Depuis la Révolution tranquille des années ‘60, l’école québécoise a été confrontée à de nombreux changements. C’est ainsi que peu à peu le personnel laïc s’est substitué aux communautés religieuses, de nouvelles technologies ont fait leur apparition en pédagogie, de nouveaux cours ont fait leur entrée dans le cursus de l’élève.
De son côté, la société québécoise s’est détachée progressivement des rituels religieux, la moyenne du nombre d’enfants par famille a diminué, le modèle patriarcal de le famille a cédé la place à un modèle partagé entre le père et la mère, notamment à la suite du mouvement qui a vu de plus en plus de mères s’engager dans le milieu du travail, l’apparition du concept de l’enfant-roi est venue bousculer la relation maître/élève.
L’école d’aujourd’hui
Dans la foulée de ces changements importants au sein de la société québécoise, la mission de l’école d’aujourd’hui s’est petit à petit adaptée si bien que l’instruction a été confrontée à la notion d’éducation. Dorénavant, le personnel enseignant sera imputable, non seulement de communiquer des connaissance aux élèves mais aussi de leur inculquer des valeurs sociétales nécessaires à la construction d’une société plus juste et plus humaine.
Dans ce monde en mutation issu de la Révolution tranquille qui visait comme objectif d’offrir le droit de fréquenter l’école à tous les jeunes du Québec, sont apparus des élèves à besoins particuliers qui ont drainé dans leur sillon des approches pédagogiques nouvelles et l’arrivée de personnels spécialisés chargés de répondre à leurs besoins d’encadrement.
Il n’en fallait pas davantage pour que surgissent les écoles à projets particuliers axés sur les sports ou les arts et plus tard les langues, une démarche qui a eu pour effet l’apparition d’une école à deux vitesses, à savoir les groupes dits réguliers et les élèves inscrits à des projets particuliers.
Perspectives d’avenir
Il est périlleux de prévoir à quoi ressemblera l’école de demain. Toutefois, certains indices peuvent nous permettre d’entrevoir quelques pistes. Ainsi la survie du français au Québec représente un défi incontournable qui doit être abordé d’abord et avant tout à l’école. À cet effet, l’enseignement du français se doit de faire partie inhérente du projet éducatif de l’école de telle sorte que la qualité du français doit être évaluée dans l’ensemble des matières du cursus de l’élève.
Par ailleurs, les changements climatiques auxquels le Québec fait face depuis quelques années, tels les chaleurs extrêmes associés aux feux de forêt, les changements drastiques de température liés aux verglas, les pluies diluviennes causant des inondations dévastatrices sont tous tributaires d’un phénomène nouveau apparu récemment chez les jeunes, à savoir l’écoanxiété qui se manifeste lorsque les conditions climatiques mettent en péril notre survie. Dans cette foulée, le personnel scolaire devra être formé pour répondre adéquatement à ce phénomène chez les jeunes.
Enfin, l’arrivée de l’intelligence artificielle risque de chambarder considérablement les approches pédagogiques des enseignants, et ceux-ci devront faire preuve de vigilance, notamment au chapitre des évaluations en relation avec les tentatives de plagiats de certains élèves qui pourraient être tentés d’utiliser le robot ChatGPT.
En résumé, chaque époque apporte son lot de défis à l’école québécoise . Contre vents et marées, elle a dû, doit et devra se montrer à la fine pointe de ces défis tout en gardant le cap sur sa vocation première, à savoir communiquer aux élèves les connaissances requises pour leur permettre d’évoluer pleinement dans la société de demain.
Henri Marineau, Québec
Éducation
L’école québécoise contre vents et marées
Tribune libre
Henri Marineau2092 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
François Champoux Répondre
14 juillet 2023Bonjour M. Marineau,
Merci de votre réflexion.
Je pense que l’école a plusieurs paliers : le premier palier (primaire) doit former l’enfant à l’apprentissage des notions de base telles que la langue d’usage, la langue seconde (écrites et parlées), l’arithmétique, les notions de base en géographie et cosmologie, en histoire, la biologie de son corps, etc. Le but de cette première formation de base est de faire évoluer l’enfant vers la sortie de son néant de connaissance, vers la découverte du monde qui l’entoure.
Le secondaire vient lui permettre de raffiner ce qu’il a reçu au primaire : il est alors confronté de plus en plus aux réalités et à la bêtise du monde; là, il apprend à devenir de plus en plus critique du monde qui l’entoure : arrive alors graduellement la notion centrale du bien et du mal qu’il doit apprendre à inculquer à sa façon de vivre. Le rôle du formateur devient de plus en plus un accompagnateur afin de favoriser l’éveil du jeune vers plus de prise en charge personnelle de sa formation. Des notions politiques doivent être inculquées afin de faire comprendre que les humains n’ont pas réponse à tout, mais cherchent à favoriser l’équilibre en tout.
La vérité une et parfaite devient de plus en plus contradictoire et donc apparaît de façon officielle le doute systémique en tout.
L’école est souvent synonyme de formation, d’éducation en plus d’instruction : instruction, formation et éducation doivent de plus en plus se marier afin de permettre l’élaboration d’une personne à la fois autonome et sociale : un individu qui saura être une personne capable de prendre soin d’elle-même et d’être une contribution à la société dans laquelle il vit. Le respect de tout un chacun devient de plus en plus une notion qui prend de la place dans sa vie.
L’éducation par l’école est la porte d’entrée dans l’univers : celui-ci est immense et donc chacun doit trouver sa contribution à la société terre-à-terre à laquelle il veut et doit contribuer pour vivre décemment.
Nos sociétés ont perdu de vue cette mission éducative, formative et instructive normale par notre système économique trop axé sur la réussite financière; il serait nécessaire de favoriser cette prise de conscience que tout un chacun a sa place et son rôle à jouer pour la multitude : qu’il n’y a pas de sots métiers et que la violence n’a pas sa place en société, ni l’abus de pouvoir de quiconque.
François Champoux, Trois-Rivières