L’Allemagne est-elle en train de dicter les règles du Brexit au Royaume-Uni ?

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Le scénario d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural évoqué par De Gaulle en voie de se réaliser, au grand désespoir des États-Unis

Dans cet article, l’auteur évoque le scénario-catastrophe redouté par les USA, à savoir un départ des pays de l’UE vers l’Eurasie, avec à la clé un rapprochement avec la Chine, la Russie et les pays de l’Organisation de coopération de Shanghai via des investissements dans l’initiative One Belt, One Road, et au bout du chemin, la construction stratégique, politique et économique d’une grande Europe des nations « de Lisbonne jusqu’à Pékin en passant par Vladivostok ». Le problème pour les USA : ils n’auraient pas le contrôle de ce super-continent. C’est pourquoi ils luttent pour interdire son émergence et maintenir les structures dépassées de l’UE, et c’est pourquoi pour le moment encore, cet article relève de la spéculation — avec toutefois des indications intéressantes sur les peurs et les tensions qui ont motivé la propagande sans précédent pro-Macron à laquelle nous avons assisté en France.


« Des officiels du gouvernement allemand ont proposé à la Grande-Bretagne un accès au marché unique de l’UE moyennant une somme forfaitaire…


Selon le rapport de 35 pages sur les coûts potentiels du Brexit pour l’Allemagne, le départ de la Grande-Bretagne de l’UE posait le risque de « sérieuses conséquences pour l’économie et la stabilité, en particulier des effets sur l’économie réelle. » Les officiels du ministère ont calculé que Berlin devrait verser 4,5 milliards d’euros de plus par an dans les coffres de l’UE, en conséquence du départ de la Grande-Bretagne du bloc. Pour atténuer ces coûts, ils ont suggéré de faire payer au Royaume-Uni son accès au marché unique.


« Cette future contribution financière serait utilisée pour alléger les conséquences financières du Brexit (la réduction des dépenses de l’UE ou l’augmentation des paiements pour les autres États membres), a écrit Focus en citant les officiels… (Germany proposed charging Britain for EU single market access: magazine – Business news – Reuters, le 6 mai 2017)

C’est hilarant ! – L’Allemagne offre au Royaume-Uni un accès post-Brexit au marché européen pour une « somme forfaitaire » annuelle ! Et ce, apparemment, seulement pour que l’Allemagne n’aie pas à verser de sa poche quelque chose comme 5 milliards de dollars de plus dans le tonneau des Danaïdes de la bureaucratie hypertrophiée, surpayée et incompétente de l’appareil bruxellois de l’UE.


Nous ne pouvons qu’espérer que le Brexit soit suivi de beaucoup d’autres, par exemple le Frexit, la sortie de la France de la désunion européenne. Ce serait la fin de l’UE, ce qui serait une bénédiction pour l’Europe. Cela ne se produira toutefois pas avec Macron pour président.


Combien de Français et a fortiori d’Européens savent que Macron a réussi sa montée politique en commençant sa carrière avec les banquiers de Rothschild, et qu’il a ensuite été catapulté par Hollande et le premier ministre Valls à une place de ministre des finances de France, à la base pour déréguler tout ce qui ne l’avait pas déjà été et pour faire passer un décret, la tristement célèbre loi El Khomri sur le travail. C’est un mondialiste néolibéral, qui défend une économie néo-fasciste. [1] Ce n’est pas l’image qu’en donnent les médias, et ce n’est sûrement pas ce que veut la population.


Le 7 mai, comme beaucoup d’électeurs désenchantés français le diraient, ils ont eu le choix entre la peste ou le choléra, Macron ou Le Pen. Mais il y avait un autre choix – l’abstention ; montrer aux puissances leur écoeurement face aux mensonges de la propagande et aux politiques qui en résultent.


Qui, d’après vous, a financé la propagande de masse qui a amené Macron d’un passé presque anonyme jusqu’à l’Élysée ? – les banquiers et leurs lobbies, bien sûr. La mondialisation ne doit pas mourir. Le monde n’a pas encore été entièrement saigné à blanc. Si la France sortait de l’UE, comme les Britanniques l’ont décidé il y a presque un an, l’empire mondialiste pourrait s’effondrer – et le néo-fascisme serait en péril.


