L'Acadie, un pays rayé de la carte? Mais toujours là!

(Troisième et dernière partie)

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Les Acadiens ont été disséminés par un vent mauvais alors qu’au moment de cette épouvantable déportation, ils menaient une vie tranquille et heureuse grâce à leur courage et à leur goût du travail, ne désirant qu’une seule chose, vivre en paix dans ce pays que leurs pères et les pères de leurs pères venant de France avaient créé voici plus d’un siècle et demi.

Quelques années seulement après tous ces terribles événements, la Nouvelle-France va devenir officiellement, lors du Traité de Paris de 1763, le Canada anglais. De ce fait, le gouvernement britannique de la Nouvelle-Écosse n’avait plus aucune raison de craindre les Acadiens. Ces nouveaux dirigeants de la Nouvelle-France, qu’ils n’appelaient d’ailleurs plus que Canada, avaient aussi grandement besoin de bras pour défricher la terre.

Malgré tout ce que les Acadiens ont alors subi, la perte de leurs maisons et de tous leurs biens, le démantèlement entier de leurs familles, des conjoints, des vieux parents, des enfants, tous éparpillés dans différentes directions, certains parmi eux, sont malgré tout parvenus à se retrouver après de très longues années. Mais tant d’autres sont morts, y compris dans les cales des bateaux qui les emmenaient loin de chez eux ou au cours de ces naufrages, cela rajouté à toutes les persécutions qu’ils ont subies tant d’années durant !

Tout cela sans doute leur a donné la force, le courage et l’envie de lutter pour refaire leur vie où qu’ils aient atterri, peu importe où le sort leur a fait recommencer leur existence. Ils ont travaillé très durement pour y parvenir.

Ils ont dû tout reconstruire, il leur a fallu repartir de rien ! Mais ils n’ont pas perdu l’espoir alors que tout était à refaire, ils n’ont pas perdu leur courage alors que leur vie avait été mise à terre.

Parmi tous les Acadiens dispersés aux quatre vents, il y a eu entre autres ceux qui se sont retrouvés dans les colonies de Nouvelle-Angleterre. Parmi eux, un petit nombre a réussi à s’adapter, quelques-uns y sont restés malgré le Traité de Paris qui leur redonnait leur liberté. Ils y ont fait souche. Il y a donc des descendants acadiens parmi les Américains de Virginie, de Caroline ou d’autres anciennes colonies.

D’autres ont réussi à rejoindre la Louisiane où se trouvaient déjà de nombreux Français. Ils ont été bien accueillis et s’y sont installés. Un nouveau groupe d’Acadiens a vu le jour, les « Cajuns », déformation phonétique créole du mot Acadien. Parmi eux se trouvent les descendants acadiens de Joseph Brossard, dit Beausoleil. Ils continuent à tout faire pour parler avec fierté le français malgré les nombreux aléas survenus plus tard après l’indépendance américaine. Car ces Anglo- saxons révoltés contre Londres, lorsqu’ils devinrent les nouveaux Américains, ont tout tenté pour éradiquer totalement la langue française en imposant à toute la Louisiane, leur seule langue anglaise !

Les descendants français de Louisiane ainsi que les descendants français d’Acadie essaient encore contre vents et marées de sauvegarder la langue de leurs ancêtres. Ils font partie du Codofil - Conseil pour le développement du français en Louisiane - pour la préservation et l’étude du français des nouvelles générations.

Il y a eu aussi de nombreux Acadiens qui sont arrivés à rejoindre la Nouvelle-France, soit en s’enfuyant des colonies anglaises où ils étaient retenus prisonniers, oit parmi ceux qui avaient pu échapper à la déportation anglaise en se cachant dans les bois et qui étaient arrivés à survivre tout en remontant vers le Saint-Laurent. Ceux-là ont été réconfortés d’arriver au milieu des Canadiens, français et catholiques comme eux. Cela a donc été sans doute un peu plus facile pour eux de s’intégrer. Cependant ils ne voulaient pas se faire remarquer, sans doute parce qu’ils étaient arrivés à un mauvais moment, au moment où la Nouvelle-France elle-même était attaquée, un moment particulièrement difficile où les Canadiens ne pouvaient pas vraiment aider ces nouveaux arrivants, n’ayant pas eux-mêmes le nécessaire.

