Une amie me faisait remarquer qu'il est incompréhensible que Quebecor soit si impitoyable avec le PQ et madame Marois après tout ce qu'elle a fait pour les aider dans l'affaire de l'amphithéâtre.
Hier, Canoë lui faisait dire "Mme Marois a la conviction que la création d'un tel parti permettra au PQ de mener le projet de souveraineté du Québec à bon port." Elle parlait de la création d'un NMQ, un nouveau mouvement citoyen. Ils la font passer carrément pour une conne. Elle sait bien qu'un autre parti indépendantiste va diviser le vote et faire passer le PLQ.
Donc, mon amie ne comprenait pas pourquoi Quebecor veut autant couler le PQ alors que le PQ les soutenait pour l’amphithéâtre à Québec.
Je lui ai expliqué que le PQ et madame Marois, dans cette affaire là, n’ont pas juste cherché à obtenir des votes dans la ville de Québec, en faisant du clientélisme. Ils ont défendu des intérêts économiques et les intérêts de la nation québécoise.
Il faut savoir qu’il y a deux grands blocs en lutte dans ce dossier-là.
D’un côté, Bell Canada, la famille Molson, Power Corporation et l’alliance Toronto-Montréal, premier pouvoir canadien dans la Ligue Nationale de Hockey.
De l’autre, Quebecor, Production J, Productions Feelinget l’alliance Edmonton-Calgary-Vancouver avec la ville de Québec, deuxième pouvoir canadien dans la Ligue Nationale de Hockey.
Bell est dans le téléphone, le cellulaire, l’Internet, la télévision. Molson, c'est pas juste la bière, c'est aussi le spectacle et le hockey. Power est dans les journaux et Power est copropriétaire des Remparts de Québec qui vont jouer dans l’amphithéâtre.
Quebecor a réussi l’exploit d’intégrer tout le domaine des communications. Il est aussi est dans le téléphone, le cellulaire, l’Internet, la télévision, en plus des les journaux et du spectacle (Production J). Il vient d’acheter Sun TV. Il a un allié de taille, Productions Feeling.
C’est donc une guerre de grande envergure qui se joue à l’échelle du Canada, pour la conquête de parts de marché.
Bell Canada est propriétaire de CTV, TSN, RDS et RIS et est l’allié d’Evenko, la maison de production appartenant aux frères Geoff, Andrew et Justin Molson. Bell est allié des Molson parce que Bell a besoin d’acheter du contenu pour diffuser sur ses réseaux de télé et pour vendre sur son réseau de cellulaire. Vous savez qu’on peut maintenant regarder un match de hockey sur son cellulaire.
Quebecor, de son côté, veut concurrencer directement le Centre Bell pour la tenue de spectacles, pour avoir du hockey à diffuser sur ses réseaux de télé et sur cellulaire et pour vendre des journaux et des magasines. C’est pour ça qu’il a besoin de l’amphithéâtre. Quebecor a lancé son propre réseau de cellulaire l’an dernier. En plus, Péladeau veut lancer TVA Sport pour concurrencer RDS. Et il veut lancer Sun TV News, une chaîne d’information continue au Canada sur câble et sur satellite.
Or Bell et Molson voulaient aussi avoir l’amphithéâtre à Québec, pour les profit bien sûr, et aussi pour bien finir la job de bilinguiser et bien canadianiser les citoyens de cette région. Molson a déjà des contacts et des activités avec ExpoCité qui est le service de la Ville de Québec qui gère, sur une base commerciale, un ensemble d'infrastructures et d'activités sur un site de 4 000 000 pi2 (371 000 m2) qui lui appartient. Evenko présente également des spectacles à la Place Banque Scotia, d’Ottawa. Imaginons la venue d’un artiste de l’ampleur de Lady Gaga. Un producteur comme Evenko pourrait l’amener en spectacle à Ottawa, Montréal et Québec.
Des milliards de dollars sont en jeu dans cette bagarre et la Ville de Québec en profitera, ainsi que ses citoyens.
L’alliance fédéraliste ne veut pas de la concurrence de Quebecor. Les Québécois (la nation) ont intérêt à avoir une autre équipe dans la Ligne Nationale de Hockey, une équipe qui porte fièrement les couleurs du drapeau du Québec et la fleur de lis sur la glace, une équipe à laquelle les Québécois s’identifient beaucoup plus qu’au Canadien de Montréal. La série Lance et compte ainsi que la série Montréal-Québec l’ont amplement démontré.
