Le temps des écumeurs (1)

Introduction

Charles Sirois, l’homme derrière François Legault

Québec Inc. : Les fruits pourris de la Révolution tranquille

Charles Sirois, l’homme derrière François Legault
J’ai annoncé aux lecteurs de Vigile il y a quelques mois que je venais de m’atteler à la rédaction d’un nouveau livre sur Charles Sirois, à la demande de mon éditeur, Michel Brûlé, satisfait de l’accueil que le public avait réservé à « Desmarais : La Dépossession tranquille », un ouvrage rédigé à partir de mes chroniques sur Vigile.
La facture de ce second livre sur nos élites du monde des affaires est quelque peu différente du premier. La séquence des événements est plus facile à suivre, et dans la mesure où il s’agit du premier livre consacré à Charles Sirois, je n’ai pas eu à me soucier de ne pas répéter des choses qui avaient déjà été écrites par d’autres.
Quand on écrit ce genre de livre, on ne peut se permettre de dire n’importe quoi. Il faut donc faire état de ses sources en les documentant le plus rigoureusement possible. Par ailleurs, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur certains témoignages de première main sur des faits jusqu’ici inconnus qui permettent de mieux cerner le personnage et ses pratiques.
Je propose aujourd’hui en exclusivité aux lecteurs de Vigile l’introduction de l’ouvrage dont le lancement officiel aura lieu au Salon du livre de Québec dans les premiers jours d’avril.

INTRODUCTION

« Je ne suis ni contestataire, ni révolutionnaire. Ce n’est ni dans mon caractère, ni dans mes valeurs. Je ne l’ai jamais été, même en mai 1968 lorsque j’étais étudiant en Europe. Pour que j’en vienne à écrire ce livre, il a fallu que je découvre des faits que j’ignorais... »


