Reconnaissance du Québec comme une nation

Justin Trudeau rappelé à l'ordre

Trudeau Justaclown



Bellavance, Joël-Denis - OTTAWA - Le Parti libéral appuie sans réserve la reconnaissance du Québec comme une nation, a affirmé hier le bouillant député libéral Denis Coderre, invitant ainsi au passage Justin Trudeau à s'en tenir à la position du parti sur cette délicate question.
M. Coderre a tenu à remettre les pendules à l'heure hier après que La Presse eut rapporté que les propos controversés tenus par M. Trudeau dans une entrevue accordée à un hebdomadaire anglophone de la région de Montréal.
Dans cette entrevue, M. Trudeau réaffirme son opposition à la résolution adoptée il y a un an par la Chambre des communes reconnaissant la nation québécoise. Il y affirme notamment que cette résolution n'aurait jamais dû être adoptée par les députés, selon lui, parce qu'elle sème la division au Canada.
"Toute cette idée d'un statut spécial pour le Québec, ou la reconnaissance du Québec comme société distincte dans la Constitution ou la reconnaissance des Québécois comme une nation, le problème que j'ai avec cela, c'est que cela crée des divisions, cela sépare des groupes au sein d'autres groupes", a affirmé M. Trudeau dans l'entrevue accordée au Nouvelles Parc-Extension News.
Ces propos ont soulevé l'ire de nombreux militants libéraux du Québec hier. Le député Denis Coderre ne s'est pas gêné pour rappeler que les propos de M. Trudeau ne reflètent nullement la position du Parti libéral.
"Le Québec est une nation et c'est une réalité incontournable, que certains le veuillent ou pas. Jean Chrétien a fait adopter une résolution aux Communes qui a reconnu le Québec comme une société distincte (en 1995). Et j'étais là quand on a voté presque à l'unanimité pour une résolution reconnaissant que le Québec est une nation", a affirmé M. Coderre.
L'an dernier, le gouvernement Harper a fait adopter à la Chambre des communes une résolution reconnaissant que "les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni." Le premier ministre Stephen Harper a lui-même déposé cette résolution après que le Bloc québécois eut présenté une motion comparable mais sans les vocables "au sein d'un Canada uni".
Le gouvernement Harper est passé aux actes dans ce dossier après que les libéraux, qui étaient en pleine course à la direction, s'entre-déchiraient sur la justesse de reconnaître la nation québécoise. L'un des candidats favoris dans cette course, Michael Ignatieff, s'était fait le principal défenseur de cette idée au sein de son parti, s'attirant du coup les foudres de l'aile orthodoxe du Parti libéral et d'autres candidats dans la course à la direction, dont Gerard Kennedy et Stéphane Dion.
Sous le couvert de l'anonymat, un député libéral a qualifié de "stupide" le geste de Justin Trudeau qui relance le débat au sein des troupes libérales à quelques mois d'élections générales. "Il devrait commencer par se faire élire. On peut avoir des idées, mais quand on fait partie d'une équipe, avant de faire de telles déclarations, il y a une aile parlementaire. Mais je ne vois pas pourquoi il fait cela à ce moment-ci. Il ne fait pas oeuvre utile", a dit le député.
Un stratège libéral a pour sa part affirmé que Justin Trudeau est passablement isolé sur cette question. "Il a dit ce qu'il pense, mais ce n'est pas représentatif de la position du parti. Le parti a évolué sur cette question et il y a maintenant un consensus assez large", a dit ce stratège influent.
Le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, Michael Fortier, s'est pour sa part dit ahuri et choqué par les propos de Justin Trudeau qui se demandait plus tôt cette semaine pour quelles raisons les Québécois sont reconnus comme une nation.
"C'est ahurissant et choquant d'entendre de tels propos. Il ne faut pas s'en surprendre. C'est dans la suite des idées de son chef, dans la suite des idées de son parti. Il y a une rupture totale avec le Québec. On le voit dans les sondages", a continué le ministre. M. Fortier estime que si les libéraux fédéraux poursuivent sur cette lancée, de grandes difficultés les attendent aux prochaines élections.
M. Trudeau a de nouveau refusé hier de répondre aux questions des médias à ce sujet.


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