Horizons bouchés

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« À court terme, le PLQ a besoin d’un chef de transition qui n’aspire pas à devenir premier ministre, mais à remettre le parti sur les rails. »


Sébastien Proulx ne briguera pas la chefferie du PLQ, laissant la voie à Dominique Anglade et Marwah Rizqy pour succéder à Philippe Couillard. Mauvaise nouvelle pour les libéraux qui ont grand besoin de renouer avec une base francophone plus nationaliste!


Les candidatures qui faisaient saliver les militants et une bonne partie des apparatchiks libéraux, telles les Fortin et Proulx, préfèrent passer leur tour en plaçant la vie de famille avant celle de mener les destinées du parti. Il y a fort probablement un fond de vérité dans ces désistements, mais surtout de grandes doses de pragmatisme et de réalisme, en considérant que le PLQ ne semble pas à la veille de se retrouver aux commandes et que la traversée du désert s’avèrera fort longue. 


Si les deux hommes refusent de se sacrifier à court terme et ménagent leurs potentielles chances d’avenir pour après 2022, la patience ne semble pas être de mise pour les deux femmes qui défient les aventures passées en croyant qu’elles pourraient survivre à une défaite libérale en 2022. Toutes les deux sont talentueuses à souhait et peuvent jouir d’un réel pouvoir de séduction auprès de l’électorat en représentant un certain vent de changement. Il est peut-être trop tôt pour douter de leur capacité à amener le parti à reconquérir le terrain perdu, mais les probabilités ne penchent définitivement pas vers leur parti à moyen terme.


Rizqy a une sensibilité sociale qui faisait affreusement défaut au gouvernement Couillard. Sa maîtrise de la fiscalité pourrait même nous laisser rêver d’une plus grande équité en cette matière si, un jour, elle devenait première ministre. D’autre part, son inflexibilité en matière de laïcité et d’accommodements raisonnables, en allant jusqu’à refuser le compromis Bouchard-Taylor, la disqualifie auprès de l’électorat francophone et risque de repousser le PLQ encore plus profondément dans les oubliettes.


De son côté, Anglade manifeste du bout des lèvres une certaine ouverture sur les préoccupations autour de la laïcité, mais son passage comme ministre de l’Économie marquera encore longtemps son association avec l’austérité libérale. Les politiques de rigueur budgétaires des Coiteux, Leitaõ et Anglade ont soulevé un ressentiment semblable à ce qui a pu être observé ailleurs dans le monde avec des populations qui ont voté pour se débarrasser de leurs élites politiques. Pour plusieurs, un vote caquiste se révélait surtout un vote anti-libéral. On ne peut prédire combien de temps l’austérité libérale fera tache, mais la présence d’Anglade à la tête du parti risque de ne pas la faire disparaître de sitôt.


À court terme, le PLQ a besoin d’un chef de transition qui n’aspire pas à devenir premier ministre, mais à remettre le parti sur les rails. Les ambitieux se tiendront loin de la course et les opportunistes tenteront d’en profiter, risquant de ralentir considérablement le travail de reconstruction du parti. Un peu comme Claude Ryan l’avait fait dans les années 80, le PLQ a besoin d’une personne qui ravivera les racines et permettra de renouer avec le penchant socio-démocrate qui habitait le parti au temps des Lesage et Bourassa. 


Le PLQ pourrait-il trouver âme si noble dans une ère politique où domine le clientélisme et de moins en moins les idées, telle est la question?