Jamais satisfaits!

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Charest <i>le nationaliste</i> et le "fédéralisme de fermeture"...


Jean Charest et Stephen Harper. (Photo PC)


Eh bien, ce n'était qu'une question de temps, n'est-ce pas? Lors des élections de 2006, Stephen Harper, le chef conservateur, a accepté l'existence d'un «déséquilibre fiscal» entre Ottawa et les provinces. Il a promis de corriger le «problème» une fois pour toutes. Et c'est ce qu'il a fait, du moins le pensait-il.

À partir du budget 2006 et en particulier lors du budget 2007, le gouvernement a commencé à transférer près de 40 milliards sur sept ans aux provinces. Il s'agit de milliards additionnels pour les provinces qui reçoivent des paiements de péréquation, y compris le Québec, plus des milliards versés à toutes les provinces pour les infrastructures, la formation, l'enseignement postsecondaire.
En outre, ces milliards s'ajoutent aux énormes transferts pour la santé négociés antérieurement par le premier ministre Paul Martin.
«Nous avons réglé le déséquilibre fiscal», a lancé M. Harper. Après le dépôt du budget de 2007, on a demandé à Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances, si le «déséquilibre fiscal» avait été réglé. «Oui», a-t-il répondu.
Le «déséquilibre fiscal» a été inventé par les séparatistes au Québec qui ont créé un groupe de travail pour savoir non pas si le déséquilibre fiscal existait, mais bien pour en déterminer la taille. Naturellement, le groupe de travail dirigé par Yves Séguin, qui devint ministre libéral des Finances, en est venu à la conclusion que le «déséquilibre fiscal» existait bel et bien et a estimé quel montant Ottawa devrait transférer aux provinces.
Chose étonnante, le montant transféré par le gouvernement de Paul Martin était supérieur à la somme inventée par M. Séguin. Cela aurait dû mettre fin au débat. Mais à ce moment-là, le «déséquilibre fiscal» s'était transformé en mythologie au Québec. M. Harper a accepté cette mythologie et a par la suite transféré ces dizaines de milliards supplémentaires.
Moeurs politiques québécoises
Mais, bien sûr, les politiciens québécois ne peuvent jamais être satisfaits. Il est dans les moeurs politiques québécoises que les politiciens de cette province demandent toujours plus de pouvoir et d'argent, ou bien les deux, à Ottawa. Alors, si MM. Harper et Flaherty croyaient vraiment qu'ils avaient réglé le «déséquilibre fiscal» et que par conséquent le problème disparaîtrait, ils ont été naïfs ou stupides, ou les deux.
Comme on aurait pu le prédire, un an et demi après que M. Harper eut déclaré le «déséquilibre fiscal réglé», Monique Jérôme-Forget, ministre québécoise des Finances, affirme: «Le déséquilibre fiscal, quant à nous, n'est pas réglé encore.»* La question du «déséquilibre fiscal» s'est grandement améliorée, a-t-elle admis, mais elle n'a pas été réglée.
Non content de continuer de se plaindre à propos du mythique «déséquilibre fiscal», le gouvernement Charest a remonté environ quatre décennies en arrière pour demander le transfert des programmes culturels depuis Ottawa vers le Québec. Cette demande de «souveraineté culturelle» date de la fin des années 60 et les gouvernements séparatistes et fédéralistes l'ont réitérée de manière périodique.
Le problème, c'est que le Québec a reçu beaucoup plus d'argent d'Ottawa versé par des institutions culturelles fédérales, dont Radio-Canada/CBC, que ne le justifiait la proportion de sa population. C'est pourquoi les artistes québécois ont toujours été plutôt divisés quant à la sagesse de cette demande, comprenant en fait qu'ils risquaient de perdre de l'argent.
Pauvre M. Harper. Il croyait que le gouvernement du Québec allait apprécier sa politique de «fédéralisme ouvert». Il apprend plutôt une règle essentielle à propos de la politique québécoise: le gouvernement provincial doit toujours être dans la position de demandeur. Si le gouvernement provincial est content, ce bonheur ne peut être que temporaire. Si Ottawa soutient qu'un problème est réglé, comme dans le cas du « déséquilibre fiscal», il ne peut pas être réglé pour longtemps.
* En français dans le texte.
L'auteur est chroniqueur politique au Globe and Mail.


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