Si j’éprouve le besoin de reprendre ces premiers mots de l’avant-propos de mon livre sur Desmarais , c’est que j’étais toujours animé du même esprit lorsque j’ai entrepris de m’intéresser au cas de Charles Sirois, cet éminent représentant de Québec Inc., parvenu à amasser une fortune d’environ un milliard $ en trente-cinq ans de carrière, une performance non négligeable qui ne le place cependant pas aux premiers rangs des fortunes du Québec .
Il compte quelques belles opérations à son actif, mais aussi quelques unes de moins bonnes qui ont laissé des traces d’amertume et même des rancoeurs durables chez certains. Si ce n’était de la fascination qu’il a toujours eue pour le pouvoir et la politique, et surtout pour les avantages que peut en tirer quelqu’un qui est constamment à l’affût d’un coup rapide, sans doute ne mériterait-il pas qu’on lui consacre un livre, car il est assez discret et effacé sur le plan personnel.
À l’instar de Paul Desmarais, Charles Sirois n’est pas un entrepreneur. C’est un écumeur qui rafle la crème au passage dans toutes ses opérations, un « talent » tout à fait à sa place dans l’univers des banques où il occupe depuis quelques années le poste de président du conseil d’administration de la CIBC.
En effectuant mes recherches pour ce livre, je me suis rendu compte que l’émancipation économique des Québécois favorisée par la Révolution tranquille avait eu des effets pervers. Si le Québec a su former des légions de compétences en gestion et en finance, il n’a pas su leur inculquer les valeurs qui leur éviteraient de déraper en cours de carrière.
À notre décharge, il faut reconnaître que les vents contraires soufflaient fort. Plaqués comme nous le sommes contre les États-Unis, nous avons subi toutes leurs influences, et nulle part ont-elles été aussi fortes que dans le domaine des affaires. Les maux qui affligent la classe dirigeante américaine sont aussi les nôtres, comme en témoignent éloquemment les faits mis en lumière par la Commission Charbonneau.
Dans un univers où ne comptent que la rentabilité immédiate et les gratifications personnelles, la tentation de tourner les coins ronds, et même de prendre des chemins de traverse, est omniprésente, et y résister équivaut trop souvent à se résoudre à l’échec ou à vivoter, chose difficile à accepter pour les fonceurs naturels que sont les dirigeants d’entreprise.
Donc ils prennent des risques, parfois trop, et des dérapages surviennent, comme on le verra ici dans le cas de Charles Sirois. Parfois aussi, leur besoin irrépressible de briller et de réussir leur fait complètement perdre le nord, comme ce fut le cas de Micheline Charest, la PDG de Cinar, pourtant applaudie à tout rompre par un auditoire de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain, en pâmoison devant sa « réussite » financière, quelques semaines avant que ne soient révélées ses malversations.
Le drame, c’est que nous nous avons perdu tout sens critique devant ces débordements. Conditionnés par les médias à louanger les gens d’affaires pour leur contribution à notre essor économique, nous ne disposons plus d’aucun repère pour déterminer à partir de quel moment non seulement les louanges ne sont plus justifiées, mais un rappel à l’ordre ou une volée de bois vert s’impose.
Les rares personnes qui ont conservé ce sens critique ou qui possèdent une boussole intérieure à l’épreuve de toutes les intempéries et une autorité morale incontestée choisissent trop souvent de se taire, par crainte de subir les représailles du milieu ou, pire, l’ostracisme professionnel et social auquel ce dernier condamne sans état d’âme tout ceux qui ne sont pas prêts à jouer le jeu selon ses règles.
Il fut un temps où l’Église et les éditorialistes (pensons à Claude Ryan, surnommé « le Pape de la Rue Saint-Sacrement » lorsqu’il dirigeait le Devoir) jouaient ce rôle avec plus ou moins de bonheur et d’efficacité, mais l’Église n’a plus le même ascendant en plus de s’être discréditée dans des mésalliances avec le pouvoir et des scandales de moeurs qui n’en finissent plus d’éclater comme autant de bombes à retardement, et les éditorialistes ont perdu toute indépendance du fait de leur soumission à des propriétaires eux-mêmes compromis, ou de leur perte de marge de manoeuvre face aux membres externes de leur conseil d’administration ou à des annonceurs, des solliciteurs de fonds, ou des contributeurs importants.
Quand il ne reste plus de garde-fous, le pire peut arriver, et, à découvrir tous les jours tant de nouveaux scandales enfouis sous une épaisse couche de complicités aussi silencieuses qu’intéressées, il semble bien qu’il se soit produit. D’où l’importance de comprendre très précisément ce qui s’est passé, les facteurs qui y ont contribué, et les conséquences actuelles et à venir.
En ce moment, au Québec, tous les feux sont braqués sur l’industrie de la construction, comme si celle-ci était le seul lieu de toutes « nos » dérives. Si je prends la peine de mettre « nos » entre guillemets, c’est pour souligner qu’il est très clair dans mon esprit que la responsabilité de ces dérives est partagée et que nous y avons tous notre part.
Il serait en effet à la fois trop facile et trop commode de se limiter à dénoncer des abus et de ne pas s’interroger sur les omissions, démissions et compromissions qui sont à leur origine, tant sur le plan individuel que collectif. On dit souvent qu’on a les politiciens qu’on mérite. On a également les entrepreneurs qu’on mérite. En fait, les uns et les autres sont le reflet de notre société et de ce que nous sommes.
Il faut donc s’interroger non seulement sur les valeurs ou le manque de valeurs de nos politiciens et nos entrepreneurs, mais également sur les nôtres, car ils n’auraient jamais faits ce qu’ils ont fait ou ne se seraient jamais rendus jusqu’où ils se sont rendus sans le support actif d’un système que nous avons mis en place et que nous soutenons, ou à tout le moins que nous tolérons.
Et comme nous avons des entrepreneurs qui évoluent dans une kyrielle d’autres secteurs que celui de la construction, il faudrait être bien naïf pour croire que seul celui-ci est contaminé. En fait, il faut se demander si le secteur de la construction n’est pas en train de servir de paravent à tous les autres.