Durant de nombreuses décennies, ces Acadiens arrivés au Canada n’ont pas voulu se distinguer des autres habitants. Ils préféraient passer pour des Canadiens comme tous les autres. Après tout ils étaient eux aussi des descendants français exactement comme eux. Ils possédaient le même passé commun, la même ancienne Mère patrie et le même ennemi lorsque la colonie française de la Nouvelle-France, après le Traité de Paris, a été cédée définitivement à la couronne d’Angleterre.

C’était certainement mieux pour eux de ne pas se faire trop remarquer principalement du conquérant anglais, puisque ce dernier les avait étiquetés, non pas comme des résistants mais comme des rebelles ... Curieusement dans le Traité de Paris, nulle part il n’existait une quelconque mention les concernant; sans doute parce que cela avait dû paraître inutile aux plénipotentiaires qui l’avaient rédigé puisque l’Acadie faisait partie intégrante de la Nouvelle-France. Dans ces conditions mieux valait ne pas étaler leurs origines acadiennes à ces autorités anglaises pointilleuses… Ainsi pendant plusieurs générations personne n’a rappelé ce passé, personne n’en parlait et nombreux furent des descendants de ces Acadiens de la province du Québec ou des autres provinces qui ont ignoré absolument tout de leurs origines.

Puis on a vu l’Acadie émerger au Nouveau -Brunswick, grâce à des Acadiens revenus vivre du côté de leur Acadie natale avec parmi eux des Acadiens survivants ressortis des bois où ils avaient vécu tant de cauchemars. Des Acadiens aujourd’hui fiers de ce qu’ils sont. Ils militent dignement. Ils se font entendre, ils existent, ils sont là et les Acadiens du Québec sont heureux de les rencontrer, d’entreprendre des actions avec eux.

Pour tous les Acadiens dispersés aux quatre vents, le vrai pays acadien reste l’Acadie appelée depuis tant d’années par les Anglais « Nouvelle-Écosse » mais aussi l’Île Royale (Cap Breton), l’Île Saint-Jean, (Île-du-Prince-Édouard). Aujourd’hui, c’est au Nouveau-Brunswick et dans toutes les provinces maritimes que se trouve la véritable Acadie, la terre acadienne, la terre qu’ils avaient choisie au départ de France lorsqu’ils quittèrent leur Mère patrie pour toujours… Là est le berceau du peuple acadien.

Et puis cent ans passèrent… Henri Wadsworth Longfellow, poète américain, apprend un jour d’un Canadien français l’histoire véridique d’un jeune couple à la veille de se marier, séparé par la déportation anglaise et la façon dont la jeune femme passa sa vie entière à rechercher celui qu’elle aime.

Henry Longfellow, est tellement ému en écoutant raconter cette histoire qu’il veut en apprendre un peu plus sur cette déportation horrible accomplie par les Anglo-saxons, puis terriblement sensibilisé aux problèmes arbitraires et abominables d’une déportation aussi inhumaine. Il commence aussitôt à écrire ce poème émouvant intitulé « Evangéline », permettant au cours de l’année 1864 de faire connaître au monde entier le sort de ce peuple français d’Acadie, un sort ignoré de tous ou presque jusque-là. Quelques bémols cependant au sujet de Longfellow: il dépeint des Acadiens ayant accepté cette tragédie avec une « résignation toute chrétienne », propageant longtemps une image faussée de ce drame. De plus, en bon Américain, il n’a pu s’empêcher d’en faire une ode à l’Amérique riche et prospère en démontrant comment les Acadiens ont pu avec une grande facilité reconstituer leur Éden perdu dans les bayous de Louisiane !

Néanmoins, ce long poème épique de près de cent pages a donné aux Acadiens une épopée à la mesure de leurs souffrances et « Evangéline » est devenue le symbole de leur appartenance à l’Acadie.

