Du pur calcul politique

Les élections fédérales seront complètement inutiles. Elles serviront uniquement les fins politiques du premier ministre Stephen Harper.

B424982869c225cb39a516bb224c140f

Élections fédérales du 14 octobre 2008


Les élections fédérales seront complètement inutiles. Elles serviront uniquement les fins politiques du premier ministre Stephen Harper.

Le gouvernement Harper a fait adopter une loi qui prévoit la tenue d'élections à date fixe tous les quatre ans. Mais, en vertu de cette loi, des élections peuvent toujours être déclenchées si le gouvernement perd la confiance de la Chambre des communes ou lors de circonstances hors de l'ordinaire.
Cette loi prive le premier ministre du droit unilatéral de déterminer la date des élections. En vertu de la loi, l'élection fédérale aurait dû se tenir à l'automne 2009 à moins que le gouvernement Harper ait perdu un vote de confiance aux Communes.
Mais le gouvernement n'a pu être défait parce qu'il a refusé de rencontrer le Parlement.
M. Harper a plutôt inventé des raisons pour justifier sa hâte d'aller aux urnes. Il soutient que le Parlement ne fonctionne pas et que son gouvernement ne peut pas faire adopter ses lois. Ces deux prétentions ne tiennent pas.
Les gouvernements minoritaires ont toujours plus de mal que les gouvernements majoritaires. Dans ce dernier cas, ils n'ont pas à prêter l'oreille à tout un chacun ou à faire des compromis. Il reste que la plupart des propositions des conservateurs ont été adoptées. Le Parlement a fonctionné. Tous les budgets conservateurs ont été adoptés.
C'est vrai, certains comités n'ont pu fonctionner correctement. Cette paralysie s'est manifestée aussi souvent parce que les conservateurs ne souhaitaient pas que les comités fonctionnent qu'en raison des tactiques de l'opposition.
Les élections n'ont rien à voir avec les explications que M. Harper fournit en public. Elles ont tout à voir avec du calcul politique à l'état brut.
Le premier ministre veut tout contrôler et il n'allait pas laisser Stéphane Dion, le leader libéral, lui dicter la date du vote.
Virage vert
En dévoilant son virage vert destiné à réduire les émissions de carbone, M. Dion a indiqué que l'époque où les libéraux battaient en retraite aux Communes était révolue. M. Dion s'est lié lui-même et son parti d'une manière si étroite à ce virage vert qu'il devait ou bien provoquer des élections sur cette question ou bien y être contraint par les conservateurs.
M. Harper en est par conséquent venu à la conclusion que son parti ferait mieux de déclencher des élections maintenant que plus tard. Ainsi, les conservateurs contrôleraient le déroulement des événements. Ils éviteraient les élections partielles du 8 septembre. Ils seraient en mesure de régir les étapes menant aux élections. Ils ont plus d'argent que les libéraux. Ils sont mieux organisés. Leur chef a plus d'expérience en campagne électorale. Pourquoi attendre? Pourquoi se soucier de leur propre loi?
Et puis, l'économie va moins bien. Les conservateurs sont à court d'idées. Ils ont réalisé presque tout ce qu'ils avaient promis lors de la dernière campagne électorale.
Ils ont dépensé tout le surplus qu'ils avaient hérité des libéraux de M. Martin, soit 12 milliards. Le surplus s'est volatilisé en distribuant des milliards aux provinces pour résoudre le mythique «déséquilibre fiscal», en réduisant la taxe sur les produits et services (une politique dénoncée par presque tous les économistes du pays) et en laissant les dépenses gouvernementales augmenter plus vite que l'inflation. Il se peut que le budget fédéral aboutisse à un déficit pour tout l'exercice, ce qui serait très gênant.
Lorsque le premier ministre a fait appel à un nouveau chef de cabinet qui avait servi sous les gouvernements conservateurs de Mike Harris en Ontario (Guy Giorno, un homme reconnu pour préconiser la forme la plus partisane de la politique), il devint évident que M. Harper voulait des élections plus tôt que plus tard.
Des élections hâtives, voilà qui sert ses objectifs. Et c'est pourquoi nous en aurons à compter de demain.
***
Photo Archives PC
Jeffrey Simpson

L'auteur est chroniqueur politique au Globe and Mail.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé