Halte au gaz de schiste, feu vert au pétrole: le PQ accusé d’incohérence

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Contexte électoral oblige… l’opposition part en peur

Les critiques se sont multipliées mardi concernant l’intention du gouvernement Marois d’interdire toute opération de fracturation dans la vallée du Saint-Laurent, alors qu’il permet de tels forages exploratoires sur l’île d’Anticosti avant d’en évaluer les risques pour l’environnement.

Profitant du début de la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 37 sur le moratoire sur le gaz de schiste, le député solidaire Amir Khadir l’a qualifié d’« incohérent ». « Le projet de loi concerne les basses terres du Saint-Laurent et ne concerne que le gaz de schiste, en écartant la question du pétrole de schiste, qui a besoin, tout comme le gaz de schiste, de la fracturation pour être extrait », a-t-il souligné.

M. Khadir a du même coup accusé le gouvernement d’autoriser les pétrolières à « saccager » l’île d’Anticosti. « Dans le fond, ce qu’on voit, c’est que le PQ veut donner le feu vert à l’industrie pétrolière et gazière », a ajouté le député de Mercier. Il en veut pour preuve que des ministres et la première ministre se sont retrouvés à la même tribune que des représentants de pétrolières la semaine dernière pour annoncer des investissements publics de 115 millions de dollars dans l’exploration sur Anticosti.
Contradiction
Le porte-parole libéral en matière d’environnement, Gerry Sklavounos, a aussi soutenu que Québec fait preuve de « grande contradiction » dans sa gestion des projets d’exploration pétrolière et gazière. Sur l’île d’Anticosti, « avant même que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ne se prononce, c’est du “drill, baby drill”. Ça rappelle pas mal Sarah Palin. » À l’opposé, a-t-il ajouté, le gouvernement veut mettre en place un moratoire sur l’exploration gazière dans la vallée du Saint-Laurent avant d’attendre les résultats des travaux du BAPE, qui doivent débuter à la fin mars.

Des groupes environnementaux ont quant à eux demandé à ce que le moratoire qu’imposerait le projet de loi 37 s’applique à l’ensemble du Québec, et non seulement à la vallée du Saint-Laurent. L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique estime que Québec doit ainsi interdire toutes les opérations de fracturation sur son territoire.

Pas question, a répété mardi le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet. « Dans le cas d’Anticosti, non seulement il doit y avoir cueillette de données scientifiques sur le potentiel et les enjeux spécifiques à cette formation géologique, mais le gouvernement sera carrément dans les bottes des promoteurs, y étant lui-même associé », a-t-il répondu par courriel.

« Il n’est pas exact de dire que l’entièreté de l’île d’Anticosti est un joyau environnemental, a-t-il aussi dit en entrevue à la radio. Il y a un important problème environnemental », a ajouté le ministre en évoquant la « surpopulation de chevreuils » sur l’île. Selon ce qu’il fait valoir, le « contexte géologique et démographique » d’Anticosti est par ailleurs « complètement différent » de celui de la vallée du Saint-Laurent, une région agricole qui est aussi « densément peuplée ».

Interpellée par le chef libéral Philippe Couillard au cours de la période des questions à l’Assemblée nationale, Pauline Marois a par ailleurs défendu la décision du gouvernement d’investir dans l’exploration pétrolière sur la plus grande île du Québec. « Je crois que nous devons nous assurer que, s’il y a là un potentiel, il puisse être exploité, a-t-elle lancé. Nous allons donc faire raisonnablement une démarche solide, où nous allons appliquer les critères les plus exigeants en matière de protection de notre environnement, en matière scientifique et, s’il y a du pétrole, ce sont les Québécois qui en sortiront gagnants. »

Le risque financier que prend le gouvernement est trop important, a répliqué M. Couillard. Citant un rapport qui évoque le caractère « très hypothétique » du potentiel pétrolier d’Anticosti, il a jugé que l’investissement de l’État est « précoce ». « Le gouvernement du Québec, ce n’est pas une société de capital de risque. Il y a des sociétés qui remplissent ce mandat-là. Ce n’est pas aux contribuables à le faire. »
Avec Marco Bélair-Cirino


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