Israël et le Hamas - Une riposte démesurée?

Gaza aurait pu éventuellement accéder à une pleine autonomie ...

Un morceau d'anthologie!


Grâce au ciel... et peut-être aussi grâce à Nicolas Sarkozy, dont l'activisme forcené a tout de même de bons côtés, des pourparlers s'annoncent entre Israël et l'Égypte, lesquels mèneraient, espérons-le, à l'arrêt des hostilités, incluant l'arrêt de la contrebande d'armes pratiquée par le Hamas.
Les attaques du Hamas sont-elles, comme trop de gens le croient, une réplique à l'«occupation» israélienne? Pas du tout.
Le territoire bombardé par les roquettes fait partie intégrante d'Israël depuis sa fondation. Il n'a rien d'un territoire «occupé».

La bande de Gaza a bel et bien été occupée à partir de 1967, alors qu'Israël sortait victorieux d'une guerre qu'il n'avait pas voulue, l'attaque concertée venant de l'Égypte, de la Syrie et de la Jordanie. Mais Israël s'est retiré de Gaza il y a trois ans, après avoir envoyé ses militaires arracher de force 7000 colons juifs à leurs terres.
Ce n'est donc pas contre une «occupation» que se bat le Hamas, à moins évidemment que l'on considère que tout le territoire d'Israël serait illégitimement «occupé « depuis sa reconnaissance, en 1948, par la communauté internationale, et qu'en conséquence l'État hébreu doit être démantelé, voire carrément anéanti.
Le Hamas, emporté par son idéologie suicidaire, et encouragé par ses parrains iraniens, poursuit au grand jour sa lutte d'arrière-garde contre l'existence même de l'État hébreu. Loin d'être le fait d'une minorité de Gazaouis égarés, les tirs de roquettes qui ont déclenché la riposte israélienne sont le fait du gouvernement du Hamas, qui exerce un contrôle absolu sur cette malheureuse bande de terre.
Si le Hamas, une fois à la tête d'un territoire autonome enfin libéré de l'insoutenable provocation que constituait la présence des colonies juives, avait utilisé les fonds considérables mis à sa disposition par la communauté internationale pour relever le niveau de vie de ses misérables citoyens, on n'en serait pas là aujourd'hui.
Au contraire, ses hommes se sont empressés de détruire, dans une rage aveugle ou par calcul (la politique du pire étant toujours la stratégie première des organisations terroristes), les serres et les vergers abandonnés par les colons juifs. Ces 3000 acres de terres cultivées et irriguées sont aujourd'hui des champs vagues. Et le Hamas, au lieu d'importer des vivres, a préféré approvisionner son stock d'armements clandestins par des souterrains: depuis son retrait de Gaza, Israël a reçu quelque 6000 missiles!
À entendre les compagnons de route du Hamas, Gaza ne serait soumise qu'à un seul blocus, celui imposé par Israël. Mais l'Égypte aussi a verrouillé sa frontière! Venant d'un pays arabe, cet autre blocus ressemble à une trahison, mais l'Égypte aussi a ses raisons. Étant elle-même aux prises avec la minorité menaçante des «Frères musulmans», elle n'a pas besoin d'un autre ferment de fanatisme.
Pour ce qui est du blocus israélien, il est bien évident que les Israéliens, qui détestent apparaître comme des tortionnaires, l'auraient levé si le Hamas avait cessé ses bombardements. De la même façon, Gaza aurait pu éventuellement accéder à une pleine autonomie - avec accès à la mer et à l'espace aérien - si ses dirigeants avaient fait durablement la preuve qu'ils renoncent au terrorisme. Mais quel pays tolérerait que le voisin qui lui voue une haine irréductible puisse lui exporter des kamikazes, ou importer par bateau et par avion les armes qui lui serviront à bombarder ses villes... à plus forte raison s'il fait face, sur sa frontière nord, au même type d'ennemi?
Les trêves sont une maigre défense, quand l'ennemi en profite pour se réarmer, comme le fait présentement le Hezbollah au Liban, le Hamas ayant quant à lui profité de la trêve pour tripler la portée de ses lance-roquettes.
Certes, les forces en présence sont incomparables, entre une armée moderne et une bande de fanatiques aspirant au martyre. Mais le Hamas, tout comme le Hezbollah en 2006, jouit d'un avantage stratégique indiscutable: comme la vie humaine ne compte pas, il installe ses armements dans des domiciles, des écoles, des quartiers densément peuplés. Toute riposte militaire aboutit inévitablement à d'atroces bavures. Quelle puissante arme de propagande, que ces photos déchirantes d'enfants massacrés... avec la complicité meurtrière de ceux-là mêmes qui auraient dû les protéger!
SAMEDI: UNE RIPOSTE DISPROPORTIONNÉE?
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Une riposte démesurée?


