pour lesquelles l’UPAC mène cette opération policière.


À quatre heures du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, le député a été libéré par les policiers qui l’interrogeaient et qui fouillaient sa résidence, à Québec. Il a alors pu faire un premier appel et a appelé une connaissance.


« Je suis sorti ! Je ne peux pas trop parler, je suis au parlement », lui a-t-il dit. Il a rappelé son interlocuteur quelques minutes plus tard, alors qu’il roulait en direction de Laval où se trouve sa résidence principale.



Selon nos informations, l’équipe d’enquête mixte qui se penche sur les fuites croit que le policier Stéphane Bonhomme subtilisait des documents dans les bureaux de l’UPAC pour ensuite les transférer à l’ancien policier Richard Despaties.


Ce dernier, un ami de longue date de Guy Ouellette, trouvait ensuite un moyen de les partager avec le député.


M. Despaties est un ancien enquêteur de l’UPAC qui avait été congédié en octobre 2016, car il avait encouragé une personne à dénoncer des irrégularités dans les médias.


Piégé


C’est d’ailleurs en s’emparant du téléphone de Despaties surnommé « Pico » dans les milieux policiers que les policiers ont piégé le député libéral.


« Ils se sont fait passer pour Richard et ont envoyé un texto à Guy lui disant qu’il allait vider son sac dans les médias et avait besoin de le voir d’urgence », affirme une source à notre Bureau d’enquête.


Même s’il devait présider une commission parlementaire cette journée-là, Guy Ouellette a quitté l’Assemblée nationale et s’est mis en direction de Laurier-Station, en banlieue de Québec, où avait été fixé le rendez-vous. Il était plutôt attendu par ceux qui allaient procéder à son arrestation.