D’où la propagande massive pro-Macron pour les élections, menée par Bruxelles, Washington et les intérêts industriels et financiers qui leur sont liés. – ils ne veulent pas la chute de l’UE – les élites de chaque côté de l’Atlantique profitent grassement du système actuel, comme toujours au détriment de la population.


Mais revenons à la Grande-Bretagne : Le Royaume-Uni n’a pas besoin de l’UE. En fait, Londres a déjà tenu des discussions préliminaires avec la Chine pour des arrangements bilatéraux. S’ils se matérialisent, ils engloberont bien plus que la Chine, nommément toute l’Organisation de coopération de Shanghai, qui comprend aussi la Russie, la majeure partie de l’Asie centrale, le Pakistan, l’Iran, et l’Inde en candidat.


Si ces accords venaient à se matérialiser, le marché britannique serait lié à plus de la moitié de la population mondiale, et à un tiers de la production économique de la planète. Il n’y aurait aucun besoin d’une UE déclinante et de ses alliés occidentaux boiteux. Soyons clair : l’avenir est à l’Est. L’Occident est dépassé.


Nous espérons que les Britanniques ne céderont pas à l’offre « généreuse » d’accès aux marchés de l’UE de l’Allemagne.


Tout cela ne veut pas dire qu’une union européenne soit une mauvaise chose en soi. Toutefois, PAS et je répète PAS dans ses termes actuels, dans sa configuration actuelle. Cette construction doit être démantelée, et le plus tôt sera le mieux. Ce n’était même pas une idée européenne à la base, mais une initiative des USA juste après la Deuxième Guerre mondiale [2] – et les objectifs de Washington, même avant la Deuxième Guerre mondiale, consistaient à créer un continent de vassaux unis dans une « Union d’États européens », mais sans Constitution, donc sans buts politiques communs (une « non-union »), et avec une monnaie, l’euro, qui a été créée selon le même schéma frauduleux que le dollar et totalement dépendante du dollar, pour que le nouveau pantin soit facilement manipulé et contrôlé sur le plan économique. [3]

C’est frauduleux, parce que l’argent est produit par des banques privées, à partir de rien, sans être adossé à une valeur comme l’or, ce qui le rend idéal pour manufacturer crise après crise au bénéfice des riches et des banquiers. [4]

C’est précisément ce qui s’est produit. Et nous, en Europe, sommes en train de nous réveiller. Les Britanniques, avec le Brexit, ont ouvert la voie. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il ne soit pas trop tard.


Une nouvelle union européenne devrait naître en Europe, par des Européens, pour des Européens et sans interférence de l’extérieur, tout particulièrement pas d’ingérence de Washington. Cette nouvelle Europe doit être libre de choisir ses alliances, de l’est à l’ouest, sans restrictions et sans craindre de sanctions pour non-obéissance aux diktats d’un maître étranger auto-imposé.


Peter Koenig est économiste et analyste géopolitique. C’est également un ex-employé de la Banque mondiale qui a longtemps travaillé sur l’environnement et l’eau. Il donne des conférences dans des universités des USA, d’Europe et d’Amérique du Sud. Il est l’auteur de plusieurs livres.


Traduction Entelekheia

Photo Pixabay


Notes de la traduction :


[1] Le mot « néo-fasciste » se justifie si l’on se refère à la définition précise du fascisme par son inventeur, Benito Mussolini : l’État au service du secteur privé. A noter aussi : le néolibéralisme a été testé pour la première fois dans le Chili de Pinochet, au cours des années 70.


[2] Pour les anglophones, voir « How did Europe become an American Turf » (Comment l’Europe et devenue une arrière-cour des USA), par Bertrand M. Roehner.


[3] Voir à ce sujet le documentaire Princes of the Yen (sous-titres en français).


[4] Voir à ce sujet le documentaire 97% Owned (idem).



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