L'approche commune décodée en langage du peuple

Tribune libre

L’approche commune et ses conséquences dans les mots du peuple décodés pour vous…
J’échange depuis quelques années avec M. Sylvain Tremblay, un monsieur d’orientation scientifique et pour lequel j’ai beaucoup de respect.
Pour le bénéfice des lecteurs, voici l’analyse qu’a faite M. Sylvain Tremblay sur les conséquences de notre indifférence concernant le traité dit de l’approche commune.
M. Tremblay répondait en commentaire à mon article, [La curée contre nos actifs->27219], paru sur vigile.net en avril 2010.
Je complèterai de mes commentaires à la fin de son texte que voici et que j’intitule :
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L’approche commune décodée en langage du peuple.
Un texte de Sylvain Tremblay, collaborateur.
L’essentiel du Projet de traité de l’Approche commune, c’est de déclarer que le Pays innu est le territoire des habitants des réserves actuelles, et, par extension, de tous les innus inscrits hors-réserves aussi.
Dans le texte, c’est ce qui est appelé le Nitassinan, chaque réserve ayant le sien propre, en principe, correspondant, très étrangement, à l’ensemble des bassins versants de tout ce très grand territoire. On explique, pour s’en défendre, que chaque groupe innu, établissait son territoire dans un bassin versant.
Donc, ce Nitassinan étant posé, délimité, incluant toutes les régions habitées de la Côte-Nord et du Saguenay Lac-St-Jean, on propose aux innus des réserves signataires, dont eux seuls ont eu droit de vote là-dessus, pas du tout les citoyens des régions concernées, comme le précise bien M. Plourde, d’établir leur gouvernement dans une sorte de réseve agrandie, appelée Innu assi, qui sera leur capitale, propriété exclusive d’eux-mêmes.
On leur propose aussi de désigner des lieux spécifiques en-dehors du Innu assi mais dans leur nitassinan propre, qui auraient des fonctions ou des caractères particuliers, comme des parcs, lieux historiques, religieux ou de rassemblement, et qui leur appartiendraient en propre également. Ces choix, à l’instar du projet initial, n’appartiennent qu’aux intéressés et ne font l’objet d’aucune consultation auprès des citoyens des régions.
Les négociateurs seuls sont au courant, et quand tout est décidé, une tournée de communication est effectuée pour rendre compte des points importants, et ce qu’en pensent ces derniers, mais malgré toute tempête, le bateau passe quand même, car ce n’est pas de leurs affaires.
La politique régionale, c’est une affaire d’innus au pays des innus, exclusivement, en vertu du Projet de traité de l’Approche commune. C’est eux qui mènent désormais, sur tout leur nitassinan, y compris en dehors de ce qui leur apparttient en propre, où nous vivons, notamment, en vertu de cette entente de projet de traité.
Évidemment, tout semble normal, la députation, les mairies, les instances régionales, fonctionnent.
Les innus ne traitent d’ailleurs qu’avec les gouvernments, ils n’ont pas de temps à perdre avec les représentants régionaux. Leurs tractations sont invisibles à quiconque. Leur gouvernement aura un statut régional, c’est-à-dire que ce sera effectivement le gouvernement régional, du Saguenay Lac-St-Jean, par exemple, pour ce qui est du Innu assi de Mashteuiatsh.
La preuve c’est qu’instituer tout autre gouvernement régional pour le même territoire, incluant donc le Innu assi et autres territoires innus d’appartenance, serait conflictuel avec celui projeté par les Innus, et serait donc impossible. C’est pourquoi aucun gouvernement régional démocratique, incluant tout le monde y compris les Innus des réserves, ne sera proposé ou projeté tant que le Projet de traité de l’Approche commune sera en vigueur.
Comme ce projet de traité est aussi un projet pilote, applicable partout au Québec et éventuellement ailleurs au Canada aussi, probablement, il est peu probable que la création de véritables gouvernements régionaux démocratiques voient le jour au Québec.
Tout est bloqué par ce projet de traité, dont seules trois réserves sur neuf adhèrent toujours actuellement.
Ça, ce n’est que dans une première étape, car le Projet de traité, lorsqu’en vigueur, sera modifiable dans le temps à l’infini, par amendement constitutionnel, à étapes régulières.