Curieusement les premiers à évoquer la déportation dans la littérature seront les Américains des anciennes colonies de Nouvelle-Angleterre, voulant peut-être se démarquer par-là des Anglais de Nouvelle-Écosse qui l’ont perpétrée ? Plusieurs romans en effet seront publiés, dont celui de Catherine Read Williams, qui si elle évoque bien les horreurs subies décrit les Acadiens qui deviennent par la suite de parfaits Américains comme « un dessein de la providence de les avoir envoyés dans le seul pays où se trouve la véritable liberté ! » Une apologie de la liberté américaine et anti-britannique !

Le roman de Williams et le poème de Longfellow ont certes eu un grand mérite, celui de parler de la Déportation. Ces tout nouveaux Américains, fiers de leur jeune indépendance, n’ont-ils pas cherché à se démarquer des Britanniques en minimisant leur rôle dans les horreurs commises en 1755 ? Mais en dépeignant un peuple qui s’est laissé déporter sans résistance et qui a été facilement assimilé, un tel arrangement de l’histoire acadienne semble inacceptable pour les auteurs canadiens-français et acadiens !

Plus tard de très nombreux auteurs acadiens suivront, racontant les événements tels que vécus au plus près… Une Acadienne, elle-même née à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick, Antonine Maillet, a permis à son tour de mieux faire connaître leur histoire. Par son engagement enthousiaste et passionné, par l’amour de son Acadie, elle a contribué grandement par ses écrits, par ses nombreux livres dont « La Sagouine » en 1976 à la faire connaître partout dans le monde, et encore plus spécialement en 1981 lorsqu’elle a écrit « Pélagie la charrette » dans lequel elle raconte le Grand Dérangement de 1755.

Enfin plus récemment le journal du colonel anglais John Winslow, chargé de la déportation des Acadiens, principalement à Grand Pré, a été traduit en français en 2003.* Ces écrits tenus au jour le jour sont des plus poignants à lire. Ils décrivent les atrocités endurées par les Acadiens, y compris les viols des soldats anglais qui trouvaient les Acadiennes « des plus charmantes ». À la décharge de Winslow, ce dernier tenta de réprimander ses soldats… Il décrit aussi la résistance inouïe des Acadiens, comment les femmes ont réussi à faire évader de jeunes garçons emprisonnés dès l’âge de dix ans à l’égal des hommes en les déguisant avec des vêtements de femmes.. Winslow détesta faire « la sale besogne » mais la population française d’Acadie était considérée par le gouvernement britannique comme une menace permanente. De plus sa présence l’empêchait de s’approprier toute la région. La seule et la meilleure solution envisageable était de se débarrasser au plus vite de ces personnes !

Et tristement a été détruit tout un peuple sans aucun remord tandis qu’en même temps une magnifique région a également été balayée, avec ses noms de villages français évocateurs, tels que Rivière-aux-canards, Rivière-aux-Habitants, Rivière-des-Vieux-Habitants, Village Gaspareau, Vieux-Logis et tant d’autres encore pour en faire une région aux noms de Canning, Windsor, Kentville, Upper Falmouth…

À Grand-Pré a été créé un musée du souvenir dans l’ancienne église Saint-Charles qui avait été incendiée par les Anglais. John Frédéric Herbin, un anglophone protestant, de mère acadienne, a été touché par la déportation et l’exil des survivants de ce peuple, terriblement ému devant son acharnement à revenir sur son sol si longtemps après… Il a écrit ce qu’il ressentait et ses écrits ont entretenu la flamme du passé acadien. Même s’il eut quelques difficultés, étant anglophone et protestant, à rallier à l’époque tous les Acadiens.

En 1907, avec les pierres des maisons incendiées, il a élevé une croix connue aujourd’hui sous le nom de croix de Herbin.

Grand-Pré constitue le lieu historique le plus important du peuple acadien. Il évoque ses heures les plus douloureuses et les plus valeureuses. C’est en ce lieu si particulier qu’il est rappelé à toutes les générations à venir l’exemple d’un peuple courageux et martyrisé afin que nul n’oublie !

Ainsi dans ce musée se trouvent de nombreuses œuvres telles celles de (Robert) Claude Picard, six grandes toiles sur la déportation des Acadiens, les quatre saisons de François Gaudet ou encore cette extraordinaire peinture murale, une huile sur toile, impressionnante, évoquant le drapeau acadien de Waybe Boucher, peinte en 2004 dans des fondus de couleurs magnifiques. Des plaques de bronze extrêmement émouvantes portent le nom des familles acadiennes déportées ou décédées. Leur nombre impressionnant fait tout le tour de l’église, rendant leur souvenir des plus tangibles.

