«Les Québécois sont nos frères et les Canadiens, nos amis», a déclaré Nicolas Sarkozy jeudi, après avoir fait la bise et décerné la Légion d’honneur à Céline Dion. Ouf! Et nous qui pensions que la France de Sarkozy nous aimait moins que le Canada depuis que Sarko a fait la bise à Michaëlle Jean…
Mais au fait, est-t-il préférable d’avoir un lien de famille ou un lien d’amitié avec les Français? Parce que la famille, vous savez, on ne la choisit pas. Et les chicanes de famille, parfois, c’est dramatique... Alors que les amis, les vrais, c’est pour la vie.
Au fond, on était très bien avec l’ancienne définition. Les Français, c’est des cousins. Et la politique de non-ingérence, de non-indifférence, ça voulait dire qu’ils se mêlaient de leurs affaires, en bons cousins, et qu’on s’occupait des nôtres. Mais s’ils commencent à jouer aux grands frères, ça pourrait mal tourner. Dans le genre : «Vous savez, chez nous, en France, on fait pas ça comme ça...» Ou encore : «Alors mon pote, c’est quoi cette façon de parler...?»
Et dire que Louise Beaudoin se vante d’avoir amélioré nos relations avec les Français... Mais de quoi elle se mêle, Mme Beaudoin? Si elle veut trafiquer nos relations familiales, amicales ou internationales, qu’elle aille se faire élire. Parce que nos relations avec les cousins français, ça va très bien, Madame la marquise.
Dites-moi, très sincèrement, est-ce que vous souffrez du «malaise identitaire?»
Ça doit bien exister, parce que si on se fie à Pauline Marois, la commission Bouchard-Taylor a nié «le malaise identitaire au Québec». Rassurez-vous, ce n’est pas la grippe aviaire. Mais ça doit être grave, parce que Mme Marois et Mario Dumont estiment que seule l’adoption d’une Constitution permettra de nous en guérir...
Mais Jean Charest ne veut pas. Le bon docteur Couillard aurait-il trouvé un vaccin?
Blague à part, c’est un débat de riches toutes ces jérémiades sur le malaise identitaire ou nos relations privilégiées avec les Français. Je ne dis pas que ce n’est pas sérieux ou important! Toutes les minorités se posent des questions sur leur avenir, et nous sommes une minorité en Amérique du Nord. Mais ce n’est pas une Constitution qui changera l’ordre des choses. Quant à la souveraineté, on en reparlera lorsque le PQ posera des gestes concrets au lieu de s’enliser dans une nouvelle présentation de la saison des idées.
Retour au malaise identitaire... Ainsi donc, nous n’aurions pas vécu de crise, mais des dérapages, selon les commissaires.
Mais qu’est-ce qu’une crise? Dans le Petit Robert, on la définit comme une phase grave dans l’évolution des choses, des événements, des idées.
Et qu’est-ce qu’un dérapage? Ça, on connaît, au Québec, surtout quand on prend le fossé, pendant l’hiver... Mais le Petit Robert nous apprend qu’en société, le dérapage indique un changement imprévu et incontrôlé d’une situation.
C’est donc vrai que le mot dérapage est plus approprié à la controverse un peu paranoïaque lancée par Mario Dumont sur les accommodements raisonnables.
Mais entre vous et moi, on n’a pas pris le fossé! Il y a eu quelques petits dérapages, ici et là, surtout lorsqu’un groupe de musulmans a voulu faire sa prière dans une cabane à sucre... Là, monsieur, on a frôlé la crise! Vous vous rendez compte? Dans une cabane à sucre...
Vous voulez savoir ce que c’est qu’une vraie crise? Rappelez-vous celle d’Oka, la mort d’un policier de la Sûreté du Québec, la fermeture du pont Mercier, l’intervention de l’armée. Ça, c’était une crise, avec des dérapages inquiétants de la part de certains animateurs démagogiques. Mais les accommodements raisonnables, c’est une série de petits incidents ou accrochages comme il y en a dans toutes les sociétés confrontées aux valeurs et aux habitudes de vie des nouveaux immigrants.
C’est dommage que Jean Charest n’ait pas acquiescé aux demandes de l’opposition d’entendre les commissaires Bouchard et Taylor en commission parlementaire. Parce que s’il est un point important, au lendemain d’un tel rapport, c’est de bien le comprendre afin d’en tirer les meilleures conclusions.
Ne soyons pas naïfs, il n’y aura jamais unanimité sur ce genre de question. À preuve, Gilles Duceppe se disait satisfait du document, jeudi, alors qu’hier, Pauline Marois reprochait à ses auteurs d’être passés à côté de l’essentiel, les solutions.
Il n’y a pas de solution-miracle à l’intégration des immigrants. Tout comme il n’y aura jamais de garantie absolue à la survie du français sur le continent nord-américain. Dans un cas comme dans l’autre, le succès passera par le respect mutuel et la volonté de réussir. C’est ça, le vrai message du rapport Bouchard-Taylor.
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