ÉNERGIE EST

Heurtel s’estime toujours en mesure de faire respecter les lois du Québec

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Il n'y a que lui pour le croire

Même si le gouvernement de Philippe Couillard accuse un retard majeur dans l’évaluation environnementale du projet de pipeline de TransCanada, il estime toujours qu’il sera en mesure d’appliquer les lois provinciales dans le dossier Énergie Est, dont l’approbation revient au gouvernement fédéral.

Le Devoir révélait mardi que la multinationale albertaine n’a toujours pas transmis d’avis de projet concernant la construction des 700 kilomètres de pipeline qu’elle projette au Québec, pour exporter du pétrole des sables bitumineux.

Cette situation a pour effet de bloquer le déclenchement de l’étude environnementale promise depuis mai 2014 par le ministre de l’Environnement David Heurtel. En fait, cela signifie que Québec n’a pas en main d’étude d’impact pour le projet et que le gouvernement n’est donc pas en mesure de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour qu’il mène ses travaux. Or les libéraux ont toujours dit qu’ils s’appuieraient sur les conclusions du BAPE pour présenter leur position définitive lors des audiences fédérales, qui se tiendront à l’automne.

Ce retard de la part du Québec n’inquiète toutefois pas David Heurtel. « Nous nous assurerons du respect des lois québécoises en matière de protection de l’environnement et que l’analyse du projet se fasse dans la plus grande rigueur », a répondu au Devoir le cabinet du ministre.

« Rappelons que le gouvernement du Québec a l’intention d’exercer pleinement ses compétences sur la portion québécoise du projet et d’appliquer ses lois, a ajouté son bureau par voie de courriel. Et soyons très clairs : si le projet ne respecte pas les normes et les lois environnementales au Québec, il n’aura pas lieu. » Il n’a pas été possible de parler au ministre.

Québec renonce

Le Parti québécois accuse pour sa part le gouvernement Couillard de manquer à ses devoirs. « Soit le ministre improvise et n’a pas fait son travail pour exiger l’avis de projet à temps, soit il renonce à son pouvoir et remet cela entre les mains de l’Office national de l’énergie. Dans un cas comme dans l’autre, c’est mauvais, parce que c’est l’Office national de l’énergie qui risque de nous imposer sa décision », a fait valoir Sylvain Gaudreault, porte-parole péquiste en matière d’environnement.

Le député de Jonquière a en outre critiqué le préjugé favorable du premier ministre envers le projet. M. Couillard a répété la semaine dernière, à Londres, qu’il était en principe d’accord avec le projet, qui fera du Québec un point névralgique pour l’exportation du brut albertain. « Est-il premier ministre du Québec ou alors porte-parole de TransCanada ? », a demandé Sylvain Gaudreault.

Le Parti québécois s’oppose au pipeline Énergie Est, estimant notamment que la province ne doit pas devenir une « terre d’exportation » pour le pétrole des sables bitumineux. Selon M. Gaudreault, les avantages économiques ne seraient pas non plus au rendez-vous. Une fois le pipeline et le port pétrolier construits, le projet doit générer 110 emplois directs.

Le pipeline de TransCanada fera couler chaque année, dès 2019, plus 400 millions de barils de brut à travers le territoire du Québec. Ce pipeline traversera non seulement de très nombreux secteurs agricoles, mais aussi le territoire de plusieurs dizaines de municipalités des deux rives du Saint-Laurent. Il franchira aussi de nombreuses rivières majeures du sud du Québec, dont plusieurs sont utilisées comme source d’eau potable par les municipalités.

C’est le gouvernement fédéral, à travers l’Office national de l’énergie, qui en contrôle l’approbation. TransCanada a d’ailleurs toujours dit que la décision définitive appartient à Ottawa.


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