Human Rights Watch accuse Israël d'avoir commis des "crimes de guerre" en 2006 au Liban

17. Actualité archives 2007




"Pourquoi ils sont morts" ("Why they died") : telle est la question à laquelle Human Rights Watch (HRW) tente de répondre, dans un rapport de 247 pages sur les victimes libanaises de la guerre de l'été 2006, rendu public jeudi 6 septembre. L'organisation de défense des droits de l'homme a enquêté sur 94 attaques menées par l'armée israélienne qui ont tué 561 personnes, dont 510 civils et 51 combattants du Hezbollah.


Quelque 355 victimes et témoins ont été interrogés pour répondre à trois questions : les Libanais tués étaient-ils des civils ou des combattants ? Israël a-t-il respecté les lois humanitaires internationales lors de ce conflit ? Le Hezbollah a-t-il contribué, par ses méthodes, à accroître le nombre de victimes civiles ?
HRW ne peut y répondre qu'à travers les cas examinés, même si des informations partielles ont été obtenues sur les 548 autres morts de cette guerre de trente-quatre jours, du 12 juillet au 14 août 2006. Au total, selon le décompte de l'organisation, il y a eu 1 109 tués et 4 399 blessés au Liban, victimes de 7 000 bombes ou missiles lancés par les avions et les drones israéliens, sans parler des tirs d'artillerie et de marine. Plus d'un million de personnes ont fui les combats.
Les autorités israéliennes ont argué du fait que le nombre élevé de victimes civiles était lié au comportement du Hezbollah, se dissimulant au sein de la population, utilisant les habitants comme boucliers et les villages comme lieux de stockage de munitions, et dont les combattants ne portaient pas d'uniforme. Elles ont aussi rappelé que Tsahal avait, avant chaque attaque, demandé à la population civile du sud du fleuve Litani de quitter cette zone.
Selon HRW, sur les 499 civils tués dont il a été possible d'établir l'identité, 302 étaient des femmes et des enfants. De mauvais renseignements ont coûté la vie à des citoyens libanais qui n'appartenaient pas au mouvement radical chiite.
"SANS DISCERNEMENT"
Si les arguments avancés par Israël ne sont pas dénués de fondement, indique le rapport, "la responsabilité du nombre élevé de victimes civiles incombe complètement à Israël dans la conduite de ses opérations militaires". Tsahal, note le rapport, "a pris pour cible des personnes ou des structures associées de quelque manière que ce soit avec l'organisation militaire, politique ou sociale du Hezbollah sans tenir compte du fait qu'elles constituaient (ou non) des objectifs militaires valables... De nombreuses attaques ont été perpétrées sans discernement, de façon disproportionnée et, de ce fait, ne sont pas justifiées. Ce qui constitue de sérieuses violations des règles humanitaires internationales. En conséquence, les officiers et les officiels savaient ou auraient dû savoir que des crimes de guerre étaient commis."
HRW ne s'étend pas sur l'utilisation des bombes à sous-munitions auquel un autre rapport va bientôt être consacré, mais souligne qu'Israël a intensifié leur dissémination au cours des trois derniers jours de la guerre, notant que beaucoup de ces engins provenaient de stocks remontant à la guerre du Vietnam. En conséquence, 30 % à 40 % d'entre elles n'ont pas explosé. Au total, il y aurait 4 millions de bombes dispersées dans la nature, qui ont fait, depuis la fin de la guerre jusqu'au 20 juin, 24 morts et 183 blessés.
En Israël, les quelque 4 000 roquettes lancées par le Hezbollah ont causé la mort de 43 civils et de 12 soldats israéliens. Le comportement de la milice chiite a également été épinglé par HRW dans un précédent rapport. La conférence de presse qui devait avoir lieu à cette occasion, le 29 août, à Beyrouth a été annulée pour raisons de sécurité après qu'une campagne hostile a été lancée contre l'organisation, notamment par la chaîne Al-Manar, organe du Hezbollah.
Sur le terrain libanais, HRW estime cependant qu'"il n'y a pas de preuve que les combattants du Hezbollah ont régulièrement et largement contrevenu à ces lois, comme l'a affirmé de façon répétée Israël". Jusqu'au dernier jour de la guerre, le Hezbollah a été en mesure de lancer des katiouchas, en dépit des bombardements intensifs israéliens. Sur les 1 109 morts libanais, 250 environ sont des combattants du Hezbollah.
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Michel Bôle-Richard


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