Le visiteur regarde, s’informe, lit cette histoire bouleversante, s’arrête, touché, extrêmement ému, y compris aussi devant la statue d’Évangeline Bellefontaine, œuvre du sculpteur Louis Philippe Hébert, par tout ce qu’elle symbolise mais également devant un buste de Henry Longfellow, particulièrement reconnaissant pour l’empathie que cet homme, cet Américain, a ressenti pour le martyre des Acadiens et le récit qu’il en a fait, contribuant à faire connaître au reste du monde leur atroce et insupportable histoire.

Lors du premier congrès acadien en 1881 à Memramcook au Nouveau-Brunswick a été choisie la date de la fête nationale acadienne. C’est la date du 15 août qui a été retenue, fête de N.D de l’Assomption, parce que la France avait été consacrée à Marie pendant le règne de Louis XIII durant les débuts de la fondation de l’Acadie.

Le 15 août 1884 lors du deuxième congrès national des Acadiens à Miscouche, à l’île-du-prince-Édouard, le curé de la paroisse Saint-Louis de Kent, Marcel François Richard, a proposé à la commission chargée d’étudier le projet de doter l’Acadie d’un drapeau national. C’est tout simplement celui de la France qui a été choisi pour souligner l’appartenance des Acadiens à la civilisation française : « Lorsque nous regardons notre drapeau, il nous dit que nous sommes venus de France et que notre ancienne Mère patrie est la France. »

Cependant pour avoir un drapeau bien à eux, ils ont rajouté dans la partie bleue du drapeau l’étoile de Notre-Dame-de-l’Assomption, patronne de l’Acadie. Cette étoile est dorée afin de rappeler les couleurs du Vatican, montrant par-là l'attachement des Acadiens à l’Église catholique.

Cette étoile de Maris Stella représente la survivance des Acadiens. Depuis toujours elle guide les marins. Enfin, en 1994, un cantique en latin, l’Ave Maris Stella, a été choisi comme hymne national acadien. Un concours avait invité la population à composer une version française de ce cantique: le texte* de Jacinthe Laforest a fait l’unanimité.

Chaque année a lieu le 15 août le grand festival acadien à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, qui se veut la capitale de tous les Acadiens. Depuis le festival de 1979 ils ont décidé de faire ce jour-là le plus de bruit possible. Ainsi ce bruit s’appellera désormais le « Grand Tintamarre des Acadiens » pour faire connaître au monde entier qu’ils sont toujours là depuis quatre cents ans, pour que plus personne ne les ignore malgré les terribles épreuves qu’ils ont subies, malgré cette sinistre et monstrueuse tentative de faire disparaître leur peuple. Ils sont toujours vivants et le revendiquent haut et fort pour que tous l’entendent.

Ainsi chaque été au 15 août les Acadiens défilent où qu’ils se trouvent dans le monde et pas seulement en Acadie. Ils se costument aux couleurs de leur drapeau munis de « patentes » à faire du bruit, de tambours, de casseroles, de couvercles et de toutes les choses bruyantes qu’ils peuvent trouver et par ce tintamarre incroyable et fortement réjouissant ils expriment toute leur fierté acadienne dans un déferlement de bruit !

Les Acadiens n’ont plus de pays à eux mais où qu’ils se trouvent on sait qu’ils sont là. Le drapeau acadien flotte au vent à côté de leur maison et leur maison elle-même est bien souvent peinte en bleu blanc rouge, lorsque ce ne sont pas les bancs publics, une barque ou un phare….

«Les Acadiens peuvent sortir de l’Acadie, impossible de sortir l’Acadie de leur cœur !»

_______
*Serge Patrice Thibodeau poète, essayiste est auteur de récits de voyage. En 2003, il décida de se lancer dans la traduction d’une partie du journal de John Winslow, celle concernant la Déportation du peuple acadien. La plupart des textes traduits sont des lettres adressées par Winslow ou bien reçues par lui de différents officiers de l’armée et aussi rédigées par de hauts dignitaires comme par exemple Son Excellence Charles Lawrence, lieutenant-gouverneur au service de Sa Majesté et commandant en chef de ses troupes dans la province de la Nouvelle-Écosse.

