L’anarchisme … du monde ouvrier … à la petite-bourgeoisie québécoise…!

Tribune libre

Les divers retours réflexifs sur le “Printemps Érable” sont l’occasion de mettre en évidence la présence de certains courants politiques en marge de la société québécoise, notamment celui d’un “anarchisme” qu’il convient de situer dans ses dimensions sociopolitiques et historiques.
Les Éditions Lux, qui nous ont déjà proposé des exposés complaisants sur un mythique “Black Block” de la part d’un certain Francis Dupuis-Déri (voir mon commentaire : bit.ly/YmGuNV), récidivent avec un exercice de propagande (Collectif, «Nous sommes ingouvernables», Lux, 2013) qui ne nous apportera pas la compréhension de ce fait de société qu’est la présence d’un courant “anarchiste”, éclaté entre diverses tendances, dans le mouvement étudiant, et dans quelques autres milieux sociaux québécois.
Ce qui constitue un courant politique historique de la classe ouvrière (européenne, nord-américaine, etc.), l’anarchisme, ou plutôt le mouvement libertaire, issu des luttes ouvrières du XIXe siècle (socialisme libertaire, syndicalisme révolutionnaire, etc.), a subi des mutations majeures en devenant l’idéologie à la mode, le prêt-à-penser d’une frange “radicale” de la petite-bourgeoisie québécoise.
En tant que courant ouvrier, le mouvement libertaire a servi, d’une manière insuffisante certes, de contrepoids aux dérives staliniennes qui ont affecté les organisations communistes et les expériences révolutionnaires de divers pays ayant vécu des régimes dits «communistes».
Le souffle libertaire, c’est celui qui a inspiré la Commune de Paris (1871), la République espagnole (1936), mais aussi, comme l’a fait valoir Jules Verne (*), écrivain moderniste et libertaire, la Révolte des Patriotes du Bas-Canada en 1837-38, dans son trop peu célèbre roman «Famille-Sans-Nom» (1889).
Outre des dérives relevant d’une logique de classe, l’anarchisme québécois “à la mode” souffre de ses origines anglo-montréalaises, d’un parti-pris anti-national voire anti-québécois, qui en fait non seulement - en tant que courant gauchiste (selon la définition léniniste) - un allié des forces politiques d’une droite représentant les intérêts de la bourgeoisie, mais aussi un agent idéologique “de gauche” des forces fédéralistes.
On remarque une migration des certains éléments “anarchistes” vers Québec solidaire : il n’est pas certain que ce parti, déjà aux prises avec une confusion idéologique incapacitante, y trouvera son profit politique !
Yves Claudé
(*) Jules Verne, un “anarchiste” indépendantiste ! (Vigile, 24 mai 2012)
http://www.vigile.net/Jules-Vernes-un-anarchiste


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2013

    Les seuls vrais libertaires et anarchiques, pour utiliser cette rhétorique d’un autre temps, sont les oligarques et les pseudo-élites ; une question de point de vue.
    Être lucide et réaliser que l’état est gangréné par des pouvoirs occultes ne fait pas de nous des suppôts de Satan et des vilains anarchiques.
    On s’enfarge dans les mots, on se fait constamment charriés par les mots et leurs définitions exiguës implantées dans nos esprits ; on inverse tout; dans cette optique les mots ne veulent plus rien dire ; jamais les mots et les concepts ne permettront d’y voir clair.
    Aujourd’hui comme hier, les mots ont toujours été utilisés pour nous trafiquer l’esprit et nous détourner de la réalité en nous maintenant dans la confusion.
    Allons au-delà des mots ; les mots ne sont que des outils, pas des finalités idéologiques. Nous ne sommes pas au service des mots, des concepts et des idéologies ! Nous créons les mots, les concepts et les idéologies lorsque ça fait notre affaire pour un temps, et dans un autre temps nous les détruisons pour en créer d’autres si ça s’adonne ! Les mots sont à notre service et sont éphémères ! Ne nous laissons pas berner par les mots !

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2013

    Cher Monsieur j'aime bien votre phrase...« Outre des dérives relevant d’une logique de classe, l’anarchisme québécois “à la mode” souffre de ses origines anglo-montréalaises »... Nous avons effectivement bien vu ces derniers mois autant dans les mouvements étudiants que dans la récupération des CASSEROLES en APPAQ (réunions de quartier SUPPOSÉMENT CITOYENNES ET SPONTANÉES) une récupération, une infiltration, une manipulation par des regroupements pseud-anarcho, souvent téléguidé par des regroupements trouvant leur sources et leur moyen, chez nos amis anglos. On pense au QPIRG, à la télé de Concordia etc... Des « internationalistes » qui utilisent une cause, une mouvance, un combat, une énergie, de façon à s'en servir pour la promotion de leur idéal. C,est une perversion. Et effectivement, ce n'est pas là qu'on retrouve qui que ce soit pour défendre la cause nationale Québécoise. Au contraire. J'ai moi-même assisté à des réunions PSEUDO CITOYENNES complètement pistonnées par ces personnes, dont l'auteur et prof que vous nommé et qui dirigeant d'une main de maître ces assemblée de quartier (supposément spontanée) et le faisait en se disant être JUSTE UN VOISIN COMME VOUS QUI A PARLÉ AVEC SES VOISINS et qui désire partager avec nous etc... Les fameuses APPAQ ont été crées et organisées par le QPIRG de Concordia et des regroupements de l'UQUAM, par des sociologue spécialisé dans les mouvements sociaux, le résautage par internet etc et des politicologues- prof et élèves. Ma plus grande tristesse c'est que le contact avec ces groupes déteint sur la pensée de jeunes Québécois francophones qui comme d'autres avant eux, finissent par avoir honte du concept national se retournant vers une lutte internationaiste bidon. Effectivement ces regroupement pseudo gauche libertaire finissent par jouer le jeu des gens de la droite, droite, droite et contre la nation Québécoise. Comme si on avait pas assez de trouble comme ça!!!

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2013

    Plutôt incohérant de penser que des anarchistes puissent supporter QS quand on sait que l'idée première de l'anarchisme est de ne pas avoir d'État.
    Je ne comprends pas pourquoi vous dites que les anarchistes sont anti-Québécois. Être antinationaliste ne veut pourtant pas dire être contre les personnes habitant une nation.
    Anarchistes = anti-Québécois = amalgame douteux + démagogie

  • Alain Maronani Répondre

    19 mars 2013

    "Afin de s’orienter au milieu des multiples querelles nationales actuelles, tant en Europe qu’ailleurs, nous pourrions nous fonder sur un texte de Bakounine. Après avoir prôné la nécessité d’un système social constitué de bas en haut par l’alliance libre des associations ouvrières et des communes libres [donnant] naissance à une fédération libre, nationale et internationale, il ajoute ce qui suit pour la Pologne, mais en remplaçant "Pologne" et "Polonais" par n’importe quel autre nationalité ou ethnie, nous disposons d’un critère sûr. Adversaire de tout Etat, nous rejetons, bien entendu, les droits et les frontières dits historiques"
    Bakounine.
    Bakounine, Kropotkine et les autres théoriciens de l'anarchisme n'ont jamais accepté l'idée de nation, principe bourgeois pour eux...à la différence de Marx.
    On est toujours le bourgeois d'un autre...
    Vous ne vous pouvez pas leur reprocher ce qui est une des bases de leur doctrine.
    Je me souviens avoir été au festival de théâtre anarchiste, organisé une fois par an à Montréal, et les quelques discussions avec des participants m'ont indiqué clairement qu'ils étaient pour un anarchisme "A Mari Usque Ad Mare"...
    Assez rigolo...