Quousque tandem abutere, Canada, patientia nostra ? (d’après Cicéron).
Comme je ne prétends pas avoir l’éloquence de Cicéron, ma référence s’arrêtera là, ce qui fera sûrement le bonheur de ceux que le latin horripile. Mais ma colère n’est pas moins grande que celle de Cicéron à voir comment le gouvernement fédéral, avec l’argent de nos impôts, se moque des règles de son propre jeu quand vient le temps de reconnaître les revendications financières du Québec.
Aujourd’hui, c’est La Presse, sous la signature de Francis Vailles, qui nous apprend la « bonne » nouvelle. En effet, en 2010 – 2011, le Québec touchera 664 millions de moins du fédéral au titre de la péréquation en raison de la moins mauvaise performance de son économie par rapport à celle des autres provinces depuis le début de la récession. Jusque là, rien à redire. C’est la règle du jeu de la péréquation.
C’est après que ça se gâte, et là, rien ne va plus.
En effet, toujours selon La Presse,
« Par ailleurs, le gouvernement du Québec a plusieurs litiges avec le fédéral concernant la péréquation, apprend-on dans le budget. Le ministère des Finances réclame ainsi 845 millions de dollars par année au fédéral pour de présumés mauvais calculs de péréquation. »
« Le premier dossier concerne l'inclusion des revenus d'Hydro-Québec dans le calcul de la richesse du Québec. Le ministère estime que le fédéral inclut une trop grande part des revenus d'Hydro, ce qui accroît la richesse relative du Québec et diminue les versements de péréquation. En principe, les dividendes d'Hydro-Québec sont inclus au titre des revenus de ressources naturelles. Or, pour l'Ontario, le fédéral vient d'exclure de ces revenus ceux tirés par Hydro One, le pendant ontarien d'Hydro-Québec, dans le transport et la distribution d'électricité. »
« Québec réclame un traitement équivalent. Ainsi, retrancher le transport et la distribution d'électricité des revenus de l'assiette des ressources naturelles de la péréquation rapporterait 250 millions de dollars par année au Québec. »
« «Le Québec a transmis au gouvernement fédéral toutes les données nécessaires pour procéder au changement demandé. Malgré plusieurs demandes du Québec, le gouvernement fédéral s'est montré peu empressé à corriger cette situation», est-il écrit dans le budget. »
« Le deuxième litige porte sur l'iniquité du calcul des paiements depuis que le fédéral a plafonné l'enveloppe, en novembre 2008. Le ministère des Finances du Québec soutient qu'avec le nouveau régime, la capacité fiscale du Québec après péréquation est plus faible qu'ailleurs. L'écart global serait de 357 millions par année. »
« Enfin, le Québec réclame des «paiements de protection» du fédéral afin que les versements ne diminuent pas en 2011-2012, entre autres. Ces «paiements de protection» ont été versés à plusieurs reprises par le fédéral pour d'autres provinces ces dernières années. »
« Le Québec n'a pas bénéficié de ces paiements en 2003 lorsque les transferts fédéraux ont baissé. Il rembourse d'ailleurs toujours au fédéral des sommes reçues… [prétendûment]… en trop, de l'ordre de 238 millions par année, fait valoir le ministère des Finances du Québec. »
Et La Presse passe sous silence les 2,2 milliards $ que son empressement à harmoniser sa taxe de vente avec la taxe fédérale a fait perdre au Québec, alors que les autres provinces, désormais disposées à emboîter le pas, toucheront une compensation en fonction du volume des transactions sur leur territoire.
Tant qu’à évoquer le dossier de nos revendications non satisfaites, il y a toujours une ardoise de 435 millions $ qui demeure impayée par le fédéral suite à la « tempête du siècle » et à la crise du verglas en 1998.
Deux poids, deux mesures ! Décidément, Clotaire Rapaille, tout fumiste qu’il soit, n’avait pas tout à fait tort. Il y a du masochisme chez les Québécois. À force de manger des claques en pleine face et des coups de pieds au cul, bien d’autres peuples auraient fini par comprendre déjà depuis longtemps.
Nous non. On regarde sans rien dire le fédéralisme canadien, Titanic de la politique, sombrer un peu plus chaque jour dans l’illégitimité la plus totale. La dignité : vous connaissez ? Et l’instinct de survie ?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
11 commentaires
Christian Sébenne Répondre
7 avril 2010Monsieur LE HIR bonjour,
Il est regrettable que les enfants n'apprennent plus l'histoire, votre livre sur la légitimité du Québec "La Prochaine Etape" devrait être enseigné à l'école afin d'en tirer les leçons et que tout un chacun comprenne bien comment P.E. TRUDEAU a roulé tout le monde dans la farine.
