L’épée de Damoclès

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Le diable se cache dans les labyrinthes des relations fédérales-provinciales

Depuis des décennies, chaque discours sur le budget prononcé par un ministre des Finances du Québec, peu importe le parti auquel il appartient, comporte obligatoirement un passage réclamant une hausse des sommes versées par le gouvernement fédéral à un titre ou un autre.

Qu’un « séparatiste » comme Jacques Parizeau ne manque aucune occasion de pester contre Ottawa semblait être dans la nature des choses. En mai 1986, Gérard D. Levesque, un fédéraliste inconditionnel reconnu pour son aimable retenue, en avait cependant surpris plus d’un en dénonçant vertement le « fédéralisme prédateur » pratiqué par son vis-à-vis fédéral, Michael Wilson, même si le gouvernement de Robert Bourassa et celui de Brian Mulroney avaient la réputation de bien s’entendre. Près de 30 ans plus tard, Nicolas Marceau avait repris la même expression dans son deuxième budget. Cela n’avait pas plus impressionné Ottawa que la sortie de son lointain prédécesseur.

Carlos Leitão est aussi homme d’une grande affabilité. Jeudi, c’est donc de façon très courtoise qu’il a interpellé son homologue fédéral, Bill Morneau, qui présentera son propre budget mardi prochain et dont M. Leitão a simplement dit attendre une « approche de respect et de collaboration ».

Même si les besoins financiers du Québec demeurent pressants, malgré le retour à l’équilibre budgétaire, le ministre des Finances a expliqué qu’il finit par être coûteux de déchirer ses chemises comme d’autres l’ont fait et qu’il avait noté une « grande ouverture » à Ottawa depuis l’élection des libéraux de Justin Trudeau. Il aurait pu ajouter qu’après le spectaculaire coup de filet de l’UPAC, même une sainte colère serait passée presque inaperçue.


Alors que la croissance des revenus autonomes sera de 2,6 % en 2016-2017, celle des transferts fédéraux, qui représentent le cinquième des revenus totaux du Québec, sera de 5,7 %. Malgré cette apparente générosité, la grande incertitude entourant leur évolution au cours des prochaines années constitue une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus des finances publiques québécoises.

Même si les coûts de santé grimpent sans cesse, le gouvernement fédéral n’en financera plus que 22,2 % en 2016-2017, alors que cette proportion était de 50 % avant 1977-1978. En 2011, le gouvernement Harper avait décrété unilatéralement qu’à compter de 2017-2018, l’augmentation annuelle du Transfert canadien en matière de santé (TCS), qui est présentement de 6 %, serait plutôt indexée à la croissance du produit intérieur brut, avec un plancher de 3 %.

Qui plus est, la répartition du TCS entre les provinces qui, depuis 2014-20125, est basée exclusivement sur le nombre d’habitants, pénalise celles dont la population est plus âgée, en particulier le Québec, alors que les provinces qui abritent une population plus jeune, comme la Colombie-Britannique et l’Alberta, sont favorisées parce que la consommation de soins de santé y est sensiblement moindre.

Le gouvernement Trudeau s’est dit prêt à rediscuter du TCS, mais la ministre de la Santé, Jane Philpott, a déclaré d’entrée de jeu qu’elle souhaitait voir Ottawa jouer un plus grand rôle, ce qui soulève la question des conditions qui pourraient être attachées à une hausse du financement fédéral. À cet égard, M. Leitão a été catégorique : « Le respect des compétences du Québec est crucial. » Il est cependant clair que le Québec n’a pas le gros bout du bâton, et on sait que le premier ministre Couillard peut être d’une grande souplesse.
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