J'ai tué mon frère

Essai sur les conséquences d'une nation divisée

Tribune libre

Juillet 2011, je suis en face du Centre Bell à Montréal pour promouvoir la création d'équipes nationales du Québec lors du sommet sur le hockey québécois.
J'ai encore en mémoire ma rencontre avec un irlandais qui revenait visiter Montréal après plusieurs années. Il était avec sa femme et voulait absolument visiter le musée des Canadiens de Montréal parce qu'il avait des souvenirs impérissables de sont séjour dans les années '70 alors qu'il était venu travailler ici. Je lui ai parlé quelques minutes seulement. Il désirait tant que je lui remémore les Lafleur, Robinson, Ferguson, Savard, Tremblay. La discussion c'est alors intensifiée lorsqu'il me demanda ce que je faisais là avec mon camion décoré de drapeaux de l'Écosse, du Pays de Galles, du Québec, de l'Irlande, de Puerto Rico et de Hong Kong. S'en est suivi la question de l'indépendance des nations et évidemment de celle du Québec.
Il m'a raconté avec passion l'histoire de l'Irlande et sa conjointe est intervenue à plusieurs reprises pour me vanter son pays mais voici ce dont je veux vous raconter: le déchirement terrible des familles irlandaises. l'homme et la femme m'ont bouleversés avec des histoires de violence inouïe qui laisse des cicatrices profondes, parfois sans fonds. Des frères qui se battent au sang parce qu'ils diffèrent d'opinion. L'un veut l'indépendance, l'autre non. Des familles qui, aujourd'hui, sont dans le silence causé par trop de souffrances. Voilà un des prix de l'indépendance irlandaise. Pourtant, ce couple qui était devant moi, n'avaient aucuns doutes sur la légitimité de l'indépendance de leur nation. Ils savaient que le pays d'Irlande avait raison d'exister et ils en était fière malgré les meurtres inter-familiaux qui ont été commis.
Cette rencontre m'a aussi rappelé une interview donnée par Nana Mouskouri au sujet de la guerre civile grecque de 1946 à 1949. Elle raconte sensiblement les mêmes horreurs, soit des pères qui se battent contre leur fils, des frères qui s'entre-tuent. Par contre, ce n'est pas pour l'indépendance mais pour d'autres motifs comme le communisme, le nazisme et la religion. Tout un mélange explosif!
Nana Mouskouri tout comme ces irlandais insistent sur une chose: Il ne faut plus jamais revivre de tels drames.
Je me suis remis à réfléchir sur cette rencontre il y a quelques jours et j'ai senti que je devait écrire quelques chose parce que notre question nationale n'est pas encore réglée et une des raisons principales est la division des francophones. Qui d'entre vous n'avez pas de membres de votre famille qui divergent d'opinion concernant l'indépendance du Québec? Jusqu'où vont vos discussions quand vous êtes capable d'en avoir une? Est-il probable qu'ici, au Québec, des frères s'entre-tuent? J'ai été impressionné et surpris qu'il n'y ait presque pas eu de violence suite au résultat serré de 1995; c'est tout en notre honneur.
Aujourd'hui, pouvons-nous croire à une indépendance pacifique du Québec? Il faut en parler parce que plusieurs personnes votent contre l'indépendance parce qu'ils ont peur. J'en connais. Et vous?
Stefan Allinger


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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    4 mai 2012

    Les Irlandais ont quand même retrouvé partiellement un pays à eux. Il leur reste à espérer, une complète réunification.
    Nous, nous avons... une province. Une simple province, en laquelle vit un peuple «reconnu» comme une nation...pour nous flatter dans le sens du poil, par monsieur Harper. Sans autre engagement à notre égard, aucun!
    Les Haïtiens ont leur propre pays; les Irlandais aussi,mais il est amputé. Plusieurs peuples ont réussi à faire leur indépendance, à se donner un pays, ou à reprendre le leur.
    ... nous, nous nous contentons d'une province du «plusse meilleur pays du monde».
    À choisir...