L'opposition dénonce les «cachettes» de Québec

La langue - un état des lieux


Malorie Beauchemin - Le gouvernement de Jean Charest a caché sciemment des informations cruciales sur le recul du français à Montréal, ont accusé, hier, les partis d'opposition à Québec.

À la lumière des informations qui ont filtré d'une étude du chercheur Marc Termote, l'opposition officielle adéquiste réclame la reprise de tout le débat de l'automne dernier sur l'augmentation des seuils d'immigration, jugeant qu'il a été fait de façon malhonnête par le gouvernement. L'étude, qui dort dans les coffres de l'Office de la langue française depuis 2006, semble indiquer un net recul du français dans le Grand Montréal.
«Je ne comprends pas que le premier ministre du Québec ait pu laisser se conduire un débat d'une telle importance à l'Assemblée nationale en cachant une étude comme ça à l'ensemble des parlementaires», s'est insurgé Mario Dumont.
À l'issue d'une consultation sur la planification des niveaux d'immigration, en octobre dernier, le gouvernement Charest a annoncé qu'il augmenterait le nombre d'immigrants reçus au Québec de 20%, pour atteindre 55 000 nouveaux venus par année. L'ADQ s'est opposée à cette augmentation jugée «radicale» des seuils, réclamant d'abord des mesures supplémentaires d'intégration et de francisation des immigrants.
«Les nouveaux seuils d'immigration ont été adoptés dans un contexte où des faits extrêmement importants et des études qui étaient directement au coeur du sujet ont été cachés, a estimé le chef adéquiste. La conclusion évidente de cette étude, c'est qu'une augmentation radicale de l'immigration va avoir un impact encore plus grand sur la présence de la langue française à Montréal.»
M. Dumont demande donc au gouvernement de geler l'entrée d'immigrants au niveau actuel de 45 000 par an, estimant que «les Québécois se sont fait avoir», par les «cachettes» du gouvernement libéral.
Au Parti québécois, qui a appuyé le gouvernement dans sa nouvelle politique d'immigration, on s'insurge plutôt du manque de transparence dans la gestion du dossier. «Ça suffit, il faut arrêter de jouer à cache-cache avec les Québécois. On exige la publication immédiate des études», a dénoncé le député péquiste de Mercier, Daniel Turp. Le Parti québécois rejette l'argument de la ministre Christine St-Pierre, selon qui la décision de rendre publique l'étude de Marc Termote revient à l'Office de la langue. «C'est le gouvernement qui a commandé l'étude; qu'elle soit rendue publique tout de suite», a sommé M. Turp, qui y voit même une urgence. «De toute évidence, on va devoir adopter rapidement des mesures énergétiques pour freiner le déclin du français à Montréal et ailleurs au Québec», a-t-il souligné. Les troupes de Pauline Marois ne reviendront toutefois pas sur leur décision d'appuyer les hausses de seuils du gouvernement. Le débat ne doit pas porter sur les niveaux d'immigrants, mais sur la qualité de la francisation, a dit M. Turp. «Les sociétés comme la nôtre ont besoin d'immigrants. 40% des immigrants qui arrivent ici parlent déjà français. Le défi du Québec, c'est de s'assurer que les autres 60% l'apprennent», a-t-il conclu.
Sortant d'un caucus pré-session, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a lui aussi trouvé déplorable que le gouvernement Charest n'ait pas rendu l'étude publique plus rapidement, décochant une flèche à la ministre St-Pierre pour sa gestion du dossier du français à Montréal.
«J'espère que cette étude-là sera rendue publique le plus tôt possible, a-t-il dit, pour avoir tout en main, et non pas un deux pages d'annonces publicitaires nous disant que tout va bien.»
Selon M. Duceppe, les données de cette enquête montrent bien que le français bat de l'aile à Montréal. Il a invité Stephen Harper et Jean Charest à l'appuyer dans ses démarches pour renforcer la loi 101. Le Bloc a présenté un projet de loi à la Chambre des communes pour que cette loi s'applique à tous les travailleurs du Québec, dont ceux qui sont assujettis au Code canadien du travail.
Avec Hugo De Grandpré.
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