Agence QMI Elizabeth Thompson - OTTAWA – On leur avait dit qu’ils partaient en voyage au Canada, mais John James Rowley, le grand-père du chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, n’a pas tardé à découvrir la triste vérité.
Comme des milliers d’autres enfants (les Petits immigrés anglais), il avait été envoyé au Canada pour servir de main-d’œuvre à bon marché sur une ferme.
Aujourd’hui, Gilles Duceppe compte parmi les parlementaires canadiens qui demandent au gouvernement de suivre l’exemple de l’Australie et de s’excuser auprès des 100 000 Petits immigrés anglais qui, comme son grand-père, ont été envoyés au Canada, ainsi qu’à leurs descendants estimés à quatre millions de personnes.
«Qu’y a-t-il de si difficile à s’excuser?», a demandé le chef du Bloc en comparant le traitement réservé à ces enfants à de l’esclavage. «J’espère qu’ils ne nous dirons(sic) pas qu’ils ignoraient ce qui s’est passé pendant un siècle.»
Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Jason Kenney, n’a pas l’intention de s’excuser, mais il appuiera une motion d’initiative parlementaire visant à décréter 2010 l’année des Petits immigrés anglais – avec timbre commémoratif à l’appui.
Gilles Duceppe passait beaucoup de temps avec son grand-père à regarder la boxe et le Ed Sullivan Show, mais ce n’est qu’après sa mort en 1971 qu’il a appris la vérité sur son passé.
«Quand j’en parle avec mes amis juifs, ils me disent la même chose à propos de leurs parents qui refusaient de discuter de ce qu’ils avaient vécu au cours de la Deuxième Guerre mondiale. C’était la même chose avec mon grand-père. Pour lui, sa vie a commencé ici.
«Il est né à Soho en 1895, à l’époque où Soho n’était pas encore un quartier chaud. Ça faisait davantage penser à Dickens qu’aujourd’hui, explique-t-il. Il est devenu orphelin parce que son père est mort d’alcoolisme et que sa mère s’est jetée dans la Tamise.» Le jeune Rowley avait alors été envoyé chez la famille Leduc pour travailler sur leur ferme à l’ouest de Montréal. Il ne parlait pas français, mais heureusement pour lui, sa mère adoptive parlait anglais.
Bien que son grand-père ait été traité avec respect chez les Leduc, Duceppe est conscient qu’il fait partie des chanceux.
«Je sais que ça ne s’est pas aussi bien passé avec tous les immigrés anglais.» Le chef du Bloc québécois reconnaît également que ses origines britanniques risquent d’en surprendre plus d’un.
«Il y en a qui le savent parce qu’ils m’écrivent. Au tout début, je m’étais même fait accuser d’être en colère contre le Canada à cause de ce qui est arrivé à mon grand-père.
«Au contraire, je suis très solidaire envers les gens qui ont eu une vie semblable à la sienne.»
Petits immigrés britanniques
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