L’échec du référendum de 1980

Le PQ a toujours été avant-tout un parti social-démocrate


En ce 40e anniversaire du référendum de 1980, il est temps de faire un bilan de son échec. J’étais aux premières loges en tant que coordonnateur et initiateur du mouvement étudiant pour le oui (Méoui) tout en étant recherchiste au cabinet de Jacques Parizeau, alors ministre des Finances, président du Conseil du Trésor et ministre du Revenu. Mon interprétation de la défaite masque le succès inespéré d’un gouvernement compétent et intègre, une denrée rare dans le monde politique d’aujourd’hui dominé trop souvent par la corruption et le leadership de façade.


La principale cause de l’échec référendaire fut donc la réussite du gouvernement Lévesque en « tant que bon gouvernement provincial fort » dans ses champs de juridiction, réussite faut-il le rappeler, qui a permis la réélection du Parti québécois (PQ) moins d’un an plus tard en 1981. Tous les observateurs conviennent que les réformes entreprises par l’un des gouvernements les plus compétents de l’histoire du Québec a eu pour effet de sécuriser les Québécois. L’une d’entre elles et non la moindre, celle de la charte sur la langue française et la loi 101 ont permis aux Québécois francophones de retrouver leur fierté existentielle en tant que peuple minoritaire dans une Amérique du Nord à 98 % anglophone. Les gouvernements de l’Union nationale et Parti libéral s’étaient cassé les dents avec leurs lois 63 et 22 consacrant le bilinguisme officiel au Québec, ce qui signifiait tôt ou tard la mort lente du français au Québec puisque les immigrants étaient davantage attirés par la langue anglaise, symbole de richesse et passe-partout en Amérique du Nord.


Le Parti québécois, un parti avant tout formé d’idéalistes compétents, fut donc victime des succès de ses réformes qu’il a pu réaliser dans le cadre fédéral, un régime suffisamment souple permettant de nombreuses avancées sociales et économiques, et ce, sans fracture politique. Pensons à la création de la Société de l’assurance automobile du Québec et le « no fault » en cas d’accident, à la loi sur le zonage agricole pour mettre à l’abri de bonnes terres face aux spéculateurs immobiliers et à la loi sur les zones d’exploitation contrôlées (ZEC) permettant l’abolition des clubs privés de chasse et pêche qui contrôlaient l’accès à une grande partie du territoire du Québec.


Pensons également à la loi anti-briseurs de grève, la loi sur la protection des consommateurs, la création du ministère de l’Environnement, la loi sur la santé et sécurité au travail, la loi sur le financement des partis politiques, la loi sur le salaire minimum qui reconnaît pour la première fois les congés de maternité et la loi sur la décriminalisation de l’avortement. Enfin, le PQ a renforcé le « Québec inc. », par la création du régime d’épargne actions (REA) permettant aux PME de se financer facilement sur le marché boursier et du régime des actions accréditives finançant l’exploration minière sans compter le soutien financier pour la création de grandes entreprises québécoises (SNC Lavalin, Québecor, Bombardier, Provigo, Gaz Métropolitain, etc.) soutenues par la Caisse de dépôt et placement et la Société générale de financement, devenu Investissement Québec.


Pourquoi alors sortir du système politique fédéral, si le Parti québécois a pu y réaliser 95 % de son programme politique ? Par ailleurs, je peux témoigner que le référendum ayant été organisé vers la fin du premier mandat fut préparé à la dernière minute, sans cohésion autant dans la stratégie de mobilisation que de la question référendaire. Les leviers du mécontentement des Québécois à l’élection de 1976 n’existant plus, ceux-ci étant devenus rassasiés par les réformes en cours, que ce soit la loi 101 sur la langue française ou les avancées sociales et économiques qui marquent encore notre destin politique.




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