Gouin: la partielle qui est plutôt une générale

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«On peut voir se dessiner ce que sera la stratégie électorale du gouvernement libéral pour 2018. On couvrira d'un verni progressiste sociétal une politique économique droitière.»

Gouin sera bientôt le lieu d'une élection partielle. Généralement, les élections partielles n'intéressent que très peu les électeurs hors du comté ou même vivants dans le comté. Pourtant, cette fois, cette partielle réussit à intéresser au niveau national. Sentant cet intérêt, qu'on ne peut encore qualifier d'engouement, et étant moi-même résident et donc électeur de ce comté, j'ai résolu d'écrire mes observations ainsi que mes réflexions sur cette campagne qui débute, dans l'espoir que cela puisse intéresser, voir même en éclairer quelques-uns.

J'ai déjà écrit un papier sur mes premières impressions face à la double candidature de Gabriel Nadeau-Dubois au porte-parolat de Québec Solidaire ainsi qu'à la députation du comté et ces impressions n'ayant pas changé, je ne reviendrai pas, pour le moment, sur le sujet. C'est surtout de l'attention inhabituelle que reçoit cette partielle des observateurs politiques. Peut-être précèdera-t-elle celle des électeurs, MAIS aussi des appareils politiques eux-mêmes?

À première vue, l'intérêt (ou son manque) s'explique par la présence de candidats vedettes. Ce sera aussi la première fois que l'enracinement local de Québec Solidaire sera mis à l'épreuve. Ainsi, si Gabriel Nadeau-Dubois l'emporte, cela pourrait révéler un attachement au parti, et non pas seulement à la figure charismatique de Françoise David. Quoique le choix de GND, figure providentielle, devant l'Éternelle, ressemble à un aveu de la formation de gauche à la personnification. Ce comté ne serait toujours pas certain. QS doit y présenter des visages connus pour s'y maintenir.

Ce semble d'autant plus un aveu, que le Parti québécois avait déjà annoncé qu'il ne comptait pas tenter de reprendre cet ancien château fort de la Péquisterie montréalaise. On peut donc se demander pourquoi Québec Solidaire a décidé d'abattre cette carte maîtresse dans un comté où son principal adversaire a décidé de ne point paraitre? Après tout, la formation indépendantiste plus à gauche pouvait compter sur un report de voix de la formation indépendantiste moins à gauche. À moins que la convergence depuis longtemps prêchée par Jean-François Lisée - et depuis récemment par GND - ne passe pas les portes des «bunkers» politiques jusqu'aux militants des deux partis.

Il n'y a pas que QS qui semble afficher une faiblesse. C'est aussi le cas du Parti québécois. Certes, on peut voir le geste de Jean-François Lisée, lorsqu'il décide de ne pas présenter de candidat, une démonstration de bonne volonté, un petit sacrifice sur l'autel de la convergence. Sauf, qu'on s'explique mal. Comment ce dernier, qu'on nous dit brillant, compte-t-il converger - et donc négocier les conditions de cette convergence - s'il abandonne complètement ce qui pourrait lui donner un rapport de force? Ce renoncement semble n'être justement que cela; un renoncement. À moins que, sûr de sa force, le leader péquiste se croie dispensé d'avoir à agir fermement et qu'il puisse se permettre la douceur face à une formation dont les membres ne l'aiment pas beaucoup depuis sa campagne à la chefferie. Machiavel conseillait au Prince de choisir d'inspirer la crainte plutôt que l'amour.

Quoi qu'il en soit, cette élection partielle nous permettra d'entrevoir comment la convergence se mettra en place, ou non, en vue des élections générales.

Enfin, la dernière vedette à entrer en liste, le Parti libéral l'a trouvé en son président de son aile jeunesse: Jonathan Marleau. Je dis vedette, mais il faut avouer que monsieur Marleau est très loin de la notoriété de son adversaire principal: GND. Qui ne fut pas toujours son adversaire puisque Jonathan Marleau était lui aussi un «carré rouge» lors du mouvement historique de 2012. C'est d'ailleurs cet aspect que je veux aborder brièvement avant de terminer ce texte en voie de devenir trop long: Marleau est un ancien «carré rouge» dans un parti qui a voulu la hausse et contre lequel s'est bâti le mouvement. Ce parti envoie donc, 5 ans plus tard, un «carré rouge» contre l'archi-carré-rouge.

On peut voir se dessiner ce que sera la stratégie électorale du gouvernement libéral pour 2018. On couvrira d'un verni progressiste sociétal une politique économique droitière. On rendra «cool» une doctrine ringarde. Le Parti libéral veut ratisser large. Il opposera au Parti québécois: la stabilité, à la CAQ: l'ouverture et face à QS; un verni progressiste. Le grand mariage de Hayek et de Crenshaw.

Cette partielle intéresse, car elle est, en fait, la générale. Il s'agit de la grande générale avant le grand soir.

Squared

Marc Simard19 articles

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L'auteur enseigne l'histoire au Collège François-Xavier-Garneau.
Auteur de "Les éteignoirs - Essai sur le nonisme et l'anticapitalisme au Québec", publié aux Éditions Voix Parallèles





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