En entrevue au Téléjournal (*) le 2 février, Jean Charest nous a fait un gros tour de passe-passe en transformant de lourdes pertes en profits. À côté de cela, celui qui changeait l’eau en vin aurait l’air d’un vulgaire amateur! On sait déjà que l’électricité produite sur la Romaine et autres barrages éloignés vont nous coûter les yeux de la tête, soit 10¢ à 12¢ du kWh, voire davantage, alors que le coût moyen du kWh produit au Québec est présentement de 2,14¢ du kWh, selon Charest.
Quiconque sait compter vous dira que vendre aux minières 6¢ ou moins du kWh la nouvelle électricité qui nous coûtera en fait 10¢ à 12¢, voire davantage à produire dans le cadre Plan Nord, ça va nous coûter une fortune. Vendre l’électricité à perte, c’est subventionner les minières à coups de milliards. Pourtant, Charest prétend qu’on n’a qu’à imaginer les barrages d’Hydro comme une immense piscine pour que les milliards ainsi perdus se métamorphosent soudain et comme par magie en profits.
Dans la piscine imaginée par Charest, les milliards perdus dans le Nord se mêleront aux profits faits dans le Sud où l’électricité sera vendue au reste de la province avec une grosse marge bénéficiaire. Abracadabra! Voilà! Les nouveaux barrages ne seront pas payés par les utilisateurs, soit les nouvelles minières nordiques, mais plutôt par les anciens clients, soit nous tous. Non seulement les actionnaires des minières feront-ils des profits mirobolants avec nos minéraux en échange de maigres redevances de 16% sur des profits qui pourront être atténués par une comptabilité créative (les minières n’auront qu’à les diluer dans une autre piscine imaginaire), mais les minières feront aussi des milliards grâce à la nouvelle électricité que Charest leur vendra à moitié prix (ou moins) du coût réel de production.
Ce n’est pas pour rien que plusieurs économistes, dont ceux de Desjardins, ont dit qu’on ne fera pas d’argent avec le Plan Nord. Quand on calcule tout, on constate qu’on va plutôt payer les minières pour qu’elles pillent nos ressources. Certains en profiteront, mais la collectivité québécoise va se faire royalement entuber pendant des décennies. On n'a pas fini de payer et de subir çà et là des hausses répétées de divers tarifs!
Karine Tremblay (...)
(*) Allez vers 3 minutes ½ de l’entretien, puis, pour l’entendre parler de sa piscine imaginaire, allez vers 4 minutes ¾ :
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 février 2012À 2.14¢ le kwh, je pense que ça doit être la pîscine des miracles, la piscine de Siloé. Y a pas grand monde qui croit à ça. Franchement, il aurait mieux fait de se taire. À ce tarif-là, je ne veux pas le voir signer de contrats.
Archives de Vigile Répondre
28 février 2012En son temps, le regretté Jean Drapeau parlait de «baignoire» quand il défendait la faisabilité de ses JO. On a vu ce que ses théories comptables nous ont coûté collectivement. Ceci dit, de nouveaux coûts s'ajoutent ces jours-ci à la facture du Plan nord que nous devrons éponger comme tout le reste. Ce sont les coûts de formation de la main d'oeuvre, parce que c'est nous qui paierons pour la préparation des travailleurs destinés aux minières. La facture en serait déjà à 130 millions $. A l'évidence, la «juste part» que les Québécois tireront de leurs ressources naturelles sera l'équivalent d'une enveloppe de «kool-aid» dans une piscine olympique. Nous n'en verrons même pas la couleur et ce sera imbuvable. C'est ça la piscine à Charest.