<i>Speak White</i>

Anglicisation du Québec

Vendredi confession : il n'y a rien que j'aime plus au monde que de me faire donner des leçons de bilinguisme par des unilingues anglophones. Ou de me faire donner des leçons de tolérance par des êtres intolérants.
Depuis le début de 2010, je multiplie les accrochages avec des anglophones qui m'ont traitée soit de raciste ou carrément, et c'est la meilleure, de « French terrorist ». Et pour quelle raison subis-je ainsi les foudres de mes compatriotes? Because I demand to be served in French in my own, French-speaking province, that's why! Il y a d'abord eu cette journaliste de la Gazette qui m'a traitée de raciste sur Twitter parce que je me plaignais de ne pas avoir été servie en français dans un commerce. Puis, il y a eu cette propriétaire de salon de manucure qui m'a sortie manu militari de son stand au lancement de Sex and the city 2, en me traitant de terroriste parce que j'avais osé dénoncer son unilinguisme.
Mais la cerise sur le Sunday Gazette, la goutte qui a fait déborder mon mare usque ad mare, c'est cet agent de bord qui m'a interpellée en grec il y a deux semaines parce que j'avais osé exiger de sa collègue qu'elle me parle en français. « You don't speak Greek. Why are you complaining if my colleague doesn't speak French? » Manifestement, cet hurluberlu n'avait jamais entendu parler du principe des deux langues officielles.
Je parle parfaitement l'anglais, j'ai fait mes études supérieures à McGill et à Columbia aux États-Unis. J'écoute du Leonard Cohen, du Rufus Wainwright et je lis du Rohinton Mistry. Mais qu'un agent de bord d'une compagnie québécoise qui ne peut même pas parler en français à ses clients à bord d'un vol au départ de Montréal me donne des leçons d'ouverture et de tolérance, ça dépasse carrément toutes les bornes.
En 1899 pendant un débat houleux à la Chambre des communes, Henri Bourassa s'est fait huer par des députés anglophones. Quand il a essayé de s'expliquer en français, il s'est fait crier : « Speak White! »
En 1970, lors d'une nuit de la poésie, Michèle Lalonde récitait son poème Speak White, dénonçant cette arrogance des anglophones qui s'offusquent qu'on s'obstine à parler notre langue.
Faut-il, aujourd'hui encore, plier l'échine et accepter sans rien dire de se faire crier « Speak White! » alors qu'on est maître chez nous?


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