L’ami tapi dans l’ombre

7eb0602e28c929b1219ffe99cfda005d

Les adversaires les plus dangereux sont toujours ceux qui sont dans son propre camp






Après l’élection du 26 mars 2007, qui avait failli renvoyer le PLQ dans l’opposition, bon nombre d’apparatchiks libéraux en étaient arrivés à la conclusion que Jean Charest avait fait son temps.


 

Deux vétérans de l’époque de Robert Bourassa, Marc-Yvan Côté et Ronald Poupart, avaient alors offert à Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, de se charger de sa campagne à la chefferie si M. Charest décidait de tirer sa révérence.


 

M. Côté avait aussi été ministre de la Santé et il s’est rapidement lié d’amitié avec ce successeur. M. Couillard était bien au fait de ses talents d’organisateur et il n’avait pas refusé son offre, malgré sa comparution devant la commission Gomery, qui avait entraîné son exclusion à vie du Parti libéral du Canada.


 

Les choses ne sont cependant pas allées plus loin. Contre toute attente, le ciel s’est soudainement éclairci pour M. Charest, qui s’est très bien adapté à la situation minoritaire de son gouvernement, alors que ni Mario Dumont ni Pauline Marois n’ont réussi à s’imposer comme choix de remplacement aux yeux de la population.


 

Six mois après la victoire libérale de décembre 2008, M. Couillard a jeté l’éponge. À ce moment-là, il ne se considérait pas en réserve de la république. Le jour où les libéraux seraient battus, le nouveau gouvernement ferait sans doute deux mandats et lui-même n’avait aucune envie de les passer dans l’opposition, pour être éventuellement remplacé par un nouveau chef quand le balancier retournerait du côté libéral.


 

Même après que M. Couillard eut quitté la politique pour s’associer à un fonds privé d’investissement dans le secteur de la santé, il est demeuré en relation avec M. Côté. En mars 2009, ce dernier l’a même remplacé à pieds levé comme président d’honneur d’un souper-bénéfice de la Corporation du saumon de la Rivière-Malbaie, rapportait Le Journal de Montréal vendredi.


 

 


Alors que M. Couillard croyait avoir fait une croix définitive sur la politique, le résultat serré de l’élection de septembre 2012 a démontré que la marque libérale avait été moins ternie qu’on le craignait par les scandales de l’ère Charest. Dans la perspective d’une élection à brève échéance, l’ancien ministre est soudainement redevenu un candidat de choix.


 

Compte tenu de l’offre qu’il lui avait faite cinq ans plus tôt, M. Couillard ne pouvait pas être surpris que M. Côté ait « émis l’idée de s’impliquer » dans sa campagne la chefferie. On peut même penser que ce dernier lui a personnellement offert ses services. Dès lors qu’il revenait en politique, il a cependant bien vu le danger d’être associé d’une manière ou d’une autre à celui qui était devenu un véritable symbole de la corruption libérale.


 

On ne sait pas exactement dans quels termes M. Couillard a demandé à M. Côté de ne pas se mêler de sa campagne, mais il connaissait suffisamment le personnage pour se douter que ses propos pourraient être interprétés comme une invitation à faire preuve de la plus grande discrétion. À moins de passer la campagne à l’extérieur du pays, et encore, il était impossible que cet organisateur jusqu’à la moelle demeure les bras croisés. Qu’il n’ait pas eu de mandat officiel n’était certainement pas pour le dissuader d’intervenir. Au contraire, il est précisément le genre d’homme qui préfère agir dans l’ombre.


 

 


Les courriels obtenus par Le Journal de Montréal ne laissent aucun doute sur son implication, et il serait étonnant que M. Couillard n’en ait jamais entendu parler. Sinon, pourquoi l’organisatrice de sa campagne de l’est du Québec, qui était justement le fief de M. Côté, aurait-elle souhaité lui parler au lendemain de sa victoire ? Comment croire que cette conversation ne portait pas sur la politique, comme le prétend le premier ministre ?


 

M. Côté faisait-il partie de ces apparatchiks de l’époque Bourassa, dont le whip du PLQ, Stéphane Billette, « préfère taire le nom », qui ont été convié à une réunion en novembre 2012, alors que M. Couillard s’apprêtait à officialiser sa candidature, comme le croit l’opposition ?


 
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir



Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->