Ainsi, lorsqu’on apprend que l’UPAC enquête sur « les transactions immobilières irrégulières qui ont fait perdre une fortune » au Centre universitaire de santé McGill (le CUSM), il faut comprendre qu’on vient de déborder du secteur de la construction pour rentrer dans celui de la promotion immobilière, un secteur bien évidemment connexe comme l’est également celui du financement des projets immobiliers, mais qui ne relève pas du mandat de la Commission Charbonneau.
Pourtant, tous ces secteurs sont alimentés par les mêmes circuits d’argent où l’on retrouve souvent les mêmes protagonistes, dont les moindres ne sont certainement pas les banques. Or quand on retrouve Charles Sirois à la présidence du conseil d’administration de la CIBC, l’une des plus grandes banques canadiennes, et qu’on sait qu’il s’est déjà prononcé publiquement en faveur de l’utilisation de filiales étrangères dans des paradis fiscaux, une pratique qui demeure légale même si elle est régulièrement dénoncée par les plus hautes instances internationales , on comprend que sa conscience ne s’embarrasse pas de principes et que l’argent prime pour lui avant tout.
D’où l’inquiétude devant le rôle qu’il a joué dans la formation de la CAQ, le parti dirigé par François Legault, et sur l’ascendant qu’il pourrait avoir sur lui. Legault peut en effet dire ce qu’il veut, prétendre comme il l’a fait que Sirois n’est plus dans le portrait , le fait est que la CAQ est née de leur initiative commune et que Charles Sirois a joué un rôle majeur dans cette naissance, comme l’ont abondamment rapporté les médias à l’époque pour mettre en relief la crédibilité de la démarche sur le mode « le fait pour un homme d’affaires de l’envergure de Charles Sirois de s’investir personnellement autant dans le lancement de ce nouveau parti constitue un gage du sérieux de l’opération et de ses chances de succès ».
D’autant plus qu’il a pris soin d’amener avec lui dans cette galère un de ses amis et ancien proche collaborateur du temps de Telesystem International Wireless (TIW), « l’abrasif » Mario Bertrand, ancien chef de cabinet de Robert Bourassa compromis dans la peu reluisante « Affaire M3I » dans les années 1990, du nom d’une filiale d’Hydro-Québec au conseil d’administration de laquelle il siégeait et où il s’était retrouvé dans une situation de conflit d’intérêt .
Que ni Sirois ni Legault n’aient vu que l’arrivée de Mario Bertrand dans le décor de la CAQ pouvait soulever des questions sur leur capacité à gérer les questions d’éthique, et que Mario Bertrand lui-même, un spécialiste de la gestion de l’image politique, n’ait pas vu qu’il risquait de devenir une source d’embarras pour la CAQ vu son aventure chez M3I, constituent autant de preuves de l’existence chez ces hommes d’un point aveugle sur les questions de cette nature. Ils ont tellement l’habitude de ne pas se les poser qu’ils n’y pensent même plus, si tant est qu’ils l’aient jamais fait.
C’est particulièrement surprenant et décevant dans le cas de François Legault, vu sa formation et son expérience de vérificateur comptable et les fonctions qu’il a tout de même occupées pendant cinq ans, de 1998 à 2003, à la tête des deux plus gros ministères du Gouvernement du Québec, l’Éducation et la Santé .
À eux seuls ces deux ministères mobilisent presque les deux tiers des dépenses de l’État et le potentiel d’abus de toute sorte est à la mesure de leur importance. Or un ministre en titre est responsable devant le gouvernement et l’Assemblée Nationale de l’observance des meilleures pratiques dans la gestion des deniers publics qui lui sont confiés . Il a donc tout intérêt à s’assurer qu’elles soient bien respectées.
Quant à Charles Sirois, son champ d’expertise professionnelle est la finance, et son expérience de reddition de compte se limite à la responsabilité qui lui échoit à titre de fiduciaire de tous les actionnaires dans les entreprises qu’il dirige. Le poids de cette responsabilité varie selon le nombre et l’identité des actionnaires et le fait que le capital de l’entreprise soit ouvert ou fermé. Qui plus est, plus une entreprise connaît de succès sur le plan financier, moins sa gestion est susceptible d’être remise en question.
Sur la base de son parcours, des entreprises qu’il a dirigées, de son mode et de sa philosophie de gestion, on peut facilement voir qu’il aime avoir les coudées franches et avoir le moins de comptes possibles à rendre. Tant qu’il s’agit de son propre argent et qu’il n’intervient pas dans la sphère publique, pas de problème. Mais à partir du moment où il utilise l’argent des autres ou qu’il cherche à intervenir dans la sphère publique, il s’expose à se faire questionner sur ses motifs, ses intérêts, sa gestion, ses décisions et ses méthodes.
Il en va de même pour tous ceux qui s’engagent dans cette voie, une réalité avec laquelle les gens d’affaires ont beaucoup de difficulté à composer. Il n’est qu’à les écouter pour s’en rendre compte. Il y a toujours trop de contraintes, trop de bureaucratie à leur goût, et ils ont peine à comprendre que les contraintes et la bureaucratie qu’ils dénoncent sont la plupart du temps le prix à payer pour empêcher le système d’être détourné au profit d’intérêts particuliers qui n’ont rien à voir avec la finalité recherchée au départ.
Où que nous portions le regard ces temps-ci, nous sommes confrontés à des quantités effarantes d’abus dont la plus grande part tirent leur origine d’une insuffisance des règles d’encadrement et des contrôles. Or ce sont les revendications incessantes des milieux d’affaires pour libéraliser le système qui ont abouti à cette situation.
Il y avait une contrepartie - non dite tant elle semblait aller de soi - aux avantages offerts aux entrepreneurs de Québec Inc., soit d’en user de façon éthique et responsable. Nous verrons dans cet ouvrage que ce ne fut pas le cas pour Charles Sirois même s’il n’a pas lui-même enfreint la loi, et que, de ce fait, le rôle qu’il a joué dans la formation de la CAQ et les liens particuliers qu’il entretient avec son chef, François Legault, justifient les plus grandes alarmes, quelles que soient les distances qu’ils semblent maintenir à des fins d’apparences depuis la dernière campagne électorale.
Mais bon, personne n’est dupe. Ce n’est pas comme si les courriels, les « textos » et le téléphone cessaient d’exister dès lors que deux personnes ne sont plus vues ensemble en public.