*Hymne national Acadien :
«Acadie ma patrie, à ton nom je me lie, ma vie, ma foi sont à toi, tu me protégeras.
Acadie ma patrie, ma terre est mon défi, de près de loin tu me tiens, mon cœur est Acadien
Acadie ma patrie, ton histoire est ma vie, la fierté je te la dois en l’avenir je crois. »

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2014

    Je suis de plus en plus fier d'être de descendance Acadienne. Le congrès Mondial des Acadiens 2014 m'a insufflé l’énergie d’un projet rassembleur, c’est-à-dire inclusif. Je suis à faire un montage abrégé de l’histoire de la Déportation avec tout ce que ça signifie. L’avant, le pendant et l’après et encore l’après. Il est joliment plus que temps qu’au moins ma famille québécoise prenne enfin connaissance de ce qu’a été notre parcours.
    Nous avons toujours su que les Acadiens avaient déporté. Oui, et alors, cette seule phrase ne peut me permettre de faire un lien personnel avec moi.
    Donc, lequel de mes ancêtres a été déporté? Oh là là, il faut juste aller y mettre le gros orteil pour que ça commence à brasser. Je suis maintenant vraiment bien situé sur d’où je viens et ce que je suis en lien avec mon histoire, c’est un voyage incroyable, car nous sommes bel et bien habités par notre histoire. Je suis la 10e génération, donc ce n’est pas si loin.
    Mon animation profonde est de leurs rendre hommage, c’est un devoir de mémoire fondamental. Ils sont tous tellement plus qu’une statistique, et il en va ainsi pour nous qui sommes en mesure de raconter notre histoire actuelle.
    Je vais donc solliciter mes petits neveux et nièces 14 ans, 12 ans, 10 ans. Ils sont parfaitement capables de me parler de leurs grands-parents et leurs parents. Cet exercice sera de leur faire prendre conscience que d’autres nombrils ont existé avant eux et qu’ils sont le résultat du vécu des prédécesseurs, et ce, jusqu’à Bernard qui est décédé en Caroline du Sud et son épouse en Haïti et les enfants dispersés un peu partout.
    J'en ai pour en bon moment avec ce projet des plus emballant.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 août 2014

    Bonjour Marie Hélène MOROT-SIR,
    Au même moment où je termine la lecture de vos textes je suis saisi par la similitude des massacres qui ont lieu en Palestine depuis 70 ans, et ailleurs.
    La même psychologie barbare de prédateurs qui se propage depuis l'origine du monde alors que notre attention est détournées vers d'hypothétiques épidémies aux conséquences somme toute banales.
    Devant l'évidence, force est d'admettre que ce sont les mauvais traitements subis en enfance qui créent cette psychopathie. Il s'agit de lire Alice Miller pour en prendre conscience collectivement.
    Distinguées salutations.

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    8 août 2014

    Aujourd’hui 8 août 2014 a lieu le cinquième congrès mondial acadien.. «L’Acadie des Terres et Forêts», plus de 50 000 visiteurs sont attendus.
    Durant le Congrès, de nombreux auteurs et historiens présenteront des colloques et des conférences sur le passé des Acadiens. En même temps divers spectacles ont été programmés, pour animer la fête..
    Un spectacle d’ouverture a été prévu, mené par Roch Voisine, à Edmundston, sur la rive du lac Beau, là où les frontières du Nouveau-Brunswick, du Québec et du Maine se rencontrent, il y aura également de nombreux artistes, Natasha St-Pier, Jason Guerrette, Jean-Marc Couture, Joannie Benoit, Maxime McGraw ...
    Un autre moment fort aura lieu le 15 août, à Madawaska dans le Maine, où un grand feu d’artifice célèbrera la Fête nationale de l’Acadie.
    En clôture, des cérémonies sont prévues à Témiscouata-sur-le-Lac au Québec. En soirée, le spectacle «Racines» proposera de grandes retrouvailles des Acadiens du Québec.

