(Québec) Ce n'est pas la démission de David Whissell qui devrait marquer l'histoire du 9 septembre 2009. C'est l'admission, par Jean Charest, que ses règles d'éthique aux ministres ne tenaient pas la route. C'est également la conclusion qu'il en tire, à savoir qu'il faut nommer un commissaire à l'éthique le plus rapidement possible.
Jusqu'à maintenant, le premier ministre s'était octroyé la responsabilité d'édicter les règles de conduite aux ministres. Il reconnaît qu'il a failli à la tâche et que le moment est venu de confier ce mandat à un commissaire crédible et indépendant du gouvernement. À cet égard, la controverse entourant le cas de David Whissell aura été utile. Maintenant libérés des cas litigieux, le gouvernement et les partis d'opposition seront en mesure d'amorcer un travail plus sérieux sur l'éthique des élus.
Il n'est pas facile de démissionner en pleine controverse. On a encore en mémoire le cas de Gilles Baril, qui avait fondu en larmes en quittant le gouvernement Landry en février 2002 à cause d'une affaire de lobbyisme. D'ailleurs, c'est ce petit scandale qui avait amené Bernard Landry à faire adopter en catastrophe une loi sur le lobbyisme. L'histoire se répète, et c'est une autre démission qui amène Jean Charest à respecter sa promesse de septembre 2002 de nommer un commissaire à l'éthique.
Les politiciens attendent trop souvent d'être rattrapés par la réalité avant de bouger. Jean Charest n'a pas échappé à cette règle et il en a payé le prix. Il reconnaît maintenant que «l'apparence d'intégrité est tout aussi importante que l'intégrité elle-même». C'est un constat bien tardif pour un politicien de son expérience.
David Whissell a déclaré de son côté que «la vraie question» qui se pose, dans une situation comme la sienne, est de savoir si une compagnie a accru ses bénéfices à cause de ses liens avec un ministre. Visiblement, il n'a pas encore accepté ou compris l'importance de «l'apparence d'intégrité» dont venait de parler le premier ministre.
Quoi qu'il en soit, M. Whissell a pris une décision responsable dans les circonstances. Partagé entre son poste de ministre et ses actions dans sa compagnie, il a dit avoir choisi sa famille. C'est vrai que la compagnie ABC Rive-Nord dont il détient 20 % des actions fait partie de son patrimoine familial. Mais les questions des journalistes à la conférence de presse d'hier ont donné un aperçu de l'automne difficile qui l'attendait s'il était resté en poste?: des camionneurs à qui il a dit qu'il ne pouvait rien pour eux lorsqu'ils ont voulu se plaindre d'ABC Rive-Nord; la fille du responsable de sa fiducie qui fait des stages dans son bureau ministériel...
Voilà des sujets qui auraient fait les délices de l'opposition et le calvaire du gouvernement à la reprise des travaux de la Chambre la semaine prochaine. Dans les circonstances, la démission du ministre était sage pour tout le monde, mais surtout pour ses collègues libéraux.
Malgré la nomination temporaire de Sam Hamad comme remplaçant, cette démission ouvre la porte à l'entrée d'un nouveau venu au cabinet. M.?Charest ne manque pas de candidats dans sa députation. Mais il devra tenir compte de la représentation régionale, d'autant plus qu'à l'exception de Norm MacMillan, les libéraux sont plutôt décimés dans cette partie du territoire québécois. Le libéral Alain Paquet, de Laval-des-Rapides, aura sans doute quelques espoirs, mais sait-on jamais ce qui motivera Jean Charest dans cette prochaine décision?
Du côté péquiste, la démission de David Whissell est une victoire, et une perte... Le ministre du Travail aurait été une cible tellement facile cet automne... Jean Charest ne leur a pas laissé ce plaisir.
Humiliant constat d'échec
Ce n'est pas la démission de David Whissell qui devrait marquer l'histoire du 9 septembre 2009. C'est l'admission, par Jean Charest, que ses règles d'éthique aux ministres ne tenaient pas la route.
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