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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2013

    "Les rares personnes qui ont conservé ce sens critique ou qui possèdent une boussole intérieure à l’épreuve de toutes les intempéries et une autorité morale incontestée choisissent trop souvent de se taire, par crainte de subir les représailles du milieu ou, pire, l’ostracisme professionnel et social auquel ce dernier condamne sans état d’âme tout ceux qui ne sont pas prêts à jouer le jeu selon ses règles.
    Il fut un temps où l’Église et les éditorialistes (pensons à Claude Ryan, surnommé « le Pape de la Rue Saint-Sacrement » lorsqu’il dirigeait le Devoir) jouaient ce rôle avec plus ou moins de bonheur et d’efficacité, mais l’Église n’a plus le même ascendant..."
    Intéressante comparaison. Je pense aussi depuis quelques années que le culte de l'argent et des affairistes a remplacé la religion catholique au Québec.
    Mais il me semble que, contrairement à la religion catholique, ce nouveau culte est installé pour de bon au Québec et qu'il ne verra pas de perte de fidèles.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2013

    M. Le Hir
    Nous n'en serions pas là si les journalistes dans les panels faisaient leur travail convenablement en tentant d'obtenir des réponses plutôt que de soigner leur image à la télévision.
    Où je veux en venir?
    A 24 heures en 60 minutes durant la dernière campagne électorale, François Legault a révélé dans la plus parfaite indifférence d'Anne-Marie Dussault que Charles Sirois ne faisait plus parti de la direction de la CAC; me semble que ça méritait au moins un éclaircissement pour les pauvres téléspectateurs abrutis que nous sommes devenus puisqu'aujourd'hui encore, personne ne semble savoir le fond de l'histoire.
    Avez-vous entendu Céline Galipeau intervewée le Ministre des affaires étrangères canadienne John Baird dernièrement où Jean Lapierre s'extasier devant les boniments stridents du chef de la CAC grosse cassette, petite caquette François legault à Larocque et Lapierre à TVA?
    On se serait cru à TLMEP...

