L'argent de Jean Charest

Chronique de Bernard Desgagné

[Le journal Le Québécois soulève une question tout à fait légitime concernant les résidences du premier ministre Jean Charest.->2616] Les Québécois ont le droit d'être informés, et ce ne sont pas les mises en demeure des avocats de M. Charest, les congédiements de journaliste ou les remontrances de Luc Lavoie qui y changeront quelque chose.
À titre de simple citoyen, je veux être informé et j'insiste pour que la presse fasse son travail en toute liberté. Il ne s'agit pas de salir la réputation de M. Charest, mais bien de savoir si de généreux donateurs l'ont encouragé ou récompensé avec des cadeaux pour qu'il vienne défendre le PLQ et le fédéralisme au Québec. C'est une question primordiale.
Je veux savoir pourquoi le train de vie de mon premier ministre, qui possède deux résidences valant ensemble plus de deux-millions de dollars, semble dépasser largement ses moyens. Je veux que M. Charest nous dise, ne serait-ce que sommairement, mais tout de même avec preuves à l'appui, comment il peut se payer ce luxe. Je n'ai absolument rien contre la richesse et je sais que M. Charest travaille très fort. Je serais même d'avis que le salaire de premier ministre du Québec n'est pas assez élevé. Mais j'ai le droit de savoir si mon premier ministre est redevable à des personnes en particulier.
Il s'agit d'une question primordiale parce qu'au fil de l'histoire, on s'aperçoit que les Québécois qui ont défendu le fédéralisme canadien ont souvent confondu leur intérêt personnel avec l'intérêt général de la population du Québec. Qu'il s'agisse de Georges-Étienne Cartier, qui voyait sans doute dans le fédéralisme canadien de belles rentrées d'argent pour ses chemins de fer, de politiciens avides d'obtenir un prestigieux poste de ministre à Ottawa, d'éditorialistes grassement rémunérés par des empires de presse fédéralistes ou de gens d'affaires craignant, souvent à tort, pour l'avenir de leur entreprise, les fédéralistes québécois ont toujours eu de la difficulté à nous démontrer qu'ils cherchent avant toute chose à faire progresser le Québec.
On se souviendra des menaces du camp fédéraliste, toutes plus farfelues les unes que les autres (allant de la pénurie d'oranges à la perte des pensions de retraite, en passant par la «piasse à Lévesque») ainsi que des mensonges, de la tromperie et du non-respect des principes démocratiques ayant entouré les référendums de 1980 de 1995. Il est difficile de trouver, dans l'argumentaire fédéraliste, beaucoup de preuves de sincérité.
Cette observation est encore plus vraie aujourd'hui, alors que l'on voit mal pourquoi, en l'absence de toute proposition crédible de refonte du fédéralisme, le Québec devrait s'aplatir comme le propose Benoît Pelletier et s'empêcher de réaliser son indépendance. Le Québec est-il manipulé par les Desmarais, Bronfman et compagnie, qui agitent des épouvantails et achètent l'adhésion des uns et des autres?
Je veux savoir si Jean Charest défend le fédéralisme au Québec parce qu'il pense sincèrement qu'il y va de l'avenir du Québec ou s'il le défend peut-être aussi parce qu'il en tire des avantages personnels.
Bernard Desgagné

Gatineau


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