L'Arabie saoudite ne sera jamais l'alliée des Occidentaux

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En même temps, si nous ne vendons pas des armes aux Saoudiens, ce seront les Russes ou les Chinois qui le feront...

Il faut cesser de vendre des armes aux barbares saoudiens. Maintenant.


Je vais passer outre les détails sordides de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par un commando de l’Arabie Saoudite en territoire turc. On a déjà beaucoup insisté là-dessus et plus les jours défilent, plus on continue d’en apprendre sur cette indicible affaire.


Ce qui est indéniable, c’est à quel point l’image du royaume des Saoudiens en ressort ternie. Et pour cause. Des exactions comme celles-ci, révélées au grand jour, ne peuvent que susciter un profond sentiment de dégout.


Et de cynisme aussi.


Alliés des Occidentaux?


L’Arabie saoudite, c’est ni plus ni moins que l’État islamique qui a réussi, l’Arabie saoudite ne sera jamais une alliée des Occidentaux. Et pourtant, en dépit de violations répétées des droits de la personne et d’actions brutales comme celle que mène ce pays au Yémen, les Saoudiens continuent de jouir d’appuis au sein de nos démocraties.


Ce royaume est immensément riche. Pour s’assurer de la complaisance des régimes occidentaux, les Saoudiens font pleuvoir des milliards de dollars, notamment, en lucratifs contrats d’approvisionnements militaires.


Ces contrats se traduisent, chez nous, par des centaines d’emplois, souvent bien rémunérés, au sein de secteurs de pointe.


Voilà pourquoi le malaise est palpable quand les journalistes, ici comme en France d’ailleurs au cours des derniers jours, confrontent les politiciens afin de savoir s’ils annuleront ces contrats en réponse aux exactions commises par les Saoudiens.


Ce clip d’Emmanuel Macron en France circule beaucoup...


Juste des Jeeps!


Déjà en campagne électorale en 2015, Justin Trudeau avait été cuisiné par le chef du Bloc québécois de l’époque, Gilles Duceppe, sur le contrat d’approvisionnement militaire du Canada envers l’Arabie saoudite de plus de 14 milliards de dollars. On se souviendra de la réponse, évasive, du chef du PLC... « Ce n’est que juste des Jeeps! »


Bien entendu, c’est faux. Le Canada vend des véhicules blindés légers aux Saoudiens. Des véritables machines de guerre, majoritairement fabriquées à London en Ontario, par General Dynamics. Ce contrat crée et maintient des emplois.


Le PM du Canada le sait très bien quand on lui pose la question sur la possibilité d’annuler cette très lucrative entente avec l’Arabie saoudite. Voilà pourquoi tous les subterfuges sont bon pour trouver manière de ne pas résilier le contrat.


Peu importe le bilan catastrophique de ce régime concernant les droits de la personne, peu importe que celui-ci organise l’assassinat sordide d’un journaliste trop critique de ses méthodes. Peu importe la crise humanitaire effroyable causée au Yémen (la plus grave sur la planète en ce moment selon plusieurs ONG).


Money talks.


Libéraux et Conservateurs, même discours


Libéraux et Conservateurs sont demeurés très prudents lorsque questionnés hier sur l’approvisionnement militaire que vend le Canada à l’Arabie saoudite.


Justin Trudeau a déclaré que « [L]a réalité, c'est qu'on est dans une situation où le contrat qui a été signé par Stephen Harper et le gouvernement précédent rend ça extrêmement difficile de sortir de ce contrat sans des pénalités exorbitant(e)s (pour) les Canadiens ».


Voilà qui est commode, mais pas tout à fait vrai. Le PLC de Justin Trudeau aurait très bien pu annuler ce contrat en arrivant au pouvoir en 2015. Pourquoi? Car la majorité des approbations inhérentes à ce contrat n’étaient pas encore signées.


Le journaliste du Globe & Mail Steven Chase suit ce dossier depuis le début. Il l’a très bien expliqué au moyen de plusieurs textes, dont celui-ci, le 12 avril 2016, où il avance que le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion a procédé, discrètement, à l’approbation de six permis d’exportation qui couvrent 70% de ce contrat. Extrait du texte de Steven Chase :


« Foreign Affairs Minister Stéphane Dion has quietly issued export permits for the bulk of the shipments tied to a controversial $15-billion sale of combat vehicles to Saudi Arabia, a crucial green light for the deal that many thought had already been granted.


Mr. Dion approved six export permits on Friday covering more than 70 per cent of the transaction, newly released documents show – a decision that represents the most vital step in the Canadian government's arms-control process. The Liberals have long said they could not interfere with what they described as a "done deal" arranged by the Harper Conservatives. »


(Traduction : Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a discrètement procédé à l’approbation des permis d'exportation pour la majeure partie des envois, liés à une vente controversée de véhicules de combat à l'Arabie saoudite, d'un montant de 15 milliards de dollars.


M. Dion a approuvé vendredi six permis d'exportation couvrant plus de 70% de la transaction, comme l'indiquent de nouveaux documents publiés - une décision qui représente l'étape la plus importante du processus de contrôle des armements du gouvernement canadien. Les libéraux disent depuis longtemps qu'ils ne peuvent s'immiscer dans ce qu'ils ont décrit comme un "accord conclu" par les conservateurs de Harper.)


Voilà qui ajoute également au cynisme. Non seulement les libéraux savaient-ils très bien que ce ne sont pas que « juste des Jeeps » que le Canada vend au régime saoudien, ce sont eux qui ont procédé à la majeure partie de l’approbation de ce deal toxique pour les droits de la personne.