Jean Charest et l'économie

En réalité, dans une perspective à plus long terme, le bilan économique du gouvernement Charest est catastrophique.

Chronique de Pierre Gouin

Même un très bon bilan sur le plan économique ne pourrait faire oublier l’éthique douteuse du premier ministre. Cependant, il ne faut pas laisser le gouvernement libéral s’attribuer le mérite de la très bonne performance de l’économie québécoise. La bonne tenue de l’économie en période de crise résulte des efforts déployés par l’État québécois depuis la révolution tranquille. C’est la structure diversifiée de l’économie qui a été déterminante: pas de concentration dans les secteurs particulièrement touchés, la filière automobile, l’énergie et la finance, et un secteur public fort qui n’a pas eu à réduire l’emploi.
Les programmes spéciaux de dépenses en immobilisations qui ont été mis en place dans plusieurs pays aident habituellement à sortir l’économie de la récession mais pour diminuer l’impact initial d’une récession il faudrait que celle-ci soit prévue bien à l’avance. Cela n’est généralement pas le cas et en septembre 2008, alors que la récession frappait déjà, le gouvernement du Québec prévoyait un budget équilibré pour l’exercice 2008-2009. Il ne peut donc pas prétendre que l’économie québécoise a bien résisté à cause de sa stratégie d’accélération des dépenses d’infrastructure.
Indépendamment de la crise, le Québec réalise des dépenses importantes en immobilisations depuis plusieurs années ce qui a contribué à atténuer l’impact de la récession. L’accroissement de ces dépenses, amorcé avant l’arrivée au pouvoir des libéraux, s’explique en partie par le retard accumulé dans le développement et le renouvellement des infrastructures publiques mais aussi par le fait qu’elles n’apparaissent pas clairement au budget annuel et qu’elles passent directement à la dette du Québec sans que leur impact financier ne soit vraiment débattu. Dans un contexte d’austérité budgétaire les dépenses en immobilisations deviennent donc un instrument idéal pour se faire du capital politique.
Finalement, si les statistiques économiques démontrent une très bonne performance pour le Québec dans le contexte de la crise financière mondiale, il ne faut pas oublier les pertes de 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôts, dont 15 milliards sont dues à une mauvaise gouvernance, alors que la Caisse est une société d’État dont les activités sont suivies de très près par le ministère des Finances. Ces pertes n’ont pas eu d’impact immédiat mais elles n’en sont pas moins réelles et elles devront être absorbées sur une longue période par les déposants à la Caisse, soit la grande majorité des québécois.
En réalité, dans une perspective à plus long terme, le bilan économique du gouvernement Charest est catastrophique. Son idéologie libérale et fédéraliste l’amène à s’attaquer aux outils et aux particularités de la société québécoise qui ont permis de développer une économie dynamique. On ne peut pas affirmer sans preuve que le premier ministre applique délibérément un plan de démolition, mais quelqu’un qui aurait comme mandat d’affaiblir économiquement et politiquement le Québec ne gouvernerait pas autrement.


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