L’insoutenable légèreté libérale

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« Le gouvernement Couillard est dans de sales draps et le temps n’arrangera pas les choses »

Impossible de ne pas se désoler de l’affaire Bolduc. De ne pas en avoir marre de ce genre d’abus du fric collectif.
Yves Bolduc, médecin et ministre de l’Éducation, s’en est mis plein les poches quand il était député de l’opposition. À deux mains dans l’assiette au beurre. Médecin, député, gratiné des deux bords…
«Travaillant», dit-il de lui-même, l’abbé Pierre des honoraires.
Qui ne le serait pas dans les conditions qu’il avait édictées alors qu’il était ministre de la Santé? N’importe qui serait «travaillant» avec 215 000 $ en sus reste…
Une prime pour faire sa job, c’est curieux quand même. Et c’est ça qui emmerde le contribuable moyen, de plus en plus moyen d’ailleurs, et à cause des honoraires…
Une prime en plus des honoraires réguliers de la pratique médicale, en plus d’un salaire de député et des multiples allocations dont profitent les élus de l’Assemblée nationale… Iphone, portable, et tutti quanti… Il reste quoi à payer? La tarte aux pommes, les pneus d’hiver et les bobettes…
C’est vrai que député de Jean-Talon, quand on est «travaillant», c’est décevant. C’est presqu’un hobby, le job de député, pour un Doolittle hyper actif. C’est un peu comme député d’Outremont ou de Mont-Royal. Y a pas grand monde aux portes du bureau de comté; les cas d’aide sociale, de CSST, de curatelle ne sont pas courants en haute ville… Les pleins ont un seul véritable malheur: l’impôt.
Il y a quelques incontournables, comme partout ailleurs. Des comités de loisirs à gratiner ou des organismes communautaires à subventionner ; un chèque discrétionnaire par-ci par-là, des fonds tirés du programme de soutien à l’action bénévole; c’est une discrète petite caisse, gérée par le ministère de l’Éducation, et qui permet au député de se faire valoir sans que ça lui coûte un sou… La générosité, ne vous en faites pas, est subventionnée. Comme le reste. Le fromage à pâte molle, les échecs informatiques et les voyages en train du sous-ministre adjoint. Je ne serais pas surpris qu’on finance la lecture de Kundera; la Fête de l’insignifiance y prendrait tout son sens…
Le contribuable moyen devine tout de même que ça ne va pas bien au buffet des fonds publics. Et cette affaire, l’affaire Bolduc, l’a tellement écoeuré qu’elle ne mourra pas de sa belle mort parce que le champion du stéthoscope, pris la main jusqu’au poignet dans la bonbonnière, remboursera une partie de son magot. (Remarquez qu’il ne l’aurait pas fait s’il n’avait pas fait la manchette…)
Elle va coller au talon de Philippe Couillard comme une gomme à mâcher. Parce que non! Ce n’était pas une «grosse tempête dans un bien petit verre d’eau». C’est apparemment comme ça qu’on a vu les choses chez les docteurs…
Ce sera bientôt drôle de les voir parler dans le vide. De faire des bulles à la télé…
De les entendre supplier les Québécois de croire à l’austérité, à la responsabilité budgétaire, à faire plus avec moins. De faire différemment que les médecins qui en font de moins en moins pour toujours plus…bolduc
Bolduc l’a foutu en l’air, le message d’austérité. Pfftt! Zip! Kaput!
Ce sera rigolo de les voir parader, l’air simili contrit, et de les entendre, les docteurs Couillard, Barrette, Bolduc, dans les prochaines négociations avec les employés du secteur public. S’il y du fric pour l’aristocratie médicale, pourquoi n’y aurait-il pas pour les autres ? Parce qu’il n’en reste plus ? Non! C’est pas possible! Et c’est à cause de ça, l’austérité?
Le gouvernement Couillard est dans de sales draps et le temps n’arrangera pas les choses.
La moindre coupe à l’aide sociale sera mesurée avec la prime de Bolduc, cinq fois moins importante que celle de 1,2 million, empochée par Barrette Gaétan, médecin-ministre de la Santé, et hautement estimé par son syndicat médical! Ça facilite la rupture, paraît-il, et les cons ne doivent pas en faire une «tempête dans une flûte de champagne»…
L’affaire Bolduc nous autorise tout de même à exiger que soient dévoilés tous les privilèges – les honoraires, les frais connexes, les tarifs en douce ou en cash- consentis aux médecins ces dernières années. Les moins «travaillants» au Canada, a-t-on appris récemment. Parce qu’il n’y a pas que des primes dans les ententes négociées. Il y a des PPP nouvelle sauce. De petits privilèges particuliers, et surtout fiscalisés. Négociés dans le dos des contribuables, évidemment. D’ailleurs, on ne sait trop rien des actuels pourparlers et ça n’augure rien de bon cette tradition du silence politico-médical… La santé, avec ses milliards et ses multiples secrets, ressemble de plus en plus à l’UPA…
Tout ça, à mon avis, est très intéressant et j’ai vraiment hâte à l’automne. Surtout que le Front commun, rebaptisé Alliance intersyndicale pour nous épargner des décennies de mauvais souvenirs, fourbit ses armes et s’apprête à nous faire pleurer sur le triste sort des employés de l’État… Parce que la sécurité d’emploi n’empêche pas l’insomnie; on dort mal partout, c’est connu. Et tellement triste.
En attendant, quand je pense à Bolduc ou à Barrette, aux primes et aux salaires que se donnent les tenants du pouvoir, je tape sur des pieux en serrant les dents, je place et replace des dalles de béton que la colère rend plus légères…
Grâce à l’aristocratie sanitaire, je suis plus «travaillant» que de coutume et, demain ou après-demain, ma terrasse sera d’une solidité exemplaire…
J’y retourne de ce pas, ça suffit pour aujourd’hui. Restons zen, restons calmes, comme à la Régie du cinéma ou à la Commission de toponymie…
Allez, bon vent, bonne journée. Les gens heureux n’ont n’a pas besoin d’une prime pour apprécier la vie et les plus humbles boulots…
Le brouillard se lève sur le fleuve, les corbeaux jacassent dans les épinettes et mes outils semblent impatients…
Quand j’aurai terminé, je retournerai à la pêche. Là où y a personne…
À +


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