L’Entente indique aussi que toute modification devra toujours être à l’avantage des Innus. Donc on a tout à perdre et ils gagneront tout le temps, ce sera inscrit dans la Constitution canadienne.
Dans un premier temps, donc, le choix de ce qu’ils veulent s’approprier comme terrains et ce qu’ils tenteront de nous taxer et imposer, ce sera juste assez pour ne pas trop nous énerver, mais entre-temps on fera des plans, en prévision du prochain amendement au traité, toujours en négociations secrètes, à l’abri des regards indiscrets de la population, pour en accaparer davantage et serrer encore la vis aux contribuables régionaux, qui n’auront aucun droit de vote au gouvernement Innu assi, ni d’ailleurs aucun représentant et ni même droit à la citoyenneté sur le Nitassinan des innus, où ils habitent pourtant quand même depuis quatre cents ans.
Au fur et à mesure que les années passeront, donc, et que les amendements au traité s’accumuleront, les régions vont complètement perdre leur élan de développement et vont stagner puis décroître et dépérir.
Les gouvernements vont leur annoncer toutes sortes de décisions malencontreuses et déplorables, fermetures de municipalités, d’usines, etc.. Les jeunes n’y verront plus aucun avenir et vont littéralement s’enfuir.
Comme les innus auront besoin de main-d’oeuvre, quand même, ils feront venir des travailleurs migrants, en remplacement, avec aucun droit d’établissement ni de citoyenneté. Ça, ce ne sera pas de l’immigration, car ils n’auront aucun droit là-dessus, au départ, mais ce n’est qu’une requête en main-d’oeuvre.
Même s’ils ne pourront pas empêcher l’immigration, qui voudra habiter une région où il ne sera jamais possible de devenir citoyen, ni de voter et ni non plus d’avoir de représentants au gouvernement régional ? Peut-être seuls les amérindiens inscrits de n’importe où au Canada, qui eux, auront la possibilité d’avoir tous ces privilèges.
Mais est-ce vraiment un privilège ? Aucun des programmes et services offerts aux Innus actuellement ne sera affecté, tout sera reconduit comme si rien ne s’était passé. Les innus demeureront des amérindiens inscrits. C’est écrit dans l’Entente. Ce qui change, c’est qu’on passera d’un gouvernement de village à un gouvernement régional, autrement dit le chef de la réserve deviendra le grand chef de tout le nitassinan, y compris de tous les citoyens de la région concernée, qui n’auront jamais voté pour lui, et qui n’auront d’ailleurs jamais la possibilité de le faire. C’est écrit et ça ne changera pas : ce projet de traité, ce n’est pas un cadeau !
Comme dit M. Plourde, et il a parfaitement raison, nous passons, par ce Projet de traité de l’Approche commune, sous les ordres directs du gouvernement fédéral qui a tous pouvoirs sur les Amérindiens et sur ce qu’ils possèdent, ainsi que sur tout ce qu’ils dirigent.
Tous les citoyens régionaux du Pays innu seront encerclés et prisonniers dans les Nitassinans dessinés sans eux et sans aucun droit y afférent.
Les pouvoirs du Québec sur ces régions vont s’estomper au fil des ans et tout peut arriver.
Plus rien ne sera politique, tout deviendra administratif. Nous n’aurons plus rien à gérer, on gérera tout à notre place.
Ce n’est pas dans notre mentalité de nous faire diriger sans aucune prise sur notre destin.
C’est pourtant l’idée maîtresse du Projet, nous enlever tout moyen de diriger comme il se doit nos régions, et de les confier à des réserves amérindiennes. Comme si on les confiait à des agences quelconques sans but lucratif, pour occuper leur temps et refiler les ristournes à leurs membres.
Merci M. Plourde de nous faire régulièrement un peu de lumière sur le Projet de traité de l’Approche commune, complètement perdu dans la brume des négociations secrètes depuis des années.
"Je me souviens", oui, c’est notre devise, souvenons-nous toujours de ce qu’on traite dans notre dos contre nous, c’est actuel, même si nous ne le voyons pas.
Un jour, ça va ressortir sur la place publique, et si nous ne sommes pas préparés pour y faire face, si nous n’avons pas appris ce que c’est, si nous n’avons jamais étudié en profondeur la question, on va encore confier ça à des incompétents tout autant que nous.
C’est rien de moins que notre pays tout entier que nous perdrons. Rien de moins, c’est sûr et certain.