    A Monsieur Boulet, merci infiniment de votre intérêt pour l’Histoire du Passé.. merci beaucoup de nous avoir partagé cette chanson du groupe Acadien “la virée” :Comptons-nous très chanceux qu’on puisse vivre aujourd’hui... savourer la vie “ Quelle belle philosophie à appliquer!
    A Monsieur Parent, en effet, toutes les provinces maritimes sont magnifiques à parcourir, avec en premier la Nouvelle Ecosse, mais aussi la baie des Chaleurs.. avec la rivière Ristigouche.. Il existe tellement de lieux émouvants dans cette région, comportant tant et tant de souvenirs du Passé.. Cette rivière où les Acadiens sont allés aider avec leurs amis Micmac la flotte française, envoyée tout exprès de France pour venir ravitailler, avec plus de 2000 tonneaux de vivres et de munitions, la Nouvelle France en mauvaise posture, en ce mois de de mai 1760 ..
    Le commandant François Chenard de la Giraudais poursuivi par les Anglais de Boston, n’a pu que s’abriter dans cette rivière. La bataille a eu lieu le 3 juillet, soutenu par les Acadiens et les Micmac à qui il avait donné toute la nourriture contenue dans les navires français, avant de les couler et de se rendre aux Anglais.
    Mais c’est loin d’être “la bataille qui a scellé le sort de la Nouvelle France”, comme un panneau l’annonce à l’entrée du musée de la Ristigouche ! Il y a eu bien d’autres choses, la bataille des plaines... il y a eu la victoire de Sainte Foy... il y a eu la perte de Montréal.. mais plus que tout le reste, ce qui a définitivement laissé la colonie française aux mains des Anglais, a été le malheureux traité de Paris du 10 février 1763 !

  • Mario Boulet Répondre

    6 août 2014

    Merci Madame Morot-Sir de cette troisième partie.
    Un jour, je suis parti quelques jours en vacances en Acadie. J'ai écouté la radio locale pour m'y abreuver de leur culture. On y entendait plusieurs chansons. Une qui m'a égayé parlait de ... la mort de nos proches. Les Acadiens ont une façon bien à eux d'accueillir la résilience. Voici la chanson du groupe acadien « La Virée »:
    Levons nos verres
    Disons qu’nous avons tous déjà dans notre vie
    Perdu un cousin, un frère, un ami
    Ça nous donne froid un peu de s’en rappeler
    Apportez nous à boire qu’on puisse se réchauffer
    Refrain
    Buvons, levons nos verres, à cette vie qui nous est si chère
    Buvons à la santé, de tous ceux qui nous ont quittés
    Comptons-nous tous chanceux qu’on puisse vivre aujourd’hui
    Levons nos verres à tous ceux qui aimaient
    Prendre un coup, boire un verre, se coucher tard la nuit
    Savourer la vie que chaque jour apportait
    Refrain
    On entend souvent dire dans les bars, les bistros
    Ils sont partis vers les cieux ben trop tôt
    Sans que l’on croie que pour eux la vie soit finie
    Mais qui sommes nous pour en décider ainsi
    Refrain
    L’ennui on le sent seulement quand l’autre est parti
    Si vous saviez comment c’qu’on s’ennui
    Le ton rempli de respect levons la main
    C’est pour vous que nous chantons ce dernier refrain
    Refrain X 2

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2014

    Mme.Morot-Sir
    D'habitude je suis assez volubile mais là, les mots me manquent et l'émotion m'étreint. Le constat le plus désagréable que votre récit évoque, est cette prise de conscience sur l'ignorance de notre Histoire. Venant de France, vous avez été à Grand-Pré tâter de la réalité historique de ce Grand Dérangement. Combien d'entre nous sont allé faire ce "pèlerinage"? Très peu je crois.

    Après l'avoir fait en commentaire aux tomes un et deux de ce réci, je vous réitère mes profonds remerciements pour vos patientes recherches et pour nous les avoir communiquées de si élégante façon. Je nage peut-être dans l'utopie mais je crois que viendra le temps où les Québécois imiteront le courage de ces Acadiens et oseront se lever pour exprimer leur existence.
    Ivan Parent