Nathalie Normandeau - Vice-première-ministre, ministre des Ressources naturelles et de la Faune et ministre responsable du Plan Nord
C'est avec un grand étonnement que j'ai pris connaissance des propos tenus par M. Jacques Parizeau, le 27 avril dernier, au sujet de la pertinence de poursuivre le développement des grands projets hydroélectriques, notamment celui de la rivière Romaine.
[...] Le Québec est aujourd'hui le quatrième producteur mondial d'hydroélectricité derrière les États-Unis, la Chine et le Brésil.
Notre hydroélectricité nous a aussi permis de développer une expertise unique au monde et nous en sommes aujourd'hui très fiers. Les revenus que nous tirons de nos exportations — qui, en 2010, se chiffraient à près de 1,1 milliard de dollars — contribuent à améliorer la qualité de nos services publics. Le contrat signé avec le Vermont s'inscrit dans cette voie. Hors de tout doute, le choix de miser sur l'hydroélectricité a permis le développement sans précédent de notre économie et de celle de nos régions. Plus de 60 ans plus tard, nous en tirons toujours de grands bénéfices collectifs.
De plus, grâce à nos centrales hydroélectriques, plus de 98 % de l'électricité produite ici, chez nous, est verte et renouvelable. Peu d'endroits au monde présentent un bilan aussi enviable: en Ontario, par exemple, 52 % de l'électricité provient du nucléaire, et plus de 25 % provient des combustibles fossiles, dont le charbon.
Un discours empreint de contradictions
Le discours du Parti québécois en matière d'énergie a souvent été empreint de contradictions. En voilà donc un autre bel exemple.
Le principal argument retenu par M. Parizeau pour remettre en question la pertinence de la Romaine et des autres projets hydroélectriques est celui du coût de production de l'électricité. Mais, en même temps, il demande au gouvernement de faire une plus grande place aux autres types d'énergies renouvelables soutenant que «les prix commencent à tomber».
Qu'en est-il réellement?
Avant les redevances qui doivent être versées au Fonds des générations, l'électricité produite par le chantier de la Romaine sera produite à 6,4 ¢. Si l'on compare le coût de production de l'énergie éolienne, celui-ci revient actuellement à 13,3 ¢.
Quant à l'électricité produite au Québec à partir de la biomasse et des biogaz, elle permet essentiellement de mieux gérer les matières résiduelles organiques. Cependant, les quantités d'approvisionnements accessibles à des conditions raisonnables sont relativement faibles et ne peuvent se comparer à notre potentiel hydroélectrique. À titre d'exemple, en 2009, un appel d'offres pour l'achat de 125 MW s'est soldé par des projets totalisant uniquement 60,6 MW au coût de 11,2 ¢ y compris le transport.
En ce qui concerne l'énergie solaire, prenons l'exemple de l'Ontario. Le prix de vente garanti varie de 44 ¢ à 80 ¢ du kilowattheure. Cela ne pourra qu'entraîner une pression à la hausse sur leurs tarifs d'électricités. Sur ce point, il faut se rappeler combien nous sommes choyés au Québec: le prix moyen facturé actuellement aux clients d'Hydro-Québec est de 6,88 ¢ le kilowattheure, comparativement à 11,82 ¢ le kilowattheure à Toronto et à 22,82 ¢ le kilowattheure à New York!
Capacité de payer des Québécois
Les décisions que nous prenons en matière énergétique s'inscrivent en continuité avec la Stratégie énergétique du Québec 2006-2015, adoptée par l'Assemblée nationale en décembre 2006 et faisant suite à des consultations et à des analyses rigoureuses.
Conséquemment, notre gouvernement continuera à soutenir le développement des énergies renouvelables émergentes, à diversifier ses sources d'approvisionnement et à soutenir le développement des régions du Québec. Toutefois, il faut être réaliste: même si elles en sont un excellent complément, ces énergies ne peuvent se substituer à notre hydroélectricité, économiquement rentable et environnementalement durable. Nous avons en effet la responsabilité de voir aussi à respecter la capacité de payer des contribuables.
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Nathalie Normandeau - Vice-première-ministre, ministre des Ressources naturelles et de la Faune et ministre responsable du Plan Nord
Réponse à Jacques Parizeau
L'hydroélectricité, une richesse inestimable
Stratégie énergétique
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