Conflit étudiant

L'art du compromis

Conflit étudiant - sortir de l'impasse



Dans cette crise devenue en caricature le combat d’une « gauche rêveuse » contre une « droite autoritaire », les Québécois ont été unanimes sur au moins un point, malgré la polarisation extrême du débat : ils souhaitent un véritable dialogue. Au 106e jour du conflit, ce rapprochement de bonne foi n’a pas encore eu lieu, faute de respect et de véritable écoute.
En serrant la main des Léo, Martine et Gabriel, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a rompu sur le plateau de RDI vendredi avec ce carcan du mépris dans lequel l’État s’était emmuré auparavant, rendant toute négociation caduque. Tous, nous avons la responsabilité de croire que cette négociation de la dernière chance peut fonctionner.
Les prochains pourparlers sont cruciaux : ils doivent signer le retour de la paix sociale, à quelques jours d’une saison touristique pour laquelle Montréal exprime de vives craintes. Ils doivent régler séance tenante le conflit sans en reporter les déchirements à la session d’automne ; il faut pour cela plonger dans le vif du sujet, la hausse des droits de scolarité. Ils doivent enfin susciter une adhésion unanime des représentants étudiants, sans quoi toute forme d’entente ne résistera pas à la clameur du terrain.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le gouvernement et les camps étudiants n’ont d’autre choix que de pratiquer l’art du compromis. Les grands principes qui ont mené le gouvernement à adopter cette ligne budgétaire, et les étudiants à la rejeter avec colère, ne peuvent plus être au coeur des échanges. Les balises de la négociation s’articuleront autour d’un montant : une hausse de 325 $ par année, pendant cinq ans, que l’on devra réduire, jusqu’à atteindre le compromis acceptable. Entre l’utopie de la gratuité et même du gel et cette hausse démesurée que l’on a voulu voir comme une « juste part », existe un juste milieu : le gouvernement a augmenté récemment les droits de 50 $ par session pendant cinq ans sans que cela provoque la moindre crise…
Pour rétablir la confiance, le gouvernement devrait surseoir à la portion odieuse de sa loi 78, qui concerne les droits de manifester et d’association. La suspension des sessions a permis de ramener le calme, on le constate dans les rues. Les règlements municipaux et le Code criminel suffisent clairement aux policiers pour encadrer les débordements.
Malgré tout l’appui populaire qu’une loi spéciale leur a fourni en coups de casserole, les étudiants ont aussi le devoir de la sortie de crise. Cela implique la fin de l’intransigeance, particulièrement du côté de la CLASSE. Des états généraux sur l’enseignement supérieur, et des élections, seront l’occasion idéale de faire le débat qui n’a pas eu lieu. En attendant, on cherche une solution.
Si les premiers temps de la discussion sont de mauvais augure, que l’on fasse tout de suite appel à plus grand que soi, un médiateur, un groupe de sages. Le temps est précieux. Et à bas les relations publiques pendant la négociation : si cela peut sauver la mise, les médias peuvent bien souffrir un temps d’arrêt.
Enfin : reconnaître un faux pas, une maladresse, une décision injustifiée, est un signe de hauteur. Mesdames, messieurs : ne l’oubliez pas.


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