En fouillant sur Internet dans l’espoir d’y trouver un article qui pouvait traiter des relations que les Québécois entretiennent avec la fête du Canada, je suis tombé sur un article de Jean-François Lisée paru sur son blogue le 1er juillet 2011 sous le titre
« 1er juillet : pourquoi le fête est-elle si triste? »
À lui seul, il m’a semblé qu’il décrivait fort bien l’historique qui a conduit au désenchantement des Québécois à l’égard de la fête du Canada. Aussi ai-cru bon de vous le citer intégralement…histoire de nous souvenir :
« Pour tout étranger établi au Québec, l’étonnement est annuel. La Fête nationale du Québec, le 24 juin, est un événement majeur.
La Fête du Canada, le premier juillet, est largement ignorée. Comment a-t-on pu en arriver à cette situation, impensable dans toute nation normalement constituée (je pèse mes mots) ?
C’est qu’il y a un vice de conception. Le premier juillet 1867, date de fondation du pays, fut un jour chômé et les autorités organisèrent plusieurs manifestations. Le haut clergé était très favorable à la confédération, se sachant maître des compétences léguées à la nouvelle province, notamment l’éducation, outil de son autoperpétuation.
Les Québécois, alors appelés Canayens – les autres étaient Les Anglais — se sentaient évidemment concernés. Dans l’intense débat du moment, les leaders du projet, dont le conservateur George-Étienne Cartier, avaient même promis de tenir un référendum sur le sujet. Mais ayant testé la méthode au Nouveau-Brunswick, et s’étant fait dire non, ils ont renoncé à tenir parole.
Des élections ont eu lieu d’août à septembre 1867, faisant office d’élection référendaire. Le Parti rouge — dont le PLQ est le lointain héritier — s’opposait à la confédération, préférant que le Québec reste une province autonome dans l’empire britannique — une souveraineté-partenariat avant la lettre.
Cette élection fut une des plus divertissantes de l’histoire politique. D’abord, ce qui était normal à l’époque, le vote n’était pas secret: les électeurs signaient leur nom dans un grand livre ouvert. Seuls les hommes de plus de 21 ans détenant une richesse minimale avaient le droit de vote, ce qui réduisait l’électorat à une fraction du nombre d’adultes.
Ensuite, le clergé a annoncé que voter pour le Parti rouge serait un « péché mortel », qui conduirait, pour l’éternité, aux flammes de l’enfer. Les prédécesseurs de Mgr Ouellet ont averti que les prêtres refuseraient même de donner l’absolution aux fautifs, assurant ainsi leur damnation. (L’historien Marcel Bellavance a montré qu’effectivement, moitié moins d’absolutions furent consenties aux Pâques suivantes qu’aux précédentes.) Par mesure préventive, des curés refusaient aussi l’absolution, en confession, aux ouailles qui avouaient lire les journaux de l’opposition.
Résultat : 40% des électeurs ne se sont pas présentés, refusant de commettre ce péché, réduisant d’autant le bassin électoral. D’autres techniques furent mises en œuvre :
L’escamotage : Pour être candidat, il fallait être présent, au jour et à l’heure dits, pour un « appel nominal » des candidatures. Pourquoi ne pas kidnapper le candidat adverse –on disait escamoter — le temps de la procédure ? Cela est arrivé dans trois comtés, au profit des conservateurs
L’achat : Ailleurs, le candidat conservateur, parfois avec l’assistance du curé, proposait au candidat libéral une somme d’argent ou une nomination (les nominations devaient être approuvées par le clergé). En échange, le libéral retirait sa candidature au moment de l’appel nominal, ce qui avait pour effet de faire élire sur-le-champ le conservateur. Ce fut le cas dans deux comtés.
