Le nombre d’immigrants acceptés annuellement au Québec a augmenté sensiblement au cours des dernières décennies et il est bien supérieur, toutes proportions gardées, à ce que la plupart des pays développés acceptent.
L’arrivée de plus de cinquante milles immigrants par année n’a pas empêché que se développe une pénurie de main-d’œuvre. Ce n’est pas surprenant. Grâce à l’immigration les entreprises peuvent combler des postes mais les nouveaux arrivants s’installent avec leurs familles qui ont besoin d’éducation, de soins de santé et d’autres services publics, impliquant de nouvelles infrastructures, le tout financé par les impôts des contribuables. La pénurie de main-d’œuvre n’en est aucunement réglée, elle se déplace simplement vers le secteur des services publics, ce qui se traduit par une détérioration des services.
Lorsqu’il y avait trop de chômage, aider les entreprises à créer de l’emploi était un choix politique incontestable. Maintenant les entreprises demandent qu’on accueille plus d’immigrants pour augmenter leur production. Certes l’immigration génère une croissance du produit intérieur brut. Elle ne permet cependant pas d’augmenter le niveau de vie, soit la richesse par habitant, parce qu’en moyenne les immigrants ont un taux de participation au marché du travail plus faible, des qualifications moindres et un taux de chômage plus élevé, ce que de nouvelles politiques de sélection ne pourront pas corriger totalement.
L’immigration représente un mode de croissance simple où la production du pays augmente par un accroissement de la population. C’est un mode de croissance qui plaît aux chambres de commerce, aux entreprises liées au marché local, aux entrepreneurs en construction et aux spéculateurs qui y voient leurs chiffres d’affaires augmenter tout seul. Les investissements actuels en immobilier et en services publics sont basés sur la prévision de l’arrivée de cinquante mille immigrants par années. En annonçant une baisse des seuils annuels d’immigration à quarante mille, on verrait déjà une atténuation de la pénurie de main-d’œuvre.
Il existe un autre modèle de croissance qui ne crée pas un problème de pénurie de main-d’œuvre. Maintenant que toute notre population active est au travail, nous pouvons accroître notre niveau de vie par des politiques misant sur des emplois dans des entreprises à plus forte valeur ajoutée. Pour l’instant on continue d’appliquer des politiques de développement adaptées à un contexte de chômage élevé. Est-ce qu’il faut que le gouvernement et les grandes villes continuent à subventionner le développement d’activités, comme le tourisme par exemple, intensives en main-d’œuvre peu qualifiée?
Le gouvernement devrait renforcer les programmes de modernisation des entreprises, l’automatisation permettant de réduire les besoins de main-d’œuvre. La rentabilité de ces modernisations n’était pas évidente tant qu’il y avait des surplus de main-d’œuvre mais elles deviennent plus intéressantes maintenant. Le gouvernement pourrait aussi mettre en place des programmes qui encouragent le déplacement d’employés peu rémunérés vers les entreprises en croissance, souvent exportatrices, qui ont besoin de main-d’œuvre. Tous les programmes devraient inclure de l’aide à la transition pour les personnes touchées. Les emplois peu rémunérés sont en général subventionnés directement ou indirectement par l’État, par exemple lorsque les employés et les entreprises ont des revenus trop faibles pour payer de l’impôt.
Par ailleurs, Investissement Québec pourrait avoir le mandat d’aider les entreprises québécoises en croissance à déplacer une partie de leurs emplois peu qualifiés à l’étranger en gardant les activités plus sophistiquées ici. Cela est mal perçu au Québec pour l’instant, mais c’est ce que les multinationales des grands pays prospères, et mêmes les nôtres, ont fait.
Au contraire, M. Legault donne à Investissement Québec un mandat très fort d’amener le plus grand nombre possible d’entreprises étrangères au Québec, lesquelles seront en concurrence directe avec les entrepreneurs québécois dans la recherche d’employés. C’est une politique incohérente de la part du gouvernement puisqu’elle implique davantage de pénuries de main-d’œuvre et une immigration toujours plus importante.
Puisque l’immigration est un sujet qui préoccupe les Québécois, car elle représente une menace à leur identité, il y a lieu de leur demander s’ils acceptent de soutenir les entreprises dans leur désir de croître en important des travailleurs.
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