Le Président Nicholas SARKOZY a bien assimilé pourquoi il fallait supprimer les cours d'Histoire...
Continuez M. LE HIR
Courage
Christian SEBENNE
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010[ « Sur le plan de l’endettement le Québec se situe au 11e rang, derrière l’Italie, le Japon, la Belgique, la Grèce, les États-Unis, la Hongrie, le Portugal,l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. » ]
Source ; Louis Gill, site economieautrement.org le 25 février 2010
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010Augmenter les tarifs d’électricité et hausser la TVQ signifient baisse de la péréquation.
Suite de l'histoire.
L'Alberta est très contente.Cette province milite pour l'abolition de la péréquation.Plus d'argent dans ses poches.
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010Pour tous les lecteurs de Vigile,
Un ouvrage pertinent et important est disponible intégralement sur le site de M.Claude Dupras:
http://www.claude.dupras.com/
Le titre: Une question de légitimité
Auteur: M. Richard Le Hir
Éditeur: Alain Stanké
Ce livre est aujourd'hui introuvable. Je m'en ai imprimé un exemplaire grâce à M. Claude Dupras.
Sincère merci à M. Richard Le Hir,
Lawrence Tremblay.
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010Harper va nommer un GG unilingue. Il va dire qu'il y en a déjà eu dans le passé. Après tout c'est juste le chef d'État.
On nous minorise avec l'immigration au Québec et au Canada
On nous minorise à la Chambre des communes.
On s'amuse avec la péréquation
On envoie nos boys se faire tuer en Afghanistan
On laisse le Pont de Québec, 8e merveille du monde, rouiller sur place. On ne reconstruit pas le manège militaire
On dépense 1 milliard pour les JO de Vancouver, un demi-milliard pour le G8 en Ontario et un autre demi-milliard pour les Jeux de Toronto.
Pendant ce temps le Québec attend le Messie.....
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010Bonjour M. Le Hir,
Vous avez raison, c'est scandaleux! Le Canada ne cesse de nous voler et de nous provoquer. Avec son laquais et sa bande de félons, à Québec, le Canada anglo-saxon veut achever l'État québécois. Le pire, c'est qu'ils sont capables de nous envoyer l'armée
pour nous soumettre, si la population se soulève.
Honoré Mercier avait prononcé un discours aussi magnifique que prémonitoire à Montréal, le 4 avril 1893:
"Quand je dis que nous ne devons rien à l'Angleterre, je parle au point de vue politique car je suis convaincu, et je mourrai avec cette conviction, que l'union du Haut et du Bas Canada ainsi que la Confédération nous ont été imposés dans un but hostile à l'élément français et avec l'espérance de le faire disparaître dans un avenir
plus ou moins éloigné."
Extrait du Livre Noir du Canada anglais (de Normand Lester) p.191. Ce livre nous fait comprendre pourquoi l'Histoire n'est plus enseignée. Si les québecois savaient, nous n'en serions pas rendu là!
Lawrence Tremblay.
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010La province de Québec,tantôt péquiste, tantôt libérale, exerce des souverainetés mais aucune indépendance.Il est temps de vouloir la faire en gang majoritaire.Mais à 20% d'apôtres,à peine, ça prendra beaucoup de vertu de patience et de travail de cuisine dans chaque rue.
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010La correction Milliards/millions a été faite par Vigile à la suite du commentaire de M. Gauthier.
Lapsus, il y avait - lapsus, il n'y a plus... C'est l'avantage du virtuel sur le papier...
BF
@ Richard Le Hir Répondre
6 avril 2010Réponse @ Raymond Gauthier
Vous m'avez fait peur, Monsieur Gauthier, je croyais vraiment avoir fait le lapsus que vous me reprochez. Une vérification attentive m'a permis de me rassurer. Si lapsus il y a, il est dans votre regard. Mais ne vous en faites pas, vous venez d'enrichir mon vocapulaire latin. Je connaissais déjà le "lapsus linguae", ou glissement de la langue, et le "lapsus calami" ou glissement de la plume. Grâce à vous, je sais maintenant que le "lapsus de visu" existe ! Bonne journée ! ;-))
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
6 avril 2010« Si ceux qui le peuvent ne s’impliquent pas, il ne se produira jamais rien. » René LÉVESQUE
Raymond Gauthier Répondre
6 avril 2010Bonjour monsieur Le Hir,
Malgré le gros lapsus « le Québec touchera 664 milliards de moins du fédéral au titre de la péréquation », on s'entend qu'il est grand temps que l'on cesse de dépendre du bon vouloir du fédéral et qu'on en finisse de l'obligation indigne d'aller quémander notre « pitance » sans mordre la main qui nous nourrit.
Raymond Gauthier