À peu près tout le monde s'entend pour dire qu'Israël a le droit de se défendre, comme le réitérait jeudi avec une louable fermeté le chef libéral Michael Ignatieff.
La dissension survient à propos des moyens. L'affirmation qui revient inlassablement, c'est qu'Israël aurait utilisé une force «disproportionnée» - soit les outils d'une armée moderne pour combattre des armes relativement primitives, en tout cas assez faciles à produire, comme les roquettes lancées par le Hamas à partir de Gaza.

D'abord, une précision: tout artisanaux soient-ils, ces missiles détruisent et tuent. La plupart des soldats canadiens tombés en Afghanistan ont été victimes de bombes dites artisanales. Leurs dommages n'en sont pas moins réels. Comme l'intention avouée et claironnée du Hamas est de semer la mort en Israël, y compris chez les civils (tous coupables d'avoir été à un moment donné conscrits dans Tsahal), on peut supposer que si les fabricants de roquettes pouvaient mieux cibler leurs tirs, elles seraient encore bien plus létales.
Mais revenons à cette fameuse «disproportion». Israël, selon cette théorie, aurait utilisé une force démesurée pour combattre une menace mineure - un canon pour détruire un nid de guêpes, comme l'illustrait une caricature du Devoir.
Admettons. Mais alors, quels moyens exactement aurait donc dû prendre l'État hébreu face à des tirs de missiles qui se succèdent depuis des années et qui, le matériel étant de plus en plus perfectionné, ont maintenant une portée de plus en plus grande, atteignant des villes qui leur étaient inaccessibles l'an dernier?
Israël devrait-il se contenter d'envoyer ses soldats lancer des pierres à Gaza, dans une Intifada à rebours? Répliquer avec des roquettes artisanales lancées à partir de Sderot? Peut-être Israël devrait-il transformer quelques-uns de ses enfants en bombes humaines et les envoyer se faire exploser dans les villes gazaouies, histoire d'utiliser les mêmes moyens que le Hamas? Ou encore, attendre sagement que l'Iran et la Syrie, qui sont les commanditaires du Hamas et du Hezbollah, aient permis à leurs filiales terroristes de disposer d'armements aussi sophistiqués que ceux de Tsahal?
Autant de [questions posées récemment dans Le Monde par le philosophe André Glucksmann,->17201] qui ajoute sur un mode dérisoire que tant qu'à égaliser les moyens, on pourrait peut-être égaliser les fins: «Puisque le Hamas, à l'encontre de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, s'obstine à refuser de reconnaître le droit d'exister de l'État hébreu et rêve d'annihiler ses citoyens, voudrait-on qu'Israël imite tant de radicalité et procède à une gigantesque purification ethnique? Désire-t-on vraiment qu'Israël en miroir se «proportionne» aux désirs exterminateurs du Hamas?»
«Chaque conflit est par nature «disproportionné», poursuit Glucksmann. Si les adversaires s'entendaient sur l'usage des moyens et sur les buts revendiqués, ils ne seraient plus adversaires. Qui dit conflit dit mésentente, donc effort de chaque camp pour jouer de ses avantages et exploiter les faiblesses de l'autre...»
Ainsi, alors que Tsahal utilise au maximum sa supériorité technique pour cibler ses objectifs et essayer d'éviter les pertes civiles, le Hamas utilise son mépris foncier de la vie humaine pour installer ses armements parmi les civils, de façon à utiliser les morts - surtout, bien sûr, les femmes et les enfants - comme puissante arme de propagande. On n'a qu'à voir les photos autorisées par le Hamas. Comme celles qui sortaient du Liban en 2006, elles mettent en scène de beaux enfants terrifiés ou des victimes dignement présentées, sans le côté «gory» qui compromettrait leur publication dans la presse occidentale. (On remarquera qu'il ne sort jamais de Gaza de photos où apparaîtraient des rampes de lancement... soit que les photographes palestiniens sur place s'abstiennent de les photographier, soit que le Hamas le leur interdit.)
On exige d'Israël une retenue qu'on n'exige jamais des pays engagés dans des conflits armés. À quelle armée, où que ce soit au monde, a-t-on reproché d'utiliser sa puissance de feu quand il s'agissait de défendre le territoire national? Si la Cisjordanie est une région occupée, le Sud israélien ciblé par le Hamas est bel et bien un territoire national. Encore une fois, comme la chose se produit si souvent quand il est question d'Israël, c'est deux poids, deux mesures.


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