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2013

    Rubato la machina
    No lo no collosco Charles Sirois
    http://www.dailymotion.com/video/x1vk15_rubato-la-machina_fun

  • @ Richard Le Hir Répondre

    18 février 2013


    Réponse @ Mario Goyette
    L'idée du reniement est sans doute très pertinente dans le cas de François Legault. Mais votre "parabole" a l'inconvénient de placer Charles Sirois dans le rôle de Jésus-Christ. C'est bien trop d'honneur lui faire. Je veux bien croire qu'on approche de Pâques et qu'il y a du conclave dans l'air, mais...
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2013

    Le reniement de Charles Sirois
    François Legault était dans la cour... assis au milieu des soldats qui avaient allumé du feu et qui se chauffaient.
    Une servante dit à François : "Toi aussi, tu étais avec Charles Sirois"...
    François répondit : "Non, je ne le connais pas".
    Est-ce que c'était vrai ?... Non... c'était un mensonge.
    Un instant après... un domestique rencontre François et lui demande aussi s'il connaît Charles Sirois... François répond encore : "Non, je ne le connais pas".
    Et François dit trois fois : "Non, je ne le connais pas".
    A ce moment là... le coq chanta...
    Et Charles Siorois passait dans la cour... il regarda Pierre... et Pierre se rappela ce que Charles Sirois lui avait dit : "Avant que le coq chante... tu auras dit trois fois que tu ne me connaissais pas".

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    18 février 2013

    Vous savez que j’apprécie vos textes. Alors, permettez-moi de « gosser » sur une couple de détails :
    -* Détail 1 : « On a les politiciens (ou les entrepreneurs) qu’on mérite »
    Aussi bien dire qu’une femme est responsable de son agression sexuelle, que les pauvres sont responsables de leur pauvreté et que les Afghans, ma foi, ont les drones et les missiles États-Uniens qu’ils méritent.
    On ne peut tout de même pas accuser les médias de l'Oncle Paul ou du cousin Péladeau de manipuler l’opinion publique et, du même souffle affirmer que les simples citoyens aiment se faire empaumer en en redemandent. Je sais, ce n'est pas ce que vous dites.
    La « volonté libre de l’homme » a des limites. Jean Chrétien a effectivement « mérité » l'Ordre du Mérite britannique, reçu des mains mêmes de la reine. Mais le peuple québécois n’a mérité ni la reine, ni Jean Chrétien, ni l'Oncle Paul.
    -* Détail 2 : « En fait, il faut se demander si le secteur de la construction n’est pas en train de servir de paravent à tous les autres ».
    Il faudrait en effet être bien naïf, comme vous l’écrivez, pour le croire. Surtout si l’on est d’âge ou presque à se rappeler la Commission Salvas et le « scandale du gaz naturel » (1960) ainsi que la Commission d'enquête sur le crime organisé (1972). Des spectacles socio-politiquement bien utiles, mettant en vedette quelques politiciens québécois corrompus puis, évidemment la mafia italienne, mais qui n’ont finalement pas extirpé grand-chose et, surtout, n’ont jamais osé toucher à la bienséante mafia coloniale anglophone qui, notamment, parasite et pille toujours et toujours plus les ressources de notre système d’éducation et de santé.
    Oui, Monsieur Le Hir, servir de paravent à d’autres, comme le tétra-scandale du MUHC (le CUSM disent les illusionnistes) que l’appétit insatiable de l’honorable et possible malfrat Arthur Porter a servi de révélateur.
    À cet égard, méritons-nous vraiment Réjean Hébert, le ministre péquisse de la Santé qui a choisi qualifier le MUHC de « dernier de classe », plutôt que de révéler la vraie nature parasitaire de ce chancre colonial; plutôt que de mettre sous véritable tutelle le MUHC et de dégommer Normand Rinfret, ce « one of ours » historique, docile et malin, opérateur en chef de la soute à charbon et de la salle des machines au cœur de tous les magouilles administratives connues et occultées.
    Oui, Monsieur Le Hir, la Commission Charbonneau fait aussi office de paravent pour les intérêts historiques coloniaux anglophones de Montréal. Ce n’est pas pour rien que la frénésie s’est emparée de plusieurs cadres supérieurs du MUHC lorsque la Commission a suspendu ses travaux peu avant la période des fêtes. Les resquilleurs, tout comme les blattes, craignent la lumière.
    Alors, disiez-vous … Charles Sirois ? Est-ce aussi un genre de « one of ours »? – J’ai bien hâte de vous lire !
    Amicalement,
    JPB

  • François A. Lachapelle Répondre

    17 février 2013

    ll sera très intéressant de lire votre livre sur Charles Sirois, actuel président du Conseil d'administration de la banque CIBC. Dans un texte magistral de vulgarisation des problèmes mondiaux de l'économie, il faut lire la chronique dans Le Devoir du 14 février 2013 de Gérard Bérubé, titre: "Déni fiscal".
    Je retiens de votre introduction présentée sur vigile ce paragraphe: « Pourtant, tous ces secteurs sont alimentés par les mêmes circuits d’argent où l’on retrouve souvent les mêmes protagonistes, dont les moindres ne sont certainement pas les banques. Or quand on retrouve Charles Sirois à la présidence du conseil d’administration de la CIBC, l’une des plus grandes banques canadiennes, et qu’on sait qu’il s’est déjà prononcé publiquement en faveur de l’utilisation de filiales étrangères dans des paradis fiscaux, une pratique qui demeure légale même si elle est régulièrement dénoncée par les plus hautes instances internationales , on comprend que sa conscience ne s’embarrasse pas de principes et que l’argent prime pour lui avant tout. »
    C'est le recours aux paradis fiscaux qui pose un immense problème à l'économie mondiale en permettant aux gros joueurs de jouer selon d'autres règles que les petits joueurs. C'est l'argent, comprendre les profits, qui prime sur tout. Aucune morale ne s'applique pour ces gros joueurs: la concurrence est déloyale, les abris fiscaux pullulent, les fausses pertes sont accréditées par le fisc donnant droit à un étalement dans le temps pour réduire les profits, les manipulations des états financiers ont libre cours. On pourrait aussi parler des stratégies de la dépréciation des monnaies en concurrence les unes contre les autres, les fausses déclarations de réserves de pétrole par les producteurs pour soutenir artificiellement leur économie nationale qui souvent sont le bien de quelques fortunes archi-milliardaires dans le monde.
    Et pendant ce temps, nos politiciens manipulés par plus futés qu'eux, brandissent les exigences des organismes internationaux comme la Banque mondiale, le FMI et tous les organismes de l'ONU qui orchestrent les rigueurs du crédit aux pays tricheurs. Sacrefaisse: tout le monde presque est tricheur ?!?
    Pour ceux qui n'ont pas eu de valentin le 14 dernier, faites-vous en un en lisant la chronique dans LE DEVOIR à la page B 1 par Gérard Bérubé, intitulée: "Déni fiscal".
    C'est grâce aux nombreux textes éveilleurs et documentés de Richard Le Hir et aux chroniques de Gérard Bérubé et autres intellectuels honnêtes que certains citoyens peuvent comprendre des mécanismes pas si compliqués dans le fond à partir du moment où on utilise la loupe de la fraude. Un sergent-détective disait qu'il serait facile de prendre les voleurs si on pouvait penser comme eux.
    Continuons de nous instruire et de tirer nos conclusions.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2013

    Bravo monsieur Le Hir,
    Ça semble aussi passionnant qu’un roman policier, j’ai bien hâte de lire ça...

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2013

    Bonjour M. Le Hir. J’achèterai ce livre.