Jean Charest souhaite plus d'immigrants

Québec devra se tourner davantage vers les travailleurs étrangers, estime le premier ministre du Québec Jean Charest. Quoi qu’en pense Mario Dumont.

Immigration - capacité d'accueil

Le chef a ainsi mis la table pour une collision frontale avec le chef de l’ADQ sur la délicate question de l’immigration. «Notre gouvernement a fait face au vent. Une girouette politique comme l’ADQ suit le vent. Ce n’est pas ce que les Québécois méritent», a soutenu hier M. Charest dans un discours prononcé au conseil général du Parti libéral, qui se terminait hier, à Montréal.
Il s’est engagé à favoriser davantage l’afflux de travailleurs étrangers. «Nous allons lever les obstacles qui nuisent à la reconnaissance des compétences et des acquis pour accueillir plus de main-d’œuvre de l’étranger, entre autres dans les régions du Québec», a-t-il lancé devant les 600 congressistes.
Le Québec a atteint son plus bas taux de chômage depuis 30 ans, a souligné le premier ministre minoritaire.
Dans des régions comme le Lac-Saint-Jean, on commence même à manquer de main-d’œuvre, a-t-il ajouté. Il a cité l’exemple d’un propriétaire de marché d’Alma qui lui a fait part de sa difficulté de trouver des employés. «Ce n’est pas de travail qu’il va manquer, c’est de travailleurs», prévient Jean Charest.
«Les économies qui roulent sont les économies qui ont du monde. Et, au Québec, avec 7,6 millions d’habitants, on a une base de population qui est petite, a-t-il précisé en point de presse par la suite. Il faut attirer du monde, il faut faire en sorte qu’on puisse accroître la population du Québec.»
«On juxtapose ça à côté de M. Dumont qui dit : « Ah ! l’immigration ! On a atteint notre limite ! « Alors les Québécois sont devant des choix bien clairs, résume M. Charest.
«L’investissement vient avec les cerveaux, avec les chercheurs, les investisseurs, les gestionnaires qui se promènent dans le monde entier. Il y a un coût économique à l’intolérance !» a renchéri le ministre Raymond Bachand.
Dans un entretien avec le [chroniqueur Patrick Lagacé, publié dans La Presse à la mi-août->8160], Mario Dumont avait soutenu que le Québec avait atteint sa limite, avec 45 000 nouveaux arrivants par année. Pour lui, les ressources destinées à favoriser l’intégration de ces néo-Québécois limitent la capacité d’accueil ; au-delà de celle-ci, les immigrés risquent de se retrouver en ghettos, sans relations avec la majorité francophone.
Ouverture vers la France
M. Charest souligne que Québec négocie avec la France une «entente globale» sur la reconnaissance des compétences entre les deux pays. «La prochaine frontière à franchir dans les accords de commerce, de partenariat économique, c’est la mobilité de la main-d’œuvre. C’est ce qui va permettre aux pays développés de tirer leur épingle du jeu», soutient le premier ministre. D’ici au printemps 2009, l’ensemble des provinces canadiennes devraient avoir abattu toutes les entraves à la libre circulation de la main-d’œuvre, qui touchent actuellement 25 % des travailleurs, a-t-il expliqué.
La veille, bien des militants libéraux s’étaient inquiétés de voir leur parti adopter un discours plus «identitaire», qui voudrait incarner davantage la reconnaissance du Québec comme nation. Bien des libéraux d’origine étrangère avaient souligné que le PLQ ferait fausse route en s’engageant dans une démarche susceptible de souligner les différences entre les Québécois, de créer un clivage entre «nous» et «eux».
Pour Jean Charest, ce débat existe dans la société, les libéraux n’ont donc pas à «se culpabiliser» d’en parler. La commission Bouchard-Taylor permet à la population de s’exprimer . «Si c’est vrai pour la population, c’est vrai pour les militants», a-t-il dit.
Sondages
Même si son parti est sérieusement en panne dans les sondages, M. Charest s’est dit déterminé à rester en poste. «On a réussi à convaincre les Québécois qu’on ne gouverne pas en fonction des sondages, a-t-il dit, ironique. Est-ce que je sens une pression supplémentaire ? Je me sens très bien. La politique, ce ne sera jamais un long fleuve tranquille. Il faut accepter l’adversité, ce n’est pas une mauvaise chose.»
Le conseil général du PLQ, qui l’avait accueilli un peu mollement vendredi soir, s’est repris hier, lui donnant une très longue ovation au moment où il est monté sur la scène. Pour contrer ses détracteurs, qui chuchotent qu’il manque de détermination, il a soutenu qu’il aime beaucoup être premier ministre du Québec.
Sur une note plus personnelle, en point de presse, il a souligné qu’il était normal qu’un politicien se transforme au tournant de la cinquantaine (il a eu 49 ans en juin). «Mais je me sens bien et j’aime mon travail», a-t-il insisté.
En mars prochain, Jean Charest fera l’objet d’un vote de confiance des militants libéraux réunis en congrès. Hier, il n’a pas voulu préciser le pourcentage qu’il juge suffisant pour demeurer en selle. «Je n’ai pas établi de cible, a-t-il soutenu, je vais vivre avec le résultat que me donneront les militants.»
À deux reprises, Jean Charest a évité de nier qu’il avait demandé à John Parisella et Michel Bissonnette de devenir chefs de son cabinet en remplacement de Stéphane Bertrand, ce que les deux auraient refusé. Ils feront toutefois partie du comité exécutif du PLQ. Le retour de ces deux militants de l’ère Bourassa est «très encourageant et bien reçu», a dit M. Charest.
En réponse aux critiques formulées pendant ce conseil général sur la performance du parti aux dernières élections, Jean Charest s’est montré positif . «Il y a des cycles dans la vie d’un parti politique. On doit constamment se renouveler. Un parti politique qui arrive au gouvernement fait face à un certain nombre de pièges. C’est typique. Les élections du 26 mars nous envoient le message qu’il faut faire un effort supplémentaire. C’est le signal qu’on a reçu et je l’accepte.»


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