Cette information est entièrement disponible dans les média. Les députés le savaient ou auraient dû lke savoir. Mais il y a des députés du PQ qui n'étaient pas capable d'appuyer ça. Ils hïssent plus Quebecor que Power. Reste à comprendre pourquoi Quebecor n’est pas plus reconnaissant que ça vis-à-vis du PQ.
Premièrement, Péladeau fait des grosses affaires au Canada. Ses licences et ses fréquences de cellulaire, c’est avec Harper qu’il les a négociés et obtenues. La chaîne d’information continue au Canada, par câble et par satellite, c’est avec Harper qu’il va négocier ça. Par contre, au Québec, Péladeau semble avoir fait son lit avec Legault. À chaque occasion qui se présente, il attaque Power et Gesca. Il attaque aussi les libéraux, mais seulement sur des petits dossiers de corruption. Rien sur les vraies affaires. Et il donne des pages à Legault, à chaque fois qu’il ouvre la bouche.
Malgré cela, madame Marois a estimé que les intérêts de la nation québécoise, des citoyens de la ville de Québec et de son parti seraient mieux servis par Quebecor que par Bell et Molson. Avait-elle le choix ? Pas vraiment. Entre deux maux, il faut choisir le moindre, ou ne rien faire.
Je pense que son choix était le bon, mais, après coup, on réalise qu'elle a mal géré le dossier et la ligne de parti. Facile pour les gérants d’estrade comme moi, de dire ça après coup, mais au moins, elle a pris des décisions. Évidemment, ceux qui ne font rien ne font pas d’erreur.
Molson a construit son amphithéâtre à Montréal avec ses propres fonds, mais je n'en entend aucun, dans ce dossier, critiquer Bell Canada, ou Quebecor, pour le fait que ces entreprises multimillionnaires exigent des fonds publicspour leur projet, ni critiquer le PLQ et Charest pour l'avoir fait. Est-ce que c'était de l'électoralisme de la parte des libéraux ? Évidemment.
Harper, lui, a bien calculé. Il a refusé la subvention et a gagné ses élections, au Canada, pas au Québec. S'il donnait la subvention, il gagnait au Québec mais aurait perdu tellement de votes dans le reste du Canada qu'il restait minoritaire au parlement.
Les Québécois, constatant que le BQ était totalement impuissant dans ce dossier majeur, ont décidé de démontrer qu'ils n'en n'ont rien à foutre du fédéral et ont envoyé en mission une armée de poteaux.
Rhéal Mathieu.
L'intérêt national versus l'électoralisme
L'amphithéâtre maudit
Du mauvaise usage de la ligne de parti
L'affaire Desmarais
Rhéal Mathieu73 articles
Ex-felquiste.
Accusé faussement des attentats de la BAF. (Voir Le Journal le Québécois, numéro 3, 2008).
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
5 commentaires
Jean-Claude Pomerleau Répondre
24 septembre 2011Quebecor et la carte nationailste selon J. J. Samson:
(...)
Nationalisme
L’importance donnée à l’identification de la population à son équipe dépasse les seules considérations d’affaires. Elle s’inscrit dans la philosophie de Quebecor. Les médias qu’elle possède sont d’ailleurs aussi très près de leur clientèle.
La direction en fait une véritable obsession et c’est la raison pour laquelle ils dominent dans leur marché.
Quebecor se caractérise en plus par son nationalisme et par l’importance accordée à la promotion de la langue et de la culture française, sous toutes ses formes. Elle y consacre plusieurs millions chaque année en commandites et mécénat.
Une équipe de hockey professionnel qui représentera la capitale du Québec, francophone à près de 100 %, qui portera les couleurs du Québec et qui sera composée en grande partie de joueurs francophones, est une autre façon de soutenir le nationalisme québécois et d’affirmer le caractère distinct du Québec partout en Amérique du Nord.
Le nationalisme transcende les allégeances politiques. Il est un attachement à sa nation, dans lequel dominent notre fierté de celle-ci et l’honneur.
(...)
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/chroniques/jeanjacquessamson/archives/2011/09/20110924-141122.html
...
