Kanesatake - Le provocateur

L'hypothèse la plus réaliste a été émise par le grand chef de Kanesatake, à savoir que le geste de M. Ducharme visait seulement à faire monter les enchères pour un rachat rapide par les gouvernements.

Crise d'Oka - 20 ans plus tard... et aujourd'hui


Un promoteur résolu à tirer le maximum de profits de la vente d'un terrain, cela n'a rien d'original. Ce qui surprend dans le cas de Norfolk, la société propriétaire de quelques terrains situés en face de la célèbre pinède d'Oka, c'est que cette petite compagnie inconnue jusqu'ici soit prête à perturber l'ordre public pour corriger sa propre erreur d'investissement.
Sil n'y a pas eu d'affrontement à Oka, vendredi dernier, c'est parce que les habitants de Kanesatake ont fait preuve de raison et la Sûreté du Québec de beaucoup de tact devant la provocation des représentants de la Norfolk venus recenser les arbres à couper sur leurs terrains.
Hier, le promoteur Normand Ducharme rencontrait le conseil municipal d'Oka qui a récemment imposé une «réserve foncière» en vertu de la loi sur les expropriations, une mesure qui empêche toute construction pendant deux ans. Frustré par cette décision, M. Ducharme a lancé un ultimatum à la Ville et aux gouvernements: vous me donnez 400 000 $ pour mes terrains ou je passe à l'acte!
Voilà une menace bien futile dont les autorités auraient tort de se formaliser. M. Ducharme est devenu propriétaire de ces terrains en 2009, sachant sans doute qu'ils faisaient partie de négociations entre Ottawa et le conseil de bande de Kanesatake. S'il ne le savait pas, c'est bien sa faute!
Personne ne conteste le fait que Norfolk soit propriétaire de ces lots, l'équivalent de trois terrains de grandeur normale, qui auraient été acquis au moment d'une faillite. Les a-t-elle payés ou s'agissait-il de biens saisis? Dans un cas comme dans l'autre, en termes marchands, ils ne valaient sûrement pas les 100 000 $ inscrits au rôle d'évaluation compte tenu de leur localisation. Qu'on pense les vendre, aujourd'hui, quatre fois plus cher à des individus désireux d'y construire, cela paraît bien peu plausible.
En effet, quel est l'innocent qui osera payer 130 000 $ pour un lot situé en face de la pinède d'Oka, puis dépenser deux fois cette somme pour y bâtir maison? L'hypothèse la plus réaliste a été émise par le grand chef de Kanesatake, à savoir que le geste de M. Ducharme visait seulement à faire monter les enchères pour un rachat rapide par les gouvernements.
Malheureusement pour lui, détenir des titres de propriété ne veut pas dire que l'on peut y faire ce que l'on veut. Dans le cas d'une propriété située en zone humide, par exemple, ou en zone à risque de glissements de terrain, toute construction devient interdite du jour au lendemain, et le propriétaire ne peut pas s'attendre à recevoir un dédommagement gouvernemental.
Combien d'habitants d'Oka ont eu droit à un dédommagement équivalant à la perte de valeur de leur propriété depuis 1990? Eux, pourtant, l'auraient bien mérité!
Si Norfolk a été mal informée au moment de la transaction, elle n'a qu'à poursuivre le vendeur pour vice caché... ce qu'elle ne fera pas, bien sûr, puisqu'il s'agit d'une faillite!
Reste le gouvernement fédéral, ou la municipalité, mais, de grâce! monsieur le maire, ne dépensez pas l'argent des contribuables pour corriger l'erreur d'un aussi mauvais investisseur!
Dans les circonstances, la seule conclusion possible devant une attitude aussi cavalière de la part d'un financier, c'est qu'elle constitue une menace pure et simple à l'ordre public et doit être traitée comme telle par les autorités politiques et policières.


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