L'objectif derrière un assassinat politique

Chronique d'André Savard

Le but derrière les révélations entourant le financement à la chefferie de Benoït Labonté n'était pas de faire éclater la vérité. Le but premier n'était pas même de commettre un assassinat politique. Si on avait simplement voulu tirer vengeance, ceux qui détestent Labonté n'avaient pas à attendre si longtemps.
Soumettre à des journalistes des documents irréfutables, c'est l'affaire d'une journée. Ce n'est pas long d'avoir un renvoi d'appel auprès d'une grande tribune de presse quand on a un vrai "scoop".
Non, si de tels faits ont été dévoilés à deux semaines du scrutin, c'est simplement pour sauver l'administration Tremblay de la défaite. Nous entendons souvent cette phrase: "Le timing, c'est tout".
Les anciens associés de Labonté sont retournés dans le giron de Tremblay. Ils ont récupéré une bonne planque et ils en veulent à Labonté de les avoir dégommés. Pour eux, la vérité est bonne si elle fait oeuvre utile et à mettre sous le tapis, à documenter, à différer si elle ne coure pas pour soi.
Ils ont fait le calcul suivant: Le maire est éclaboussé depuis plus d'un an par des scandales. Il y a moyen de renverser la vapeur. On sait que rien n'est plus vieux qu'un journal d'hier. Si on met rue Frontenac.com, TVA et Radio-Canada sur la brèche, les gens n'auront plus que ça en tête. Ils en oublieront les failles de l'administration Tremblay ou du moins les banaliseront.
Ils se répèteront que les partis politiques sont les mêmes, les collusions d'intérêts se déplaçant et se ralliant au pouvoir. lls se diront qu'on ne peut rien contre la normalité. Il y a fort à parier d'ailleurs que c'est aussi ce que le maire Tremblay a fini par penser à la tête de la mairie.
La vapeur était bien renversée. À l'issue du débat entre les trois candidats à la mairie, le jeune reporter de TVA n'avait rien de mieux à faire au micro que de demander au maire Tremblay s'il croyait la version de madame Harel. Tout à coup, l'opinion du maire Tremblay comptait. On lui demandait de débiter sa cassette sur l'importance de bien surveiller son entourage!
Labonté devint en une journée, comme il le disait lui-même, le "seul bouc émissaire d'un système gangrené". Le plan orchestré marchait à merveille pour le maire Tremblay.
Les gens allaient se convaincre que "c'est partout pareil". Ceux qui prévoyaient aller voter s'enfonceraient dans une sorte de mépris tranquille, diraient que la politique ne vaut pas un prout et se contenteraient de cracher dans les airs. Ne resteraient pour voter que les fidèles du maire Tremblay et les férus d'intégrité. Ceux-ci se divisant de plus en plus entre Bergeron et Harel, Tremblay se faufilerait à la mairie.
Il n'est pas dit que ce plan a échoué. Il revient aux électeurs de faire échouer le plan. Il va sans dire que dans l'éventualité où Tremblay serait reporté à la mairie, cynisme et sentiment d'impuissance auront la partie belle.
J'ai pour ma part déjà écrit que madame Harel devrait considérer sa nomination à la mairie de Montréal comme une question de salut public.
Personne ne trouvera que la formule est exagérée à la lumière des révélations qui s'accumulent depuis un an.
On ne peut blâmer madame Harel d'avoir rejoint les rangs de Vision Montréal. En proposant à madame Harel d'être candidate indépendante, monsieur Bergeron désirait être le seul maître à bord dans son parti. Madame Harel aurait bien mal commencé si elle avait consenti à jouer les seconds violons.
André Savard


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