Le défranchisage : Les officiers chargés de l’appel nominal, souvent conservateurs, avaient le pouvoir de «défranchiser» une paroisse, c’est-à-dire d’y annuler l’élection, sous divers prétextes. Les quartiers libéraux du comté de L’Islet -la moitié des électeurs- furent ainsi «défranchisés», comme trois paroisses libérales de Kamouraska, donnant dans les deux cas une courte victoire aux conservateurs.
Dans cette élection, la plus frauduleuse de l’histoire du Québec, même au regard des standards de l’époque, 45 % des électeurs (donc une majorité de francophones, car les anglos votaient conservateur) ont quand même bravé les interdits pour voter contre la fédération. L’adhésion du Québec au Canada a donc été décidée par moins de 10 % des adultes, moins de 20 % des hommes adultes. Les Canayens de l’époque savaient et les historiens d’aujourd’hui savent, que s’il s’était agi d’un vote libre, l’électorat aurait très majoritairement refusé l’entrée au Canada.
Ces faits sont évidemment perdus dans la mémoire collective. Mais ils aident à comprendre pourquoi la date du premier juillet 1867 n’a jamais constitué, pour les francophones du Québec, un moment fort. Voilà pourquoi on ne s’est pas transmis, de génération en génération, le goût de célébrer… une fraude. »
Pour conclure, je vous laisse sur cette nouvelle à l’effet que la Ville de Québec, compte tenu de la cure minceur administrée par Ottawa concernant les subventions versées pour la fête du Canada, a décidé d’injecter « gracieusement » 35 000 $ en équipements et services. Au menu des festivités, la traditionnelle levée du drapeau avec la garde en rouge devant l’Hôtel de ville où 120 militaires du Royal 22ième Régiment seront présents; ensuite, les convives se déplacent vers la terrasse Dufferin pour déguster un morceau du gâteau géant rouge et blanc concocté dans les cuisines du Château Frontenac…Bon appétit à nos « valeureux patriotes canadiens »!
Registre des armes à feu : l’arme se retourne contre Québec
Après que la Cour supérieure, en septembre 2012, ait jugé que Québec était en droit d'obtenir les données du défunt registre fédéral des armes à feu et que le fédéral ne pouvait les détruire unilatéralement, la Cour d'appel du Québec conclut qu'Ottawa n'a pas à transférer ces données à Québec.
Dans toute cette saga de jugements contradictoires de la part des deux Cours, il est à se demander où la justice fait son nid. D’un côté, les juges en appellent au fédéralisme « coopératif » pour justifier leur décision, de l’autre, au fédéralisme « pragmatiste ».
Résultat…l’ « arme » s’est maintenant retournée contre Québec qui, entredéchiré dans ce système judiciaire bicéphale aux prises avec un régime politique utopique dénommé le fédéralisme, va se tourner vers la Cour suprême où d’autres « honorables » juges seront appelés à trancher entre la sagesse et la raison…Un autre chapitre de la vie tumultueuse du mariage « forcé » entre Ottawa et Québec!
Henri Marineau
Québec
Les Québécois et la fête du Canada
Histoire de nous souvenir
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
28 juin 2013Il y a deux ans seulement, J.-F. Lisée avait-il déjà besoin de se référer à 1867, bien que ce fût fort instructif, pour expliquer que les Québécois (moins les Anglais) tournent le dos aux célébrations du Premier Juillet. S'ils ont choisi de déménager ce jour-là au lieu de faire un pèlerinage sur la butte de sable à Ottawa, c'est par discrétion, pour se retenir d'aller y manifester leur dégoût face à toutes les injustices que leur inflige ce gouvernement ouvertement assimilationniste. Particulièrement S.Harper, dont la duplicité le fit reconnaître officiellement la nation québécoise pour ensuite couper dans divers domaines pour affaiblir le Québec. Assurance emploi. Centres de recherche surtout en environnement. Transferts en éducation supérieure. Registre des armes à feu. Refus de la langue française dans les institutions fédérales. Dépenses accrues en armements, en monarchie, en complicité sur libre échange européen, surveillance de frontières américaines... Ajoutez-en!