Jean Charest international

Plan nord


Jean Charest était à New York, mardi. La semaine prochaine, il sera à Niagara-on-the-Lake, pour une rencontre avec son homologue ontarien David McGuinty. Dans trois semaines, il accueillera Nicolas Sarkozy à l'Assemblée nationale, pour participer ensuite à la rencontre d'une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement au Sommet de la Francophonie. Deux semaines plus tard, il dirigera une délégation de cinq provinces canadiennes en Chine, aux côtés d'une quarantaine de représentants des plus grandes institutions et entreprises canadiennes. Et l'année n'est pas terminée...
Il serait intéressant de voir son budget de voyages, mais je vous parie qu'il est plus élevé que ceux de Bernard Landry et Lucien Bouchard réunis. Jean Charest est premier ministre d'une province, mais il se tisse un réseau de contacts digne d'un chef d'État.
Où donc va Jean Charest? À court ou moyen terme, vers des élections générales qui pourraient en faire le premier leader politique québécois à obtenir trois mandats de suite. À long terme, la réponse est moins évidente. En affaires ou en politique? Avec un bottin personnel et un réseau de connaissances aussi impressionnants, il triplerait son salaire actuel dans les grands bureaux d'avocats montréalais ou à l'emploi d'une multinationale. Mais avec une connaissance et une expérience aussi intimes de la politique québécoise et canadienne, il s'imposerait facilement comme un candidat potentiel à la tête du Parti conservateur à Ottawa dans trois ou quatre ans. Pour y parvenir, il doit toutefois sortir gagnant des prochaines élections au Québec, au lieu de subir la défaite comme Bernard Lord au Nouveau-Brunswick. M. Lord est encore perçu comme un candidat éventuel à la direction des conservateurs, mais il a perdu son aura d'un gagnant.
Jean Charest a eu 50 ans le 24 juin. Il a encore beaucoup de temps devant lui et il occupe un poste idéal pour continuer d'enrichir son réseau de contacts et approfondir son expérience du pouvoir. Ne remisez pas vos valises, il n'a pas fini de visiter la planète au nom du gouvernement du Québec. En attendant la suite...
Une heure avec Dion
Lorsque Stéphane Dion a rencontré la table éditoriale du Soleil pendant la course à la direction du Parti libéral, j'ai écrit qu'il était le candidat le mieux préparé pour occuper ce poste. Jeudi, M. Dion est revenu au Soleil. Et comme la dernière fois, la rencontre a été très stimulante sur le plan intellectuel. Beaucoup plus intéressante que celle de mardi avec le chef du NPD, Jack Layton. Lorsqu'on lui en laisse le temps, Stéphane Dion vous amène dans les menus détails de la politique nationale ou internationale, les dangers des gaz à effet de serre, ou même la situation financière catastrophique des États-Unis. Sur le plan intellectuel, il demeure donc probablement le candidat le plus fort en terme de contenu. Mais sur le plan politique, c'est une autre affaire.
"Je crois que les gens me reconnaissent comme une personne sincère et honnête", a-t-il répondu, lorsqu'on lui a demandé si le scandale des commandites nuisait encore aux libéraux. "Le problème, s'il y en a un, c'est qu'on doit faire connaître le projet qu'on a pour les gens, pour aujourd'hui, et pour leurs enfants. Et avec ça, on va arriver à gagner."
Or c'est justement là le problème de M. Dion : comment communiquer dans un monde omnibulé par l'image, suspendu aux clips de 10 ou 15 secondes à la télévision, et enseveli par une avalanche d'informations sur la toile? Stephen Harper offre des clichés ou des slogans : lutte à la criminalité, bras tendu au Québec, occupation de nos espaces nordiques. Mais Stéphane Dion tente de convaincre et de faire porter aux médias la responsabilité de transmettre son message à la population. "On peut se contenter de commenter la campagne ou on peut dire ce que les partis ont à proposer. Et la démocratie, c'est ça. Il faut que le lecteur du Soleil, comme tous les autres, sache ce que les partis ont à proposer" a-t-il déclaré avec passion.
Conclusion? Tout comme pendant la course au leadership du PLC, je demeure convaincu que Stéphane Dion est le candidat le plus compétent. Il est un intellectuel remarquable. Mais il n'est pas un politicien et il n'est pas un communicateur. Il a raison de dire que les médias doivent informer le public sur les enjeux, mais il lui faudrait d'abord communiquer efficacement sa pensée aux médias.
Après une heure en rencontre éditoriale avec lui, on a presque hâte de le voir retrouver son poste dans une grande université. Et on se surprend à regretter qu'il ne soit pas un politicien plus habile.


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