JCPomerleau
P.s On s'entends que Belle Media ne jouerait pas cette carte nationaliste. À un moment donné il faut faire un choix entre deux empires.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
28 août 2011L'intérêt de Molson est de bloquer le retour des Nordiques, Cette opposition à Quebecor a une dimension politique:
http://fr.canoe.ca/sports/chroniques/yvonpedneault/archives/2011/08/20110827-093553.html
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
15 août 2011Le Québec va retirer plus de 90 millions en taxes et impots de la construction du Nouveau Colisée. Le net sera donc d'une centaine de millions pour Charest.
Rappelons que la seule salle de concert de l'OSM a couté plus de 230 millions! Pour moins de 2000 sièges. Et une quinzaine de concerts par année! Pour l'élite d'Outremont et de Westmount. Qui déduisent le prix du billet de leur impot, via la cie.
Rhéal Mathieu Répondre
14 août 2011Un lecteur m’écrit en privé :
"Bell a payé son stade avec sa propre argent. Pourquoi Québécor ne peut-il pas en faire autant? Et, pourquoi la Marois veut nous gratifier d'une dette de 400 millions. Il n'y a rien à faire avec vous vous ne comprenez rien."
Ceci m’a obligé à préciser mes propos. Quebecor n’a pas exigé des fonds publics pour son projet.
Lire : http://www.gaetanfrigon.com/un-cadeau-qui-vaut-des-centaines-de-millions-de-dollars/
Je comprends que plusieurs ne suivent pas les liens que j’ai mis dans le texte pour lire et comprendre.
Alors, je vous explique : Bell n'a jamais payé le stade à Montréal. Le Centre Bell n'appartient pas à Bell. C’est juste son nom.
Le Centre Bell a été payé par Molson au coût de 230 millions de dollars canadiens (130 millions pour l'aréna, 50 millions pour le terrain, et 50 millions pour les équipements et l'aménagement).
Lors de la saison 2001-2002, on apprenait que George Gillett achetait l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal de même que l'édifice connu sous le nom de Centre Molson. C'est alors que Gillett a décidé de vendre les droits du nom de l'édifice. Ainsi, l'entreprise Bell Canada s'est portée acquéreur de ces droits pour la somme de 64 millions de dollars sur les 20 années subséquentes. Ainsi, depuis le 26 février 2002 et jusqu'à l'expiration du contrat de 20 ans, le Club de hockey Canadien recevra la somme de 3 million de dollars par année.
Lire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_Bell
Quebecor ne peut pas en faire autant parce qu'il est moins riche que Bell, c'est pas compliqué.
Alors, c'est Jean Charest du PLQ qui a décidé de fournir À LA VILLE DE QUÉBEC, 200 millions de dollars pour la construction d'un amphithéâtre.
Lire : http://www.cyberpresse.ca/place-publique/quen-pensez-vous/201102/10/01-4368943-200-millions-du-gouvernement-charest-dans-lamphitheatre-de-quebec-etes-vous-daccord-vos-nombreux-commentaires.php
Il ne donne pas 200 millions de dollars à Quebecor.
Quebecor va simplement louer l’amphithéâtre. C’est un autre modèle d’affaire. Une autre façon de faire.
La décision a été prise par Jean Charest du Parti Libéral du Québec. Et approuvée par le maire Labeaume.
Alors, pourquoi vous écrivez que “la Marois veut nous gratifier d'une dette de 400 millions” alors que c’est Charest qui en donne 200 ?
Vous prenez ça où ? Je suis intéressé à la savoir pour compléter mon dossier.
Rhéal Mathieu.
Marcel Haché Répondre
14 août 2011C’est la meilleure analyse politique que j’ai lue sur Vigile depuis un bout de temps. Bravo.
Un seul petit commentaire : peut-être…peut-être que Mme Marois a mal géré le dossier. Peut-être. Il n’en reste pas moins que cela a fait sortir les grenouilleurs de leur cachette.
La marge de manœuvre de Mme Marois n’a sans doute jamais été bien grande. Si son leadership n’est pas brisé bientôt, peut-être finalement que ces démissions d’indépendantistes démissionnaires auront l’effet de raffermir le P.Q. en face des couards, ceux particulièrement qui Nous tiennent lieu de gouvernement.