Le Projet de traité de l’Approche commune, c’est la tutelle fédérale sur tout le Saguenay Lac-St-Jean et Côte-Nord et bientôt tout le Moyen-Nord, quand il sera en vigueur et que les autres réserves y adhéreront avec le temps.
Si ça réussit, toutes les autres régions du Québec sont susceptibles d’y passer aussi, car c’est un projet pilote.
Est-ce le pays qu'on veut pour nos enfants?
Informons-nous pour contrer ce projet qui ne nous appartient pas.
Par Sylvain Tremblay.
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Voici maintenant mon commentaire :
M. Tremblay, votre analyse de ce traité complète très bien la mienne, vous y apportez des précisions qui peuvent aider un paquet de gens à se sensibiliser aux enjeux en terme facile à comprendre et à assimiler.
C’est clair et net.
On fait croire aux Montréalais que les régions sont une charge sociale pour eux alors que les gens qui les habitent sont vos frères et sœurs.
Les régionaux sont les gestionnaires et protecteurs des investissements importants que nous y avons tous en commun et qui font notre richesse à tous, et en particulier les Montréalais.
Ne pas s'y opposer, va entraîner la fin de la fin de Québec comme province, de la francophonie, de Montréal comme métropole du Québec et surtout, la fin de la démocratie.
Les régions ayant changé de juridiction vont devenir territoire fédéral par héritage de la tutelle qu’Ottawa détient sur les Amérindiens et qu’il refuse de céder.
Montréal n'aura plus jamais l'occasion de reprendre de la vigueur sans les régions pour l'appuyer. Vos actifs, tous comme les nôtres auront été redistribués au profit des multinationales et dans l’ensemble Canadien. Le titre de province pour le Québec devient virtuel.
Nous sommes présentement victime de la mondialisation au profit des multinationales.
Il semble bien que dans la mondialisation, les peuples n'ont plus leur mot à dire dans leur qualité de vie et sur leur avenir.
Vous devez, citoyens de tous le Québec, connaître ces informations, il vous faut vous conscientiser sur l'avenir que vous désirez pour vos enfants et réagir.
N'attendez surtout pas que les informations qu'on vous donne vous viennent de vos députés tous partis confondus, ils sont tous à des années lumière de la connaissance même de ce que nous vous décrivons ici sauf notre bon Premier Ministre.
Les revenus de nos bras de levier comme la caisse de dépôt et l'Hydro-Québec sont en processus de changer de main et ne contribueront plus à notre richesse dans un avenir prévisible et rapproché.
Les entreprises d'état ne généreront plus de profits dans les coffres de notre état mais dans ceux des multinationales collaboratrices d'abord et du Canada ensuite, pour la démocratie, on repassera....
Tous les Québécois devront augmenter leurs impôts au delà de l’étouffement pour compenser le manque de revenus pour payer nos services et favoriser la migration des habitants.
La perception du Canada anglais de notre état de mendicité ne va que s’accroître.
Sans les régions, Montréal sera devenu un gros village canadien, tous les Québécois et en particulier les Montréalais, 50% de la population, auront perdues des centaines de milliards en barrages, usines de toutes sortes, mines, eaux etc, au profit des multinationales et du Canada anglais.
M. Tremblay, je n'aurais pas pu expliquer les conséquences de ce traité mieux que vous l'avez fait.
Pour la première fois au Québec, la véritable information que doivent savoir les citoyens circule vers les intéressés.
Nous sommes tous les véritables Autochtones du Québec et cela inclus les Amérindiens et les Montréalais.
Si nous persistons dans notre indifférence, nous reculons au temps du moyen age dans le meilleur des cas.
Merci à vous tous d’être là et je vous invite à diffuser abondamment cette information.
Jean-Pierre Plourde, avec la collaboration de M. Sylvain Tremblay


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2016


    Messieurs,
    Vos textes datent de 2010, peut-être que vos optiques ont évolué depuis ce temps. Sinon, je vous invite à lire cette brochure rédigée par Pierre Lepage, de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, pour vous initier à la question autochtone et que d’ailleurs tous les Québécois devraient lire : Mythes et réalités sur les peuples autochtones, disponible en ligne à : . Vous pouvez également consulter cet ouvrage de l’avocate Renée Dupuis : Quel Canada pour les autochtones? La fin de l’exclusion, paru chez Boréal en 2001.