À moins de vivre dans un garde-robe, tout citoyen doté de sens critique et épris de démocratie ne peut que constater la menace qui plane de plus en plus sur la liberté d’expression au Québec. L’abject projet de loi 59 des libéraux, visant à condamner tout discours soi-disant haineux, semble désormais servir de toile de fond à une avalanche de comportements victimaires des plus douteux, constitués essentiellement d'attaques d’agresseurs victimes soucieux, soit de faire prévaloir leur pouvoir de museler toute expression démocratique contraire à leur conception de la bien-pensance, soit de faire taire toute opinion menaçant leur pouvoir politique ou social.
La présumée lutte à l’islamophobie semble la motivation la plus évidente derrière l’initiative liberticide du gouvernement Couillard, mais d’autres lobbys pourraient faire leurs choux gras d’un pouvoir de censure de plus en plus malsain.
Nous avons droit en ce moment à la croisade des parents de Jérémy Gabriel contre Mike Ward, rendant l’humoriste irrévérencieux directement responsable de l’intimidation subie au fil des ans par leur rejeton, mais de nombreux autres faits d’armes ayant pour cible la liberté d’expression sont venus récemment hanter les médias.
Le ministre des transports, Robert Poëti, n’est pas parvenu à modérer ceux de l’opposition, ni d’une obscure chambre de commerce, scandalisées par une blague anodine à propos du penchant légendaire des femmes pour le magasinage; Jean-François Mercier a dû affronter des cohortes de féministes enragées pour avoir judicieusement souligné l’incohérence des allumeuses qui s’indignent de l’attention qu’elles ont délibérément provoquée; un journaliste a dû s’excuser pour avoir ri d’une blague salace, certes, mais pas méchante à propos de la candidate bloquiste Catherine Fournier, photographiée en pâmoison devant son chef, Gilles Duceppe; le député conservateur Larry Miller a dû présenter des excuses injustifiées pour avoir affirmé que les femmes qui ne voulaient pas dévoiler leur visage lors de leur assermentation en vue de devenir citoyennes canadiennes auraient mieux fait de rester « là d’où elles venaient », une évidence.
Et le problème n’a rien de local. En Grande-Bretagne, un prix Nobel de sciences a dû démissionner de l’université dans laquelle il enseignait pour avoir dit que, dans les salles de cours, les femmes tombaient en amour avec les hommes, les hommes avec les femmes, et que ces dernières pleuraient quand on les critiquait. Il avait apparemment raison, mais ne supposait pas qu’elles pouvaient aussi lui faire perdre son emploi…
Un projet de recherche révélateur…
Dans une chronique de 2012, ->http://olivierkaestle.blogspot.ca/2012/04/vers-une-censure-des-sites-hoministes.html] je révélais déjà que les féministes d’État souhaitaient museler tout discours menaçant leur hégémonie idéologique et leur mainmise monétaire (subventions) en accusant leurs adversaires de propager un discours haineux envers les femmes et elles-mêmes.
J’y citais un projet de recherche initié par la Chaire Claire-Bonenfant, de l’université Laval, et intitulé Analyse de la situation canadienne. Le propos de cette initiative démontrait on ne peut plus clairement à quel point, écrivais-je, « les médias sociaux représentent une menace constante pour les féministes radicales, par le fait que les chiffres pourtant gouvernementaux qu’elles souhaitent taire, les injustices faites aux hommes qu’elles voudraient étouffer (les injustices ou les hommes, faites votre choix) et le discours critique sur leur déviance éthique - vers des objectifs exclusivement corporatistes - qu’elles désirent annihiler, les perturbent. »
Horrible, non ?… Mais comment faire taire ces médias sociaux « antiféministes » ? interrogeais-je : « Il semble que l’avenue judiciaire soit envisagée, puisqu’il est question de « contrôle juridique », ce qui implique automatiquement, que ça plaise ou non, le concept de censure. » Le projet de loi 59, mieux qu’esquissé…
Bouleversées, elles renchérissaient : « Leur discours (des vilains « masculinistes ») attire l’attention des médias, en plus d’avoir beaucoup d’influence tant sur les hommes que sur les femmes. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir, entre autres, de ces groupements de menacer les acquis des femmes et d’inciter à la violence envers elles. Grâce à Internet, ces groupements propagent, à peu de frais, une vision misogyne qui attise la violence contre les femmes. » Non, les fausses allégations, ça n’existe pas, voyons…
Comment ne pas voir de liens entre le projet de loi 59 et l’extrait suivant : « Entre autres, on assiste à la mise en ligne de sites Internet, par des groupes « masculinistes », dédiés à la promotion des droits des pères et des hommes. Ces sites sont en réaction contre les acquis des femmes, les groupes de femmes, et le mouvement féministe. En plus de déformer les faits concernant les femmes, ils sont souvent violents dans leurs propos envers le mouvement féministe et les femmes, dans leurs représentations des femmes, ainsi que dans leurs recommandations de toutes sortes. » Une telle démonisation d’hommes déjà lésés par un système judiciaire inféodé aux diktats féministes étatiques, ce n’est pas une forme de haine et de violence, peut-être ?
Ça commence avec les rappeurs et...
On retrouve un écho on ne peut plus évident de cette orientation idéologique dans la récente prise de position de Françoise David, tirant profit de la venue d’un rappeur controversé, l’été dernier, qui ferait l’apologie du viol collectif dans l’une de ses chansons. Comment ne pas voir le jeu de la porte-parole de Québec solidaire, qui a pourtant déjà soutenu publiquement Adil Charkaoui, essayant d’utiliser un cas isolé extrême en vue de faire taire des voix d’autant plus dérangeantes qu’elles seraient modérées et pertinentes ?
Le très démocratique Huffington Post, qui m’avait incidemment affirmé qu’il se retirait du « débat masculinistes vs féministes » en fermant mon blog, relaie minutieusement le propos de Mme David :
« Alors qu’on associe plus souvent le projet de loi 59 aux islamistes, Françoise David croit qu’il permettra de lutter aussi contre les discours haineux envers les femmes, que ce soit dans les médias traditionnels, les médias sociaux ou sur scène. «Est-ce que ce n’est pas utile d’avoir une loi qui vient dire "là-dessus, comme sur d’autres manifestations de haine à l’égard de d’autres groupes vulnérables, qu’il y a une sorte de ligne qu’on ne peut pas franchir"?» demande la porte-parole de Québec solidaire. »
Tout en prétendant rassurer les humoristes sur leur droit de parole, elle est citée : «Pour Françoise David, les propos misogynes des rappeurs pourraient, dans des cas bien précis, être couverts par le projet de loi 59. «Si leurs propos constituent des appels répétés à la haine contre les femmes […], moi je vais dire ‘oui, on peut les poursuivre’. Après, le tribunal tranchera», dit-elle. »
Eh oui, à l’ombre des chartes des droits et libertés, de l’islam politique envahissant et du féminisme d’État sclérosant, « après, le tribunal tranchera… »
Après quoi ? Mais après le projet de loi 59